Les 9 piliers de la Spiritualité Africaine

Quels grands principes faut-il suivre pour être un bon adepte de la Spiritualité Africaine ? C’est ce que nous allons vous dire dans cet article.  

Imana
Gravure égyptienne, Musée du Louvre

1. La célébration d’Imana et Amenata 

Imana et Amenata sont les parties masculine et féminine du Dieu unique de l’Afrique. Ce concept de Dieu androgyne, c’est à dire mâle et femelle, se retrouve partout sur notre continent. Le nom de Dieu, avec la racine Am/Em/Im, est aussi omniprésent sur le Continent Noir avec Amen, Ama, Imana, Nyame, Nyamien, Gnamien, Nyambe, Nzambe, Mahrem etc… 

Le premier pilier est donc la célébration d’Imana-Amenata.  Le Créateur-La Créatrice est remercié, chanté, loué etc… pour son œuvre bonne et unique de création de l’univers et de la vie. Mais si Dieu a créé le monde, nous écoute-t-il-elle ? 

A cette question la majorité des cosmogonies africaines ont répondu : assez peu. Les traditions décrivent Dieu comme caché (d’où son nom Amen), loin, parti après avoir établi les lois du fonctionnement de l’univers.  

A l’image la galaxie. Notre système solaire, pointé ici avec notre soleil et les 8 planètes qui l’entourent, est petit … Et il y a près de 2000 milliards de galaxies dans l’univers. La voix d’un être humain sur Terre est donc plus que microscopique dans l’univers.

Il est donc difficile qu’Imana-Amenata, occupé à faire fonctionner l’infinité de l’univers nous entende. Ainsi, on célèbre et adore Dieu, mais lui parler directement est un élément bien moins présent dans la Spiritualité Africaine. 

Lisa et Mawu
Dieu masculin et Dieu féminin dans le Vodoun

2. Le culte du Soleil, messager d’Imana-Amenata

Imana-Amenata est donc caché mais Il-Elle a mis devant nos yeux son messager le Soleil. Le Soleil est une forme miniature de Râ, c’est à dire l’énergie créatrice de Dieu. Comme Râ, le Soleil est l’entité énergétique maximale, ici visible pour les Humains. Comme Râ, le soleil chasse le mal des ténèbres pour apporter le bien (Maât) de la lumière. Comme Râ, le soleil permet la vie (Ankh). C’est pourquoi le soleil aussi est appelé Râ. 

Un véritable culte est dédié au Soleil, avec des offrandes, une adoration et au moins 3 prières par jour à son lever, à midi et à son coucher.  

Sculpture en or représentant le Soleil messager de Dieu chez les Ashanti du Ghana
New Orleans Museum of Art

Pour en savoir plus sur les raisons du culte du Soleil, cliquez ici  

3. Le culte aux Ancêtres et aux Divinités, formes d’Imana-Amenata 

Si le Créateur-La Créatrice peut difficilement nous entendre, nos ancêtres bienfaiteurs nous écoutent et peuvent relayer nos messages auprès de Lui-Elle. Ayant fait le bien tout au long de leur vie sur Terre, ayant passé avec succès l’étape du jugement dernier, nos ancêtres bienfaiteurs ont gagné le droit de siéger près d’Imana-Amenata. Ils ont donc aussi un pouvoir divin, par lequel ils peuvent intervenir pour les affaires terrestres. Ils sont proches de leurs descendants qu’ils aiment et pour qui ils veulent faire le bien. 

Le culte des ancêtres consiste donc à rester en contact avec les parents bienfaiteurs, les honorer, et leur parler pour qu’ils transmettent nos messages au Créateur-La Créatrice, afin de résoudre des problèmes sur Terre.  

Les ancêtres peuvent être des parents directs ou les bienfaiteurs de tout un peuple. Ainsi, il est légitime de demander à Imhotep, père égyptien de la médecine, de nous aider à guérir d’une maladie ; à Cheikh Anta Diop, de nous aider à réveiller toute l’intelligence des Noirs. 

Cette proximité des ancêtres, est aussi celle des divinités qui nous entourent. Tout en faisant tout son possible, par sa propre intelligence, pour régler un problème, on prie et parle à la divinité d’une rivière pour aider à arrêter une inondation ; à la divinité du ciel pour demander la pluie ; à la divinité de la fertilité pour aider à concevoir un enfant etc…  

Dans la Spiritualité Africaine donc, tout ne repose pas sur Imana et Amenata, mais aussi sur les ancêtres qui ont acquis un statut divin, et sur les divinités de proximité. Ces divinités de proximité ou esprits émanent de Lui-Elle. Il-Elle les a mis tout autour de nous.

4. La pratique de Maât, loi d’Imana-Amenata 

Au commencement, Imana-Amenata a vaincu le désordre initial des eaux du Noun pour créer le monde. Il-Elle a ensuite établi les lois par lesquelles l’univers allait fonctionner. Dieu a mis le bien à la place du mal, l’ordre à la place du désordre, l’harmonie à la place de la discorde. Tout cela est appelé Maât.  

