Hegel, le philosophe raciste à l’origine de l’expression « Afrique subsaharienne »

“Le Nègre, comme on l’a déjà observé, se montre comme l’Homme au naturel, dans sa totale sauvagerie” Georg Wilhelm Friedrich Hegel, The Philosophy of History, page 111.

Afrique subsaharienne. Le découpage géographique du continent africain en une Afrique du Nord/Orient et une Afrique subsaharienne, passe généralement pour un fait admis voir naturel. Consciemment ou inconsciemment, il s’agirait de distinguer une Afrique blanche, arabo-musulmane et plus proche de l’Europe d’un côté, à une Afrique noire, véritable, de culture fondamentalement animiste de l’autre. On fait comme si ces deux Afriques, séparées par le désert du Sahara, ont toujours existé ainsi depuis les origines.  

Ce découpage a des conséquences jusqu’à aujourd’hui. On l’a vu avec la vague de racisme en Tunisie en 2023, où les courants extrémistes avaient décidé de chasser les « Subsahariens » et les renvoyer « chez eux », pour protéger la nature “arabo-musulmane” de la Tunisie.  

En fait, ce qui a motivé la création du terme Afrique subsaharienne par le philosophe allemand Hegel au 19e siècle, est un racisme comme on va le voir d’une extraordinaire violence, et qui prend ses origines à l’époque de la mise en esclavage des Africains par l’Occident.  

Hegel

Fin du 17e siècle  

Après 160 ans de résistance, une quinzaine de royaumes et empires africains opposés aux projets impérialistes et esclavagistes, sont finalement détruits par l’empire portugais. Un bon nombre d’autres Etats africains acceptent de vendre leurs prisonniers de guerre contre des armes à feu. Par conséquent, le nombre d’Africains arrivant en Amérique pour être mis en esclavage explose.

Dès lors les esclaves sont en grande majorité des Noirs. Maintenant Noir = Esclave.  

Or, comment continuer l’activité lucrative de mise en esclavage des Noirs, et leur traitement pire que celui des animaux, sans que cela ne pose un problème de conscience et de moral ? L’Occident répond en développant le racisme anti-noir moderne.  

Pour justifier la mise en esclavage des Noirs, il fallait donc les faire passer pour des sauvages absolus, des êtres démoniaques et sans valeur. Les philosophes de la renaissance européenne vont travailler dans ce but et établir la hiérarchie du Blanc supérieur et civilisé, contre le Noir inférieur et sauvage. Pour créer ce Noir naturellement inférieur et donc bon pour l’esclavage, il fallait complètement effacer les Noirs de l’histoire de la civilisation.  

Nioussérê Kalala Omotunde dit ainsi dans Pelasgia, l’histoire africaine de l’Europe, page 9 “Depuis l’époque des “Lumières”, la grande majorité des intellectuels occidentaux (et leurs affiliés) ont œuvré avec un réel acharnement, pour éradiquer du cours de l’histoire intellectuelle de l’humanité, toutes les réalisations du Monde Noir”.

C’est dans le but de servir les thèses racistes découlant de l’esclavage, qu’Hegel, considéré comme un des pères de la pensée occidentale moderne, est intervenu pour modifier la géographie de l’Afrique.  

Supprimer les Noirs de l’histoire de la Méditerranée  

Entre 1822 et 1830, Hegel va donner des cours de philosophie, d’histoire et de géographie à l’Université de Berlin. C’est l’ensemble de ses interventions sur l’histoire, qui sera publié dans un livre appelé Vorlesungen über die Philosophie der Weltgeschichte (The Philosophy of History).  

Hegel fait d’abord un constat qui est à des égards correct “La Mer Méditerranée est (…) le centre de l’histoire du monde (…) sans elle, l’histoire du monde ne peut être conçue” (page 105). Hegel donne pour raison de cette affirmation, toutes les civilisations anciennes si centrales pour l’histoire de l’humanité, et qui ont germé autour de cette mer : l’Egypte, la Phénicie-Carthage, la Grèce, Rome. Nous ajouterons à sa liste de civilisations méditerranéennes antiques : la civilisation minoenne, la civilisation hittite, la civilisation étrusque. 

Les Noirs étant donc incapables de civilisation pour lui, incompatibles avec elle, contraires à elle, il faut les chasser historiquement du centre de celle-ci : la Méditerranée. Hegel qui n’a jamais mis pied en Afrique, se livre sur des paragraphes entiers, à la diabolisation la plus totale des Noirs, à des insultes d’une violence qui dépasse l’entendement. Ses écrits sont tout simplement inouïs.

Il dit L’Afrique véritable est la terre de l’enfance, qui se trouve en dehors (…) de l’histoire” page 109  

“Les Nègres (…) font montre de l’inhumanité et la dégoutante barbarie les plus irréfléchies” page 110  

“L’Afrique ne fait pas partie de l’histoire du monde. Elle n’a aucun mouvement ou development à montrer” page 116 

“L’Afrique est l’esprit non historique, non développé, toujours retenue par les conditions mêmes de la nature, et qui doit seulement être présentée ici comme étant en marge de l’histoire du monde” page 116. Nicolas Sarkozy dira au fond la même chose à Dakar en 2007.  

