Pourquoi Ramessou Maryimana est-il le plus connu des pharaons d’Egypte ? Qu’a-t-il fait de spécial pour que son nom passe à ce point à la postérité ? Le roi s’est distingué par une intense activité militaire, un règne exceptionnellement long et un développement important du pays, appuyé sur une œuvre architecturale très importante. C’est de cet homme devenu légende dont nous allons vous parler.
Au préalable nous avons traité la question du phénotype de Ramessou Maryimana, démontrant qu’il était noir comme tous les égyptiens anciens. Nous avons en particulier parlé de sa momie qui fait débat, et montré qu’elle est belle et bien africaine, ce à travers un article sur les cheveux des momies égyptiennes.
Titulature du Pharaon
Nom de naissance : Ramessou Maryimana (l’enfanté de Râ, aimé d’Imana)
Nom de Roi : Ousermaât Râ Setep n Râ (puissante est la justice de Râ, l’élu de Râ)
Nom d’Horus d’or : Bik Nebou Ouser Renpout Aâ Nkhetou (riche en années et grand de ses victoires)
Nom des deux déesses (vautour de Haute-Egypte et cobra de Basse-Egypte) : Nebty Mak Kemet Ouâf Khasout (le protecteur du Pays Noir (L’Egypte), qui lie les étrangers)
Nom d’Horus : Horo Kanekhet Marymaât (Horus taureau victorieux, aimé de Maât)
Le fils de Mout Touya
Le nom de naissance de Ra-messou Mary-Imana signifie « enfanté de Ra, aimé d’Imana (Amon/Amen) ». Imana et Ra/Rè sont les noms du Dieu unique de l’Afrique et de son messager le Soleil.
Ramessou Maryimana est le fils de la grande épouse royale Mout Touya et du pharaon Ousiré Souti Mary-n-Ptah (Sethi 1er). En tant que fils de Mout Touya, princesse égyptienne authentique, il était vu comme parfaitement légitime par le peuple, en vertu de la tradition matriarcale africaine. C’est pourquoi Souti, fils d’une famille militaire originaire du delta, l’associa très tôt au pouvoir. A 10 ans, le jeune prince est déjà capitaine dans l’armée.
C’est en 2957 de l’ère africaine, que Ramessou Maryimana devient roi effectif, à la mort de son père.
La restauration de la puissance égyptienne
L’Egypte depuis Menkheperrè Djehouty-Messou (Thoutmosis III) était devenue une nation impérialiste par réaction à l’invasion repoussée des Hyksos. Djehouty-Messou avait conquit l’Asie occidentale qui avait été par la suite perdue à la fin de la 18e dynastie, en raison des querelles provoquées par la réforme religieuse d’Akhenaton. C’est Pa-Ramessou (Ramsès I), fondateur de la 19e dynastie, puis son fils Souti, qui allaient rétablir la cohésion religieuse du pays. Souti avait commencé à reconquérir l’Asie occidentale. Son fils s’y intéressera à son tour.
Ramessou Maryimana entre en Asie et soumet à son autorité des territoires au sud du royaume hittite (Turquie). La nation noire de Djahi (Phénicie) prête également allégeance à la puissance militaire du Pharaon. Les Hittites, ennemis jurés des égyptiens, contrôlent l’autre partie de l’Asie occidentale. En réaction aux victoires de Ramessou, le souverain hittite Mouwattali lève une armée de nations coalisées, l’affrontement entre les deux grands devient inévitable.
Ramessou bien informé des mouvements hittites, prend la tête d’une armée colossale de 20 000 hommes composés de quatre divisions. Chaque division est dirigée par un commandant en chef, et dispose de scribes consignant les faits de guerre et de hérauts qui assurent la communication entre les différentes composantes de l’armée.
Les fantassins disposent de boucliers de cuir, de massues, de haches, de lances, de javelots, de dagues et d’épées recourbées. Les troupes de choc sont des escadrons de chars à deux roues tirés par deux chevaux, montés par deux soldats, un conducteur et un archer. Les officiers encadrant les chars de combat sont parmi les plus prestigieux de l’armée égyptienne.
Tout ceci rend compte de la puissance militaire de l’Egypte à l’époque pharaonique. Le choc entre les armées de Ramessou et de Mouwattali se déroule à Kadesh dans le sud actuel de la Syrie.
