Les Coptes, l’histoire tourmentée des descendants des Pharaons en Egypte

Les Coptes sont une minorité discriminée et persécutée au sein de la république arabe d’Egypte, et souvent présentés comme les chrétiens du pays et les descendants des anciens Egyptiens vivant encore sur le territoire. Mais sur quelle base leur prête-t-on cette ascendance ? Et si les Coptes sont effectivement les descendants des Egyptiens de l’époque pharaonique, quel est leur lien avec les autres Africains ?

C’est de ce peuple et son histoire mouvementée, son calvaire même, depuis 2700 ans, dont il est question dans cet article.

Hommes coptes à la fin du 19e siècle. Ils sont ici déjà métissés mais leur ascendance noire est bien visible.
Librairie du Congrès des Etats Unis

Le déclin de la civilisation pharaonique

Les origines de la population dénommée Copte remontent au 7è siècle avant l’ère occidentale. On se situe à cette période à la dite Basse Epoque, la période où l’Egypte pharaonique entame son déclin définitif. Les Assyriens ayant lancé une série de conquêtes victorieuses sur le pays, ils profitent des dissensions et des mésententes au sein de l’empire pharaonique pour l’attaquer et le prendre.

Menées par Assourbanipal, les attaques de l’Assyrie vont déboucher sur la mise à sac et le pillage de la ville de Ouasè (Thèbes) en -663. La destruction de la ville la plus sainte de l’histoire africaine, dans des effusions de sang, va précipiter l’Egypte noire vers sa fin.

En -525, les Perses emmenés par Cambyse, vont à leur tour faire irruption sur le territoire des Pharaons. C’est au milieu de ces conflits contre les Perses que régnera le dernier pharaon autochtone Sendjemibré (Nectanébo II). L’Égypte, vaincue une bonne fois pour toute par les Perses, sera jusqu’à nos jours perdue pour les Noirs.

Les Perses seront évincés en 332 avant notre ère par Alexandre de Macédoine, dit Alexandre le Grand et ses hommes. Il inaugure la période grecque de l’Egypte, dite ptolémaïque et choisit comme capitale la ville pharaonique de Rakoti, qu’il rebaptisera Alexandrie. La période ptolémaïque s’achève avec la prise du pays par les romains en -33. l’Egypte devient à ce moment une province de l’empire romain.

Tapisserie copte du Musée Copte du Caire. On voit ici un aperçu de ce à quoi ressemblaient les premiers Coptes

Ces envahissements et agressions successifs, souvent avec des actes atroces, pousseront les Egyptiens à fuir la Vallée du Nil pour s’installer ailleurs en Afrique. C’est ainsi que de nombreux peuples sur le continent sont descendants des Egyptiens (Soninké, Malinké, Wolof, Sérère, Peul, Akan, Yoruba, Haoussa, Bassaa, Bamiléké, Bamoun, Fang, Zulu etc…).

La naissance des Coptes

Pendant que les ancêtres de plusieurs peuples africains ont préféré quitter les bords du Nil pour aller vers d’autres endroits du continent, d’autres sont restés en Egypte et ont choisi de lutter contre les pouvoirs occupants. Ce sont là les ancêtres des coptes.

Cette analyse permet d’arriver à ces conclusions certaines : les Coptes sont les Egyptiens de la période du déclin de la civilisation pharaonique. Ils étaient à l’origine des populations noires comme leurs ancêtres. Mais ils ont fini progressivement par être métissés en partie, suite aux invasions et occupations récurrentes de l’Égypte, par des peuples à peau claire (Perses, Grecs, Romains, Arabes, Turcs). C’est pourquoi les Coptes sont les descendants du peuple pharaonique.

Portrait d’un homme copte momifié, retrouvée dans la région du Fayoum. Les traits ne laissent aucun doute sur ses caractéristiques métissées

C’est ce qu’a confirmé le comte de Volney après avoir visité l’Egypte et y avoir vu les Coptes. Dans Voyage en Egypte et en Syrie, il dit au sujet des coptes :

«Les Coptes sont donc proprement les représentants des Egyptiens et il est un fait singulier qui rend cette acception encore plus probable. En considérant le visage de beaucoup d’individus de cette race, je lui ai trouvé un caractère particulier qui a fixé mon attention : tous ont un ton de peau jaunâtre et fumeux, qui n’est ni grec, ni arabe ; tous ont le visage bouffi, l’oeil gonflé, le nez écrasé, la lèvre grosse ; en un mot, une vraie figure de Mulâtre (Mulâtre était autrefois un péjoratif pour désigner les métisses).

