L’Afrique doit protéger les Albinos

« Être né albinos en Afrique est un véritable drame » Salif Keita, célèbre chanteur malien.

Cet article est dédié aux centaines d’Albinos qui sont morts dans pas moins de 26 pays africains ces dernières années et à ceux qui vivent avec leurs familles dans la peur – notamment en Tanzanie et au Malawi. Il est dédié à ces jeunes qui ont perdu un bras, une jambe et leur joie de vivre avec. Nous espérons ici contribuer modestement à l’avènement d’une fin heureuse à cette situation injuste.

Il y a quelque chose de profondément anormal chez un peuple comme les Noirs, le peuple le plus martyrisé de l’histoire humaine, mais qui stigmatise ou discrimine lui-même une partie de sa population simplement parce qu’elle existe. A partir du moment où le Créateur a mis au monde un groupe d’Êtres, il revient à l’humanité de se plier à sa volonté en respectant ces vies.

Des Noirs albinos avec des bras sectionnés, qui sont censés apporter la richesse à ceux qui commettent ces crimes
Un camp d’Albinos en Tanzanie, où le gouvernement les garde pour les protéger des meurtres. Est-ce une vie?

Si dans certains pays et milieux les Albinos vivent relativement bien, ils sont en gros vus comme anormaux, malades, voir maléfiques et sont mis à l’écart. Par conséquent ils accusent un retard en termes d’éducation et de bien-être économique. Rarement sont-ils considérés comme des Êtres humains entiers. Nous allons donc essayer de comprendre comment on en est arrivé à cette stigmatisation. Nous verrons enfin quelles actions nous pourrions prendre pour respecter le statut inaliénable d’Êtres humains des Africains originaux à peau blanche.

Qu’est-ce que l’albinisme ?

L’albinisme est une absence partielle ou totale de la pigmentation de la peau, des cheveux, de l’iris et de la rétine des yeux. Il existe aussi chez des animaux tels que les lions, les girafes, les crocodiles etc… Cette différence est donc naturelle et existe en Afrique depuis l’apparition de l’humain même. L’albinisme est une condition récessive. Ça veut dire que pour que 2 Noirs aient un enfant albinos, il faut que chacun des parents porte de façon silencieuse les gènes de l’albinisme. Un Albinos et un(e) Noir(e) auront des enfants noirs car le gène noir est dominant.

Une girafe, un lion et un crocodile albinos
L’albinisme existe également chez les plantes

Comme nous l’avons démontré en profondeur ici, c’est cet albinisme africain – à un degré atténué – qui est à l’origine de la naissance de l’humain blanc. L’albinisme en Europe et en Asie est quant à lui devenu dominant, c’est pourquoi un Blanc et un Noir donneront un métis.

Pourquoi les Africains albinos sont-ils discriminés ?

Il y a au moins 3 types de teintes de peau chez les Noirs : foncé, marron, clair. Pourquoi ces 3 teintes sont considérées comme normales et pas la teinte blanche ? Et ceci alors même que les Blancs européens sont respectés voir pathologiquement enviés par nous comme on le sait tous ? Cette discrimination vient d’abord du fait que les Africains n’ont jamais compris comment est-ce qu’un Blanc, aux traits négroïdes, aux cheveux crépus et blonds-roux peut être l’enfant naturel de deux Noirs. Et de cette incompréhension et ce questionnement, sont nées des théories qui ont été codifiées dans la pensée.

Les Albinos en Afrique  

Dans la philosophie classique africaine (égyptienne), le Créateur a eu 2 fils en particulier, aux caractères opposés. Ousiré (Osiris) qui représente le bien. Il est noir comme Imana (Dieu). Souté (Seth) représente le mal. Il est albinos (blanc) avec des cheveux roux. Ces couleurs sont attribuées par rapport au Soleil messager de Dieu. Nos ancêtres savaient que la peau noire est le résultat de l’exposition au Soleil. Le Soleil permettant la vie, le Noir qui est le produit de son exposition est donc vu comme fertile et bon. Le Blanc qui ne l’est pas est vu comme stérile et mauvais. C’est pourquoi Souté est albinos. C’est aussi pourquoi les anciens égyptiens tuaient des Blancs roux quand ils les croisaient, qu’ils aient été africains ou étrangers.

Il est malheureux que les Egyptiens anciens, dont la pensée était fondée sur l’explication de tout par la rigoureuse recherche scientifique et la rationalité la plus admirable, aient tout de même agi ainsi envers les Albinos. C’est là le seul défaut majeur de la civilisation égyptienne. 

Ousiré et Souté
Peinture égyptienne. Le Pharaon accorde une audience et reçoit des tributs, notamment des peaux de félins affectionées des chefs africains. A la tête de la délégation, en bas, un Albinos. Il porte des souliers et a le crâne rasé. C’est probablement un Haut Prêtre. Tout n’était donc pas mauvais en Egypte pour les Albinos. Certainement les Albinos aux cheveux blonds étaient moins discriminés. Le pharaon devant lequel ce Haut Prêtre se présente n’est autre que Ramessou Maryimana (Ramsès II).

L’idée du mal représenté par un blanc roux est passée chez les Maasaï du Kenya-Tanzanie, qui sont originaires du Nil. Les Africains ont fini, presque partout, par penser que l’enfant albinos était un signe de malédiction ou une promesse de richesse.

