La conception de Dieu en Afrique

Comment la tradition africaine perçoit-elle Dieu ? La tradition africaine le perçoit-il uniquement comme un père tout puissant qui réside au ciel, comme dans les religions dites révélées, ou autrement ? C’est ce que nous verrons dans les lignes qui suivent.

Rappelons tout d’abord que dans un premier article intitulé: La religion africaine: De la science à la découverte de Dieu, nous avons abordé les conceptions et les notions scientifiques qui ont inspiré nos ancêtres dans leur vision spirituelle. Dans cet article nous verrons la symbolique spirituelle que ces connaissances et ces notions scientifiques liées au divin, que nos ancêtres appelaient « Rekh Neter » (c’est a dire la connaissance du Divin), prennent dans le cadre de la spiritualité.

Lorsque la spiritualité ancestrale nègre parle de Dieu, elle parle de du principe sans lequel l’existence elle-même  n’existerait pas, et du principe contenant en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses et les faisant vivre au quotidien.

Quelle est donc la nature du principe divin ?

Il faut rappeler tout d’abord que pour nos ancêtres le principe divin est un principe unique. La pensée de nos ancêtres est donc une pensée monothéiste. Voilà pourquoi dans ce texte pharaonique tiré du papyrus Bremner Rhind, le principe divin (Dieu)s’exprime, et souligne bien qu’il est le seul et l’unique créateur de toutes choses en disant :

«Je fis tout ce que je fis, étant seul, avant que personne d’autre ne se fût manifesté à l’existence

Ce principe divin est un principe que les créatures (humaines y compris) n’arrivent pas à percevoir pleinement car elles sont bloquées et limitées par leurs sens physiques (ouïe, vue, etc..) qui les empêchent de le cerner complètement.

Ainsi pour nos ancêtres le principe divin est une énergie spirituelle. Étant donné que le principe divin est énergie, ce principe divin est invisible (car aucune créature ne l’a jamais vu), insondable, impénétrable (car personne n’a jamais pu le sonder), insaisissable, inconnaissable (car on ne peut le connaitre entièrement et parfaitement). Voilà pourquoi le pharaon Akhenaton, dans son célèbre Hymne à Dieu (qu’on appelle Hymne à Aton), dira à Dieu : «Aucun de ceux que tu as engendré ne te voit…»

Ainsi pour nos ancêtres le principe divin est caché, mystérieux dans son essence. Voilà pourquoi nos ancêtres de la vallée du Nil l’appelaient Amon, nom qui signifie «caché», mais qui n’est pas un réel nom mais plutôt un titre descriptif de la nature de l’être. En effet nos ancêtres fonctionnaient sur le principe de la connaissance. Pour donner donc un nom à quelque chose il fallait connaitre la nature de cette chose. Ainsi puisque nos ancêtres considéraient le principe divin comme invisible, insaisissable, etc… ils l’appelaient donc Amon pour décrire le fait qu’il est innommable, invisible, insaisissable, etc.

Un extrait de la Louange a Amon tirée du papyrus de Leyde dit ceci à propos d’Amon : «Unique est Amon qui est caché pour eux,… sans que l’on connaisse son véritable aspect».

Le nom même d’Amon renvoie donc à ces notions d’insondable, d’impénétrable, etc.…

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Représentation d’Amon (Dieu) sous sa forme masculine. Puisque le principe divin demeure caché, il est donc clair que toutes ces représentations divines que faisaient nos ancêtres