J’étais tenté de l’attribuer au climat, lorsqu’ayant visité le Sphinx, son aspect me donna le mot de l’énigme. En voyant cette tête caractérisée de nègre dans tous ses traits, je me rappelais ce passage remarquable d’Hérodote, où il dit « Pour moi, j’estime que les Colches sont une colonie des Egyptiens, parce que, comme eux, ils ont la peau noire et les cheveux crépus », c’est à dire que les anciens Egyptiens étaient de vrais nègres de l’espèce de tous les naturels de l’Afrique».

Comte de Volney

Volney nous dit ici qu’en ayant vu les Coptes et ayant comparé leurs traits à ceux du sphinx, qui n’était pas aussi détruit qu’il l’est de nos jours, il se souvient de ce que l’historien grec de l’antiquité Hérodote avait écrit au sujet des Egyptiens, et il a compris que le peuple pharaonique était un peuple noir et que les Coptes, au vu de leurs traits caractéristiques métissées, possédaient cette ascendance noire de l’ancien peuple pharaonique.

L’origine du mot Copte

Les recherches scientifiques permettent aujourd’hui de savoir que le mot ‘‘copte’’ (qbt) est une déformation par les Arabes du mot grec Aigyptos. Ce terme Aigyptos est le mot que les Grecs utilisaient pour appeler d’abord la ville pharaonique de Men Nafooré (Memphis), puis généralement le pays et les populations autochtones (populations noires) qu’il y ont vues.

Ce terme Aigyptos dérive lui meme de Hout Ka Ptah qui signifie en langue pharaonique le Château où réside le Ka du dieu Ptah (divinité tutélaire de la ville de Men Nafooré). C’est ce terme Hout Ka Ptah qui donnera en grec les mots Aigyptos, puis les termes d’aujourd’hui Egypte et Egyptien, et aussi le terme Copte.

Le terme copte vient donc à l’origine des Grecs et sert à désigner les populations autochtones des bords du Nil. Un copte est donc étymologiquement à l’origine un égyptien authentique, un autochtone noir. Par la suite, ce mot a servi à designer à la fois les descendants des autochtones, et leur orientation religieuse.

La langue et l’écriture des Coptes

Au vu de ce qui vient d’être expliqué, la langue copte est ce qui reste des langues autochtones de l’époque pharaonique. C’est la dernière phase de l’égyptien ancien en Egypte. La langue copte c’est donc de l’égyptien sur le territoire même, utilisée encore aujourd’hui comme langue liturgique. La langue copte, comme son ancêtre l’Egyptien, fait partie du groupe des langues négro-africaines et est donc apparentée aux autres langues noires d’Afrique.

Cette langue comporte diverses variantes dialectales que les chercheurs appellent en fonction des régions actuelles de l’Égypte : bohaïrique, sahidique, fayoumique, oxyrhynchite (ou moyen-égyptien), akhmimique, lycopolitain (ou subakhmimique).

Les caractères d’écriture utilisés pour retranscrire cette langue sont des caractères empruntés à l’écriture démotique (une forme de l’écriture pharaonique) et à l’écriture dite grecque. Or l’écriture dite grecque est une écriture dont les signes et caractères dérivent de l’écriture pharaonique, comme nous l’avons expliqué dans notre article sur les origines africaines de l’écriture.

La spiritualité pharaonique, spiritualité originelle des premiers coptes

Sur le plan religieux les Coptes sont connus pour être les chrétiens d’Égypte et les premiers chrétiens au plan historique. Ils sont présentés officiellement comme ayant été évangélisés par Saint Marc l’evangeliste. Mais la science et les recherches montrent que ces données sur Saint Marc viennent des écrits d’Eusèbe de Césarée et ne sont clairement pas fiables, au vu des nombreuses données qui existent sur l’histoire initiale des coptes.