La partition historique du continent africain 

Si donc pour Hegel, l’Afrique et les Noirs sont incapables de civilisation, comment expliquer les civilisations qui se trouvent sur les cotes méditerranéennes de l’Afrique, notamment la grandiose civilisation égyptienne? 

Il dit par conséquent “L’Afrique doit être divisée en trois parties : une qui s’étend au sud du désert du Sahara – l’Afrique véritable (…) une seconde qui est celle au nord du désert – une Afrique européenne (si nous pouvons l’appeler comme cela) (…) la troisième qui est celle de la région du fleuve Nil (l’Egypte) (…) qui est en connection avec l’Asie”. Page 109  

C’est trait pour trait, la distinction qui est encore faite aujourd’hui : l’Afrique subsaharienne, l’Afrique du nord, et l’Egypte qui est connectée à l’Asie (Orient). Et que beaucoup considèrent encore que l’Afrique subsaharienne est l’Afrique véritable.

Hegel établit ainsi dans les années 1820 la partition historique du continent, toujours en vigueur chez beaucoup de nos jours. Le but était de nous repousser, nous les Noirs, au sud, loin de la Méditerranée et ses civilisations, pour affirmer notre prétendu naturel de sauvages.  

Hegel, méconnaissant l’Afrique, part aussi du principe qu’il n’a existé aucune civilisation plus au sud du continent. Ce qui est complètement faux. Cela lui permet de construire le mythe de l’Afrique véritable au sud, où il n’y a rien.  

Très soucieux de séparer l’Egypte de l’Afrique et des Noirs, il insiste “L’Egypte est isolée et singulière en Afrique comme l’Afrique elle-même (l’est) (…) avec les autres parties du monde”. page 109 

“L’Egypte n’appartient pas à l’esprit africain” page 117  

Voici donc le « Moyen-Orient », création totalement artificielle. Et de se demander ce que l’Egypte qui se trouve en Afrique, fait avec l’Asie de l’ouest.
C’est le travail d’Hegel.
CC BY-SA 3.0

La vérité est pourtant que toute l’Afrique, y compris l’Afrique du Nord, est entièrement noire à l’origine. Même chose pour l’Asie. Et que même l’Europe, peuplée par les Noirs au commencement, va rester à ses parties ouest et sud majoritairement noire, jusqu’à l’arrivée de populations blanches à partir d’il y a 4600 ans.  

De toutes les civilisations méditerranéennes, seules la Grèce, Rome et la civilisation hittite ne sont pas l’oeuvre des Noirs, et même les Grecs ont été civilisés par les Noirs égyptiens et phéniciens, tout comme les Romains ont été civilisés par les Noirs étrusques et égyptiens, tout comme les Hittites ont été en partie au moins, civilisés par les Egyptiens. Toutes les civilisations méditerranéennes sont, directement ou indirectement, filles de la civilisation égyptienne, qui était strictement noire et africaine.  

Comme un camouflet absolu à la Suprématie Blanche, le rôle des Noirs est le plus important et le plus considérable dans cet espace méditerranéen, centre de la civilisation humaine, duquel Hegel et l’intelligentsia occidentale se sont employés à nous chasser. 

En passant sous silence les migrations blanches vers l’Afrique surtout depuis 1400 ans, on a ainsi attribué des civilisations noires anciennes à des populations blanches ou claires de peau, arrivées bien plus récemment.  

Cette division semble tellement naturelle que beaucoup, sans rires, nous répondent aujourd’hui, que si nous disons que l’Egypte, Carthage – et même le Maroc impérial au Moyen-Âge – étaient noirs, alors pourquoi n’avons nous pas bâti de civilisations « chez nous en Afrique subsaharienne ? ». De tels arguments, venant d’une profonde ignorance, nous laissent sans voix. C’est l’Occident qui a fait ce cadeau aux Arabes et aux Berbères clairs de peau.   

Que retenir de cet article 

Pour justifier l’esclavage, l’élite occidentale a fabriqué une image de sauvages aux Noirs. 

Les Noirs ne devaient donc être à l’origine d’aucune civilisation. 

Hegel a créé l’expression Afrique subsaharienne dans ce contexte de l’esclavage. 

Il a voulu séparer les Noirs de leurs civilisations d’Afrique du Nord, notamment l’Egypte, et rattacher celles-ci au monde blanc. 

Le but était aussi d’enfermer la présence des Noirs au Sud du continent, Sud qu’il pensait sauvage et sans civilisation.  

Et aujourd’hui ?  

Afrique subsaharienne, expression créée dans la haine la plus totale des Noirs, doit être rejetée. Cette barrière intellectuelle du Sahara, érigée par la Suprématie blanche, pour nous couper d’une partie de notre histoire, de nos ancêtres, de notre héritage, de notre fierté, de notre confiance, de notre bien-être mental, ne doit plus exister.

Tout ce continent est à l’origine noir. Ce n’est que la vérité. Personne ne va enfermer notre histoire où que ce soit. Toutes les civilisations noires, en Afrique et en dehors de l’Afrique, doivent êtres intellectuellement restituées telles qu’elles étaient.

Nous ne sommes pas et ne serons jamais des “Subsahariens”. Nous sommes des Africains.  

Hotep!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction du texte de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama) 

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