Comme nous l’avons expliqué ici en détail, en Afrique des offrandes de nourriture, des sacrifices d’animaux ou d’êtres humains étaient faits pour nourrir les énergies divines. Chez les Bambara du Mali, les Ashanti du Ghana ou les Igbo du Nigeria, des Albinos étaient sacrifiés pour – pensait-on – apporter la richesse et la paix à la communauté ou calmer la colère des divinités. L’idée en Tanzanie selon laquelle les parties du corps de l’Albinos apportent la richesse est donc ancienne et était répandue en Afrique.  

Par ailleurs en raison du climat ensoleillé africain, les Albinos souffrent de graves maladies de la peau, en particulier de cancers défigurants. Ceux chez qui les yeux sont aussi concernés ont de lourds problèmes de vision. Ces maladies ont renforcé l’idée de l’anomalie des Africains albinos ainsi que leur stigmatisation D’après la fondation Salif Keita, les Africains albinos ont une espérance de vie de 30 ans seulement, en raison des cancers de la peau.

Un enfant albinos avec des lésions cutanées dues au soleil. C’est ainsi que nous les voyons beaucoup.

En résumé, les Albinos sont stigmatisés parce que les masses en Afrique n’ont pas compris leur nature, les voient souvent avec des maladies et leur ont par conséquent attribué un rôle maléfique.

Quelles solutions ?

La solution consiste à aborder les causes, c’est-à-dire l’ignorance et son impact sur la philosophie religieuse; et à réparer les effets, c’est-à-dire le rejet et le retard économique.

1. Il convient d’abord de revoir le modèle de réflexion en Afrique. Il faut sortir du raccourci de la sorcellerie et des croyances infondées, invoquées pour tenter d’expliquer ce qu’on ne comprend pas, afin de renouer avec une explication scientifique. Les Egyptiens anciens, avec leur pensée fondée sur l’astronomie, la mathématique, la biologie, la physique etc… ont tracé le chemin que nous devons suivre pour avoir une pensée rationnelle. La réflexion en Afrique doit être basée sur la science. Il faut transcrire cela dans l’éducation.

2. Au niveau religieux, il faut que Souté cesse d’être un Albinos. Si nous devons garder l’image de Dieu noir charbon pour nous élever en tant que Noirs, nous ne pouvons plus désigner le mal par un type humain identifiable. Souté doit-il devenir entièrement rouge ou autre chose ? La discussion est ouverte pour représenter autrement le mal stérile. Par ailleurs, les repas des dieux, qui sont une pratique justifiée, doivent se limiter aux offrandes de nourriture.

3. Sur le plan de la santé, il faut des programmes de prévention et de prise en charge – dès la naissance – des maladies de la peau et des yeux que présentent les Albinos. Il faut former des personnels de santé, créer des centres spécialisés dans le domaine et encourager la recherche médicale pour répondre à ces problèmes.

4. Pour faire baisser le rejet, il faut des campagnes d’information. Des affiches dans les rues, des spots dans les médias, des tournées dans les écoles etc… Il faut également promouvoir la visibilité des Albinos dans les médias. Tout cela visera à faire comprendre ce qu’est l’albinisme, encourager l’acceptation et l’intégration des Africains albinos.

5. Sur le plan du retard dans l’éducation et du retard économique, il faut leur donner des bourses d’études et il faut les promouvoir aux postes de responsabilité.

Il n’y a pas 3 teintes chez les Noirs. Il y en a 4 : charbon, marron, clair et albinos.
Les poupées noires de la sud-africaine Mala Bryan, parmi lesquelles une Albinos
Dr Abdallah Possi, premier ministre albinos de l’histoire moderne de la Tanzanie, prêtant serment devant le président Magufuli en 2015

Conclusion

L’Afrique, en tant que berceau de l’humanité et de la civilisation, est au centre de l’histoire de l’humanité. Notre réflexion, basée aux origines sur l’observation rationnelle, nous a conduit a donné à la femme la plus grande liberté et le plus grand prestige de l’histoire. Notre réflexion a produit des rois qui régnaient pour le bien de leurs peuples, des sociétés humanistes assurant le bien-être économique du peuple. Mais nous avons failli à protéger les Africains albinos.

Enfin, si des milliers d’Albinos sont morts en Afrique en raison de l’ignorance, on est ici loin des 500 millions de pertes humaines africaines causées par les Européens et les Arabes. Ces crimes ont été justifiés par les doctrines religieuses et philosophiques du Noir maléfique ou mécréant et qui n’a pas d’histoire. Malgré cela et ce qui est connu depuis lors sur le rôle des Africains en tant que parents de l’humanité et civilisateurs du monde, le système dominant a décidé de ne jamais reconnaître ses erreurs. On nous oppose par conséquent un refus quant à modifier les modes de pensées qui ont justifié ces crimes et notre exclusion de l’humanité jusqu’à présent. A l’opposé de ces attitudes, ce sera donc notre grandeur que de reconnaître et réparer nos propres erreurs.

 

Les deux extrêmes de couleur chez les Africains

L’Africaine-Américaine Diandra Forrest et la Sud-Africaine Thando Hopa

Hotep ! 

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)                                                              

Notes :

  • Le mythe de l’albinos dans les récits subsahariens francophones, Par Tsevi Dodounou
  • Fondation Salif Keita
Partager
Twitter
Partager
Partager
error: Content is protected !!
Retour en haut