Pour comprendre le phénomène religieux copte, écoutons les Coptes eux mêmes. Le savant copte Sarwat Anis Al Assiouty qui a fait un travail remarquable sur la question nous dit dans le tome II de son livre intitulé : Recherches comparées sur le Christianisme primitif et l’Islam premier, pages 49 et 50, que : «en 671 avant JC, les Assyriens envahissent l’Egypte. Les Egyptiens résistent farouchement, des combats sanglants se déroulent. Memphis est pris d’assaut. Thèbes succombe en 663. Les Assyriens écorchent vifs les résistants égyptiens et couvrent les murailles de leurs peaux. Mais en 651, Psammetique 1er, fondateur de la 26 ème dynastie, repousse définitivement les assyriens et l’Egypte de leur Joug.

C’est a la suite de cette guerre meurtrière, qui a causé tant de malheurs, que les égyptiens sous la 26eme dynastie, propagent le culte humaniste et universaliste d’Isis et en font graduellement le culte dominant, tant en Egypte qu’a l’étranger, dans le but de faire régner la paix et la fraternité dans le monde. Les dominations perse, macédonienne et romaine ne font qu’accroitre, au cours des siècles, les souffrances du genre humain.

Partout le peuple s’appauvrit, le nombre d’esclaves augmente, les femmes et les enfants sont écrasés sous le poids de l’injustice. Le culte d’Isis porte un remède a ces maux, un message aux souffrants, un avertissement aux oppresseurs »

Pour nous expliquer le phénomène religieux copte, Sarwat Anis Al Assiouty remonte plus loin dans le temps. Il nous ramène au 7eme siècle avant l’ère occidentale, à cette époque que nous avons décrite plus haut (la Basse Époque), période où la civilisation pharaonique tombait en décadence.

Il nous explique qu’à cette époque d’agressions, de violences, et de barbarie de la part des envahisseurs étrangers qui convoitaient ses trésors, les Égyptiens de cette époque (donc les premiers Coptes) ont décidé de faire la promotion pacifique du culte d’Asita, Aissata, Isis en Egypte même et à l’étranger, afin de ramener la paix dans le monde et mettre fin au cycle de la haine et de la guerre dans lequel le monde de l’époque s’enlisait déjà.

Ainsi les premiers Coptes puisque adeptes du culte d’Isis, étaient donc des pratiquants de l’antique spiritualité pharaonique dans un contexte de crise complète en Egypte.

Aïssata Setkem Mari-Ama (Isis la femme noire, aimeé de Dieu), allaitant son fils Horo (Horus)

Sarwat Anis Al Assiouty poursuit dans l’ouvrage du meme nom, aux pages 61 et 62 que : « Dans le domaine social, le culte d’Isis est imbu de l’idée de Maat, principe de justice, qui instaure l’égalité et libère les opprimés, principe si cher au christianisme.

Dans le domaine du rituel citons la régénération par le baptême dans le culte d’Isis, ou l’initié meurt pour son ancienne vie et renait dans la foi nouvelle ; l’usage de l’eau, principe de régénération, sans laquelle périraient plantes, animaux et hommes, dans l’aspersion des fidèles durant les rites d’Isis, …. ; la confession publique des péchés dans les temples isiaques ; le repas sacramentel en commun qui achève l’initiation au culte d’Isis ;…Viennent ensuite les mystères de l’incarnation du dieu fait homme (c’est à dire Osiris) , mort pour la rédemption des hommes, puis sa résurrection d’entre les morts, qui assure la survie aux êtres humains. »

Ainsi l’essentiel des rites et concepts qu’on retrouve plus tard dans le Christianisme (baptême, communion, confession, résurrection, etc..) étaient des rites qui étaient déjà connus et pratiqués depuis des millénaires par nos ancêtres égyptiens.

Voila pourquoi l’égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt disait dans son ouvrage Le Fabuleux Héritage de l’Egypte page 286, que « depuis les origines, l’Égypte laissait entrevoir les aspects précurseurs de la pensée chrétienne ». Les premiers coptes ne faisaient que perpétuer cet héritage ancestral à travers le culte d’Isis.

Par leur prosélytisme pacifique ainsi que par l’idéal de justice (Maât) qu’ils défendaient, les Coptes ont réussi à s’attirer la sympathie des couches populaires et pauvres (les plus nombreuses) en Asie de l’ouest et en Europe. C’est ainsi que les premiers Coptes réussissaient à diffuser au cours des siècles ces principes du culte d’Isis et en ont fait le culte le plus populaire dans le monde méditerranéen de l’époque.