La bataille de Kadesh
Les Hittites attaquent avec succès les divisons Ré et Amon, infligeant un revers important aux Kamites (Noirs). La situation tourne à l’avantage de l’adversaire et pharaon s’enfonce dangereusement au milieu des troupes ennemis au point de se retrouver presque isolé. Dans la difficulté, Ramessou Maryimana sur le champ de bataille invoque Dieu dans une prière qui a encore toute sa place aujourd’hui :
« Je t’appelle
Ô notre père Amon-Ra
Nous sommes parmi des peuples nombreux
Que nous ne connaissons pas et dont les desseins nous sont hostiles
Les nations se sont encore coalisées contre nous
Pour nuire aux Kamits (Noirs) et voler leurs richesses
Nous sommes seuls, nul n’est à nos côtés
Voici que j’élève ma prière
Des confins des pays barbares
Mon cri est parvenu dans Ouaset (Thèbes)
Et j’entends au loin tes pas qui viennent vers nous
Gloire à toi, Ô Amon-Râ
Le maître de l’Univers »[1]
Voyant leur roi se battre avec un courage invraisemblable, les troupes égyptiennes viennent en aide à Ramessou et parviennent à renverser la situation. Les Hittites comptent de nombreux morts dans leurs rangs et s’enfuient dans les marécages. Le roi victorieux est acclamé par ses troupes pour sa bravoure mais furieux, il blâme ses hommes pour leur lâcheté.
Il est souvent dit que la bataille se solda par un match nul mais un texte de l’époque publié par Cheikh Anta Diop laisse peu de doute sur la victoire définitive des Africains dans cette guerre. Le roi hittite Khatousil III s’adressait en ces termes à Ramessou Maryimana « le grand chef de Khati (pays hittite) mande au chef de Qidi : « prépare toi, que nous allions en Egypte. La parole du roi, [Ramsès II] s’est manifesté, obéissons à Sesostris [Ramsès II]. Il donne les souffles de vie à ceux qui l’aiment : aussi toute terre l’aime et Khati ne fait plus qu’un avec lui » [2].
Ramessou Maryimana vainc également les Tjemehou (assyriens), les Libou (libyens), les Tchasou (Bédouins). Le roi accompagné de ses fils Imana Horo Khepshef et Kha-m-Ouaset conquiert la Nubie (Soudan), pays de ses ancêtres. En reprenant l’Asie occidentale, la Libye et le Soudan, le pharaon fait renaître l’empire égyptien avec en bonne partie l’étendue du temps de Djehouty-Messou.
L’oeuvre architecturale inégalée
Peu de pharaons, et même peu de rois en Afrique, ont bâti autant que cet homme. Après avoir développé l’industrie et fait construire de nombreux ports, Ramessou Maryimana va enrichir l’empire égyptien d’innombrables édifices religieux qui stupéfient par leur gigantisme…
Un règne long devenu mythique
Ramessou Maryimana règne pendant 66 ans, le deuxième en longueur dans l’histoire égyptienne. Sa durée représente la moitié de la 19e dynastie. Il a plus d’une centaine d’enfant. Il connaît de nombreux deuils avec la disparition de ses successeurs présomptifs et de son épouse bien aimée Nefertari.
Le pharaon légendaire meurt à 90 ans en laissant un Etat qui a retrouvé toute sa puissance politique, économique, religieuse et culturelle. Sa mort fut vécue comme un apocalypse par ses citoyens qui étaient presque tous nés du temps de son règne.
Il fut tellement divinisé que les Égyptiens en vinrent à oublier Djehouty-Messou. 9 pharaons porteront son nom Ramessou en hommage à sa grandeur. Il reste par son ambition, son génie militaire et sa politique de développement un des plus grands hommes que l’Afrique ait connu.
PS : Ni Ramessou ni aucun autre pharaon n’est mort noyé dans la Mer Rouge. Le récit de la mise en esclavage des Hébreux en Afrique est une histoire totalement inventée comme nous l’avons montré ici.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction du texte de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- Antik Forever
- Great Black Leaders, Ivan van Sertima
- Pbs
- Encyclopaedia Britannica
- [2] Hymnes et Prières kamites, Jean Philippe Omotunde, page d’introduction
- [3] Civilisation ou Barbarie, Cheikh Anta Diop, pages 127 et 128.