Maât est toutes les lois et les bienfaits qu’Imana-Amenata a fait émerger et installer, pour créer l’univers et le faire fonctionner. L’univers entier même est appelé Maât puisque vivant de Maât. Le même concept se retrouve avec le Mogho chez les Mossi du Burkina Faso, le Mbog chez les Bassaa du Cameroun, le Fokonolo à Madagascar. Ces mots désignent le pays, le monde, le clan, et la loi divine qui régit le pays, le monde, le clan. Maât est en quelque sorte la Religion de l’Univers

L’adepte de la Spiritualité Africaine se doit donc de faire le bien, de mettre partout l’ordre, l’harmonie, la justice etc… et combattre le mal partout où il se trouve.  

La figuration de la Maât en Egypte ancienne

A sa mort, l’adepte sera donc jugé dans la salle du jugement dernier. S’il a appliqué Maât, alors il sera récompensé par un statut divin, et il sera ancêtre bienfaiteur pour les humains.  

Pour en savoir plus sur Maât, cliquez ici 

5. Le maintien et l’expansion d’Ankh (la vie), principal but d’Imana-Amenata 

Qu’est-ce que le Créateur-la Créatrice a en réalité fait au commencement ? Il-Elle a créé la vie. Il-Elle a vaincu le désordre initial pour créer Ankh (la vie). Et tout autour de nous, la nature est orientée vers le maintien et l’expansion de la vie. Le soleil qui apporte la vie, les plantes qui poussent et produisent sans cesse, les animaux et les humains qui se reproduisent sans cesse. Toute la nature est orientée dans ce but. 

Alors pour le spiritualiste africain, maintenir et étendre la vie est le but de Dieu. C’est un but que le spiritualiste doit accepter et faire sien. Ainsi il doit respecter la nature, l’exploiter avec responsabilité. Il doit aussi avoir des enfants quand il lui est possible d’en avoir, car c’est sa manière à lui d’étendre et partager la vie qu’il a lui-même reçu.  

Ankh, symbole suprême de la pensée africaine

6. Le respect de la femme, visage de Maât et porteuse d’Ankh 

La femme est plus fidèle, plus stable, plus prompte à apporter l’harmonie. Son caractère a donc été vu par nos ancêtres comme la personnification par excellence de Maât (le bien). La femme porte et donne la vie. Elle est par conséquent la principale détentrice d’Ankh (la vie). 

C’est pourquoi nos ancêtres ont estimé que le genre féminin a plus de valeur que le genre masculin. L’homme, supérieur sur le plan énergétique et figure de Râ, se doit donc, pour servir Maât et Ankh, de défendre et de perpétuer la place de la femme. Tout cela a abouti au matriarcat en Afrique ancienne.  

Dans la spiritualité africaine, la femme doit donc continuer à porter Maât et Ankh. L’homme, par sa force issue de Râ, doit défendre Maât et Ankh, en protégeant le statut de la femme. 

Pour en savoir plus sur le matriarcat, cliquez ici 

7. La sanctification de l’Afrique 

Qui dit Spiritualité Africaine, dit sanctification du continent africain. Pour le pratiquant, tout le continent est sacré et prioritaire. Et ce faisant, les langues et cultures africaines, le sont d’autant. Il faut donc aimer l’Afrique, la défendre, la voir comme le centre de la Terre, porter des noms africains authentiques, être fier de son apparence, prier dans les langues africaines. 

Le continent africain
C’est strictement au sein de ces frontières que se trouve la Terre Sacrée

8. L’acquisition des savoirs, afin de cerner la parole d’Imana-Amenata

Découvrir le message d’Imana-Amenata est un effort constant. Il faut décoder l’univers et la nature, les lire et les interpréter, pour comprendre toujours plus profondément Maât. Le spiritualiste africain est donc érudit en sciences exactes (mathématiques, physique, astronomie, architecture de l’univers etc…) et en sciences humaines (théologie, philosophie, anthropologie etc…).  

9. Bâtir en Afrique la civilisation de Maât  

Ce qui est en bas ressemble à ce qui est en haut. 

Cette phrase est la phrase clé de Maât. Elle traduit le fait qu’il faut bâtir sur Terre (en bas) une civilisation qui reflète l’ordre de l’univers (Maât) qui est en haut. Cela signifie une civilisation grandiose et techniquement très avancée. La constitution de l’Etat, les institutions, les valeurs, l’architecture, les arts etc… tout cela doit être inspiré de la compréhension de la loi d’Imana et Amaneta, c’est à dire Maât.  

A droite les civilisations d’ancien Ghana et de Zimbabwe qui étaient des civilisations de Maât; à gauche la civilisation de Maât par excellence : la civilisation égytienne

En résumé, les 9 piliers de la Spiritualité Africaine sont : 

  • La célébration d’Imana et Amenata 
  • Le culte du Soleil 
  • Le culte aux Ancêtres et aux Divinités 
  • La pratique de Maât 
  • Le maintien et l’expansion d’Ankh (la vie) 
  • Le respect de la femme 
  • La sanctification de l’Afrique 
  • L’acquisition des savoirs 
  • tir en Afrique la civilisation de Maât  

Hotep ! 

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction du texte de cet article est interdite) 

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