Fresque d’Herculanum datée d’entre le Ier et le IIIeme siècle. Elle se trouve au Musée archéologique de Naples en Italie actuelle. On y voit les prêtres d’Isis (les Noirs) présidant une cérémonie du culte d’Isis, et apprenant le culte d’Isis aux Européens en pleine période romaine.
Fresque du Musée Copte du Caire . Elle est datée à -310. On y voit le prêtre copte Issa et ses compagnons. Issa prêchait l’animisme copte (Culte d’Isis) en Asie de l’ouest (Proche-Orient). Il fut persécuté, torturé et tué.

Le calvaire des coptes

Les pouvoirs en place dans les contrées où ils allaient, voyaient les Coptes comme une menace pour leurs intérêts. Le succès de leurs idées et leur culte auxquels adhéraient les masses étaient perçus comme une menace pour les cultes officiels en vigueur dans ces pays.

C’est ainsi que les Coptes devinrent très vite des cibles et des victimes de persécutions (arrestations, meurtres, condamnations, tortures, supplices), de de la part des pouvoirs en place selon les époques.

Ces persécutions se faisaient d’autant plus que l’Égypte en crise, dominée par les peuples étrangers, affaiblie et déclinante ne faisait plus peur à personne comme autrefois. Mais malgré toutes les persécutions, le culte d’Isis est resté dominant et débout jusqu’à l’avènement l’empire romain.

Sous l’empire Romain

Avant la naissance du Christianisme

Avant d’envahir l’Égypte, l’empire romain grandissant combattait déjà tous les cultes étrangers au sein de l’empire, y compris les adorateurs d’Isis, pour imposer le culte impérial romain. C’est ce que nous révèlent Jean Leclant et Gisèle Clerc dans l’ouvrage Inventaire bibliographique des Isiaca, page 127 : « Avant de s’imposer à Rome, le culte isiaque fut en butte aux attaques officielles. A plusieurs reprises en -59, -58,-53, -48 le Sénat avait donné l’ordre de détruire les autels et les statues ».

En -33 quand Rome envahit l’Égypte, cette politique de destruction et d’éradication du culte isiaque va se poursuivre. Mais le culte d’Isis se maintiendra malgré tout. Voilà pourquoi Apulée, un auteur des premiers siècles de l’ère occidentale, dans son livre intitulé l’Ane d’or ou les Métamorphoses, montre qu’à son époque (l’époque romaine), le culte d’Isis est implanté un peu partout dans le monde et dans tout l’empire romain. C’est pourquoi il fait parler Isis en ces termes :

«Je suis la Nature, mère de toutes choses, maîtresse des éléments, principe originel des siècles, divinité suprême, reine des Mânes, la première entre les habitants du ciel, type universel des dieux et des déesses. L’Empyrée et ses voûtes lumineuses, la mer et ses brises salubres, l’enfer et ses silencieux chaos, obéissent à mes lois: puissance unique adorée sous autant d’aspects, de formes, de cultes et de noms qu’il y a de peuples sur la terre. (2) Pour la race primitive des Phrygiens, je suis la déesse de Pessinonte et la mère des dieux; le peuple autochtone de l’Attique me nomme Minerve Cécropienne.

Je suis Vénus Paphienne pour les insulaires de Chypre, Diane Dictynne pour les Crétois aux flèches inévitables. Dans les trois langues de Sicile, j’ai pour nom Proserpine Stygienne, Cérès Antique à Éleusis. (3) Les uns m’invoquent sous celui de Junon, les autres sous celui de Bellone. Je suis Hécate ici, là je suis Rhamnusie. Mais les peuples d’Éthiopie (l’Afrique), de l’Ariane et de l’antique et docte Égypte, contrées que le soleil favorise de ses rayons naissants, seuls me rendent mon culte propre, et me donnent mon vrai nom de déesse Isis ».

A l’époque romaine, lorsque les premiers écrits chrétiens historiques apparaissent au premier siècle de l’ère actuelle sous l’impulsion de Paul de Tarse, c’est le culte d’Isis et ses idées qui dominent dans le monde méditerranéen. Ceci permet de comprendre comment Paul, en guerre lui-même contre le culte d’Isis, à pu plagier les idées pharaoniques du culte d’Isis pour écrire les premiers textes chrétiens.

Rome qui domine à cette époque tente de freiner cette dynamique Isiaque. Mais les Coptes et autres adorateurs d’Isis nombreux dans l’empire romain résistent pacifiquement. Les terribles persécutions se poursuivront encore contre les adorateurs d’Isis dans tout l’empire romain durant les premières siècles de l’ère occidentale.

Ainsi parmi les pratiquants du culte d’Isis, beaucoup de Coptes (donc d’égyptiens autochtones) ont été persécutés, livrés aux animaux dans des arènes romaines de l’époque, tués et beaucoup d’entre eux ont versé leur sang en raison de leur attachement aux valeurs africaines héritées de l’Égypte ancienne. Les persécutions les plus violentes furent celles de l’empereur romain Dioclétien.

Statue de Maurice d’Agaune, appelé encore Saint Maurice, dans la cathédrale de Magdeburg en Allemagne. Un copte originaire de Thèbes en Egypte, enrolé de force avec ses compagnons égyptiens dans les légions romaines. Il fut persécuté et tué au IIIeme siècle sous l’empereur romain Dioclétien car il refusa de tuer en raison de ses convictions religieuses

Les persécutions, barbaries et terreur des Romains ne faisant toutefois pas disparaître le culte d’Isis, Rome va changer de stratégie pour maintenir son pouvoir et le contrôle de son empire. Rome va donc reprendre à son compte les idées du culte d’Isis ainsi que les textes écrits par Paul de Tarse pour créer la nouvelle religion officielle de l’Empire, le christianisme. Cette naissance du christianisme et de ses dogmes va être entérinée en 325 de l’ère actuelle durant le concile de Nicée sous l’empereur romain Constantin .

l’Empereur Romain Constantin. C’est sous ses ordres que le Christianisme naitra réellement et sera officialisé au 4e siècle

Au moment où tout cela cela se passe à Rome, l’égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt nous explique ce qui se passe en Égypte chez les coptes. Elle nous dit dans son ouvrage intitulé le Fabuleux Héritage de L’Egypte page 297 qu’en Egypte « le peuple vénérait la grande Isis, mais continuait aussi a réserver tous ses espoirs à la divine et complète famille osirienne : dieu père, Isis la mère et Horus l’Enfant , né d’un miracle, héritier de l’ancestrale théogamie. »

la trinité et la sainte famille osirienne: dieu la mère (Aïssata (Isis)), dieu le père (Ousiré (Osiris)), dieu le fils (Horo (Horus))

Ainsi les Coptes au moment de la naissance du christianisme au 4eme siècle n’étaient pas chrétiens en réalité au départ, mais plutôt pratiquants de la spiritualité pharaonique. Les appeler premiers chrétiens au sens du christianisme comme le fait l’information officielle relève tout simplement d’une falsification visant à cacher que c’est leur spiritualité ancestrale africaine qui a été plagiée et déformée pour créer le christianisme.

Après la naissance du christianisme

Après la naissance du christianisme, Rome organise l’église, nomme et affecte les premiers guides religieux chrétiens (papes, patriarches, évêques), qui sont tous alliés au pouvoir romain, organise et contrôle les conciles de façon à harmoniser la doctrine et les dogmes. Ces conciles servent aussi à ce que la nouvelle religion serve les intérêts du pouvoir romain.

Dans le christianisme, Rome fera par exemple en sorte que la figure patriarcale du père tout puissant remplace la figure maternelle de premier plan vénérée dans l’antique culte d’Isis. Cette figure maternelle sera reléguée au second plan sous les traits de la vierge Marie. L’idéal de révolution et de justice sociale défendu par les adeptes du culte d’Isis qui réclamaient la justice ici bas pour tous, et qui luttaient pacifiquement contre l’oppression va être transformé en idéal céleste.

Autrement dit il ne faudra plus espérer la justice en ce monde, mais plutôt accepter l’injustice du pouvoir romain sur terre et attendre pour aller vivre la justice dans l’au-delà au paradis auprès du Créateur.

Les Coptes (comme tous les pratiquants du culte d’Isis) ainsi que leurs initiés et guides religieux vont être désormais qualifiés d’hérétiques de païens, etc… par Rome. Par ces manœuvres, le pouvoir romain et ses affidés poursuivaient leur logique visant à la disparition de l’antique religion pharaonique. Il fallait la faire disparaître pour que le christianisme puisse prospérer réellement. Pourquoi ? Parce que quand les affidés du pouvoir romain prêchaient le christianisme comme nouvelle religion, parlaient de la résurrection, du baptême, etc les couches populaires au sein de l’empire romain n’adhéraient pas automatiquement au christianisme car elles reconnaissaient dans ces thèmes chrétiens les divers thèmes et rites du culte pharaonique qu’elles pratiquaient déjà.

Le culte d’Isis déclaré culte païen et hérétique fut donc interdit officiellement par Rome en 391. C’est ainsi que les visions et idées des adeptes du culte d’Isis, les idées des Coptes, inspirées de l’antique religion africaine de l’époque pharaonique, combattues autrefois pour imposer le culte romain, seront combattues et proscrites encore dans des conciles ou sous la plume des nouveaux auteurs chrétiens dans des querelles théologiques interminables.

Les écrits coptes seront proscrits, déclarés apocryphes (ce qui signifie cachés) et les Coptes seront encore victimes de terribles persécutions religieuses et de multiples tueries sous des empereurs romains comme Valens, Marcien, Leon I. La situation des Coptes ne s’améliorera donc pas sous l’empire romain d’Orient (Empire Byzantin).

Les temples où les Coptes pratiquaient le culte d’Isis seront progressivement fermés, détruits ou transformés de force en église. Ainsi c’est sous la violence, le fer, le feu et la barbarie romaine que le Christianisme, religion créée par Rome, est entré en Afrique, en Égypte en particulier.

Les Coptes fatigués de souffrir de toutes sortes de persécutions au cours des siècles, sont contraints de se soumettre au christianisme sous peine de disparaître. L’église copte naîtra réellement en 451 de l’ère actuelle, soit au 5ème siècle, après le concile de Chalcédoine.

Mais les coptes, derniers des derniers sous l’empire romain d’Occident et l’empire romain d’Orient (Byzance), n’étaient pas au bout de leurs peines, car après avoir consenti à tous ces sacrifices pour avoir un peu de paix, l’Égypte va passer sous domination arabo-musulmane après la chute de l’empire romain d’Occident.

Sous l’ère arabo-musulmane

Venus d’Asie de l’ouest, les Arabes entrent en Afrique et envahissent l’Égypte en 639, puis le reste de l’Afrique du nord au cours des décennies suivantes. Après les Romains, les Coptes vont se retrouver aux prises avec les Arabes. Les troupes arabes vont piller et soumettre l’Egypte. Les Coptes seront traités de païens, d’infidèles, de mécréants, de Kafir, etc… puisque ceux ci n’étaient pas musulmans.

Les Coptes qui avaient lutté et beaucoup souffert de la violence du christianisme, seront sommés cette fois-ci, de se convertir à l’Islam sous peine de souffrir de nouveau. Parce que non musulmans, ils seront soumis à des statuts infamants et infériorisants comme celui de la dhimmitude.

Sur leur propres terres, les Coptes vont être expropriés, leurs biens seront confisqués, et ils seront forcés de payer des taxes arbitraires (ex : la taxe Al Jizia). Beaucoup seront réduits en esclavage par les Arabes et vendus. Victimes encore d’exaction, eux les autochtones vont devenir, des sans droits ni titre, des parias sur leurs terres.

Leurs temples ancestraux transformés en églises sous la pression du christianisme et de Rome seront détruits, brûlés ou transformés en mosquées selon les époques. Ils vont subir toutes sortes de sévices, de répression et de persécutions au cours des siècles.

C’est au cours de ces persécutions religieuses que très probablement le nez du Sphinx a été détruit pour la première fois. L’islamiste radical Sa’im al-Dahr aurait détruit le nez en 1378. Les Coptes qui faisaient encore des cultes au Sphinx ont arrêté Sa’im al-Dahr, puis l’ont pendu et brûlé.

Les coptes résistent, s’exilent, fuient vers le Soudan, mais tous ces mauvais traitements et ces abus au cours des siècles vont forcer beaucoup aussi à se convertir à l’islam, espérant ainsi échapper à l’enfer qu’ils vivent.

Les conversion de coptes à l’islam commencent vers le 10e siècle et s’accentuent durant la période de domination des Mamelouks, qui étaient des hommes blancs mis en esclavage par les Arabes et islamisés, et qui avaient fini par prendre le control de l’Egypte. C’est en raison de ces conversions de Coptes à l’Islam (donc en musulmans) que le terme copte ne va finir par désigner que ceux des Coptes qui sont restés chrétiens.

Après le 14ème siècle les coptes commencent à devenir progressivement minoritaires en Égypte même. Cette diminution de la population copte (donc chrétienne) va se poursuivre sous les périodes suivantes de domination de l’Égypte, la période ottomane notamment.

On voit comment tous ces événements malheureux sur des siècles vont contribuer à réduire considérablement la population copte majoritaire au départ et en faire une minorité de nos jours, dans ce qui est appelé la république arabe d’Égypte. Ce sort des Coptes au cours des siècles a inspiré cette phrase à l’ancien pape des coptes, le Pape Shenouda III:  « L’Egypte n’est pas la terre natale dans laquelle nous vivons, mais la terre natale qui vit en nous ».

L’ancien pape de l’église copte orthodoxe d’Égypte, le pape Shenouda III entouré de quelque uns de ses hommes d’Église.

Ainsi la transformation des Coptes (les Egyptiens pharaoniques de la phase du déclin), en minorité chrétienne en Égypte de nos jours, s’explique :

Par les différentes invasions et dominations de l’Égypte par les conquérants étrangers

Par les multiples massacres et abus de ces pouvoirs occupants

Par les conversions massives des Coptes à l’Islam sous les pressions des arabo-musulmans.

La conservation de l’héritage pharaonique des coptes

Cependant comme beaucoup de peuples ayant été forcés à adopter des religions et des coutumes qui n’étaient les leurs, les coptes restés chrétiens ont développé malgré les siècles de violence de la part des Romains et des Arabo-musulmans, un syncrétisme, c’est-à-dire un mélange entre leur spiritualité originelle (culte d’Isis et d’Osiris) et le Christianisme. Ce syncrétisme donne aujourd’hui encore un Christianisme copte où les Coptes notamment:

Déifient les patriarches coptes en leur donnant le même statut que celui donnés autrefois aux pharaons.

Reprennent officiellement la Bible (puisque leurs vrais textes, les écrits coptes furent interdits) et interprètent les textes qui figurent dans la Bible, dans un sens qui s’accorde à leurs idées inspirées des valeurs de l’Égypte ancienne

Transforment l’attachement antique à Isis en un attachement à la Vierge Marie

Conservent le culte de leurs ancêtres morts en martyrs lors les horribles persécutions, à travers un calendrier appelé le calendrier des martyrs et des saints de l’église copte. La date de début de ce calendrier à été fixée par les coptes à une année un règne de l’empereur romain Dioclétien dont les persécutions contre les coptes ont été les plus violentes.

Conservent l’antique calendrier pharaonique comme calendrier liturgique. Les antiques fêtes religieuses célébrées au temps des pharaons deviennent des « fêtes chrétiennes » avec plusieurs rites d’origine pharaonique.

Conservent leur langue d’origine africaine pharaonique (le copte) comme langue liturgique.

Photo prise lors des funérailles de l’ancien pape des coptes Shenouda III. On voit son corps exposé non pas couché, mais dans une position assise. On retrouve cette facon d’exposer le corps du défunt en Afrique de l’Ouest encore de nos jours (ex: Ghana, Cote d’Ivoire, Togo, Bénin, Nigéria). Le corps est dans un dans un siège (avec deux lions) , un trône qui rappelle étrangement les deux lions ou les têtes de lions qui ornaient souvent certains des trônes pharaoniques comme le trône doré du pharaon Tuanga Imana (Toutankhamon) par exemple.
La célèbre croix Ankh de l’époque pharaonique, au sommet d’une église copte en Égypte actuelle. 

Les Coptes, en lutte pour leur survie

Aujourd’hui les Arabes d’Égypte poursuivent la logique d’appropriation du pays. Cette logique les entraîne à falsifier l’histoire de la civilisation pharaonique, commencée par l’Occident à travers la naissance de l’Égyptologie.

C’est cette logique d’appropriation de l’Égypte qui pousse les Arabes d’Égypte actuels, à faire comme si les Coptes n’existaient pas, et se proclamer descendants des pharaons alors que l’histoire et la science révèle que leurs ancêtres sont venus d’Arabie pour entrer en Égypte en 639, c’est-à-dire un moment ou la civilisation pharaonique avait pris fin depuis plusieurs siècles.

Cette logique d’appropriation de l’Égypte pousse les Arabes d’Égypte à mépriser et discriminer les Coptes ainsi que les autres populations noires autochtones d’Égypte qui leurs sont apparentées, et qui peuplent encore l’essentiel du sud de l’Égypte de nos jours. Ces populations noires sont avec les Coptes en Égypte actuelle, ce qui reste de l’ancien peuple pharaonique de nos jours.

Les Arabes appellent souvent ces populations Nubiens, essayant de sous entendre ainsi que les anciens égyptiens n’étaient pas noirs et que par conséquent ces populations noires très présentes au sud de l’Égypte ne sont pas descendants des autochtones d’Égypte, mais plutôt des descendants des anciens Nubiens du fait de leur teint noir.

Noirs d’Egypte actuelle en fête. Beaucoup de ces populations noires encore présentes en Égypte sont avec les Coptes en réalité, ce qui reste encore de l’ancien peuple pharaonique en Égypte même. Et tous les chercheurs le savent. Voila pourquoi très peu de reportages sont réalisés à leur sujet. Ils sont souvent appelés « Nubiens » alors qu’ils sont en Égypte, sur leur terre ancestrale.

Et souvent même, le gouvernement de l’Égypte actuelle en fonction de ses intérêts se tait et ferme souvent les yeux, sur toutes les agressions et les injustices que ces populations vivent au quotidien de la part des extrémistes arabes.

Et pour revenir aux coptes, il faut savoir que malgré les apparences personne ne lève en réalité le petit doigt pour les secourir, les aider ou les défendre. Leur situation est difficile.

Façade d’une église copte attaquée et incendiée par des extrémistes arabes en Égypte actuelle. Ces attaques, ces attentats très meurtriers contre les Coptes et contre leurs lieux de culte, sont courants en Égypte.

Et aucune autorité des religions dites révélées (Judaïsme, Christianisme, Islam) ne les défend ou ne leur apporte un réel soutien, malgré les beaux discours télévisés sur l’unité et le dialogue interreligieux. Ni les autorités islamiques, et encore moins l’Église chrétienne héritière de Rome ne les aide, ne serait-ce qu’au nom de la «fraternité et de la charité chrétienne».

Cela peut vouloir signifier que l’idée d’une disparition des Coptes d’Egypte arrange dans un certain sens toutes ces autorités religieuses. En effet les Coptes puisque gardiens de l’héritage pharaonique, sont en Égypte actuelle les derniers témoins vivants pouvant révéler à la face du monde tous les plagiats de l’héritage pharaonique qu’ont réalisés les religions dites révélées. Pour cela l’existence des coptes constitue dans une certaine mesure, une menace pour ces religions et leur hégémonie dans le monde.

Le pape actuel de l’Église copte, le pape Tawadros II

Ce qu’il faut retenir de cet article :

  • Les Coptes sont les descendants directs des Egyptiens de l’époque pharaonique
  • Les Coptes sont avec des populations noires du sud de l’Egypte, les descendants des pharaons en Egypte
  • A l’origine noirs, les Coptes se sont métissés avec les nombreux occupants clairs de peau de l’Egypte
  • Les Coptes sont donc apparentés aux autres Africains
  • A l’origine pratiquants du culte d’Isis et Osiris, ils sont devenus chrétiens sous la violence de l’empire romain
  • Majoritaires en Egypte, les Coptes sont devenus minoritaires après les invasions étrangères et leurs violences, et les conversions de beaucoup à l’islam sous les pressions des Arabes.
  • Les Coptes ont malgré tout conservé plusieurs aspects de la culture ancestrale de l’Égypte ancienne. Leur Christianisme orthodoxe est fortement teinté d’éléments africains.
  • Les Coptes sont violemment persécutés pour transformer l’Egypte totalement en territoire arabo-musulman.
Les Coptes en train de protester contre les violences et persécutions qu’ils subissent

Hotep !

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction du texte de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama) 

Notes :

  • Magdi Sami Zaki, Histoire des Coptes d’Égypte
  • Christiane Desroches Noblecourt, le fabuleux héritage de l’Égypte
  • Comte de Volney, Voyage en Égypte et en Syrie
  • Gérard Viaud, La Liturgie des coptes d’Egypte et Pratiques populaires des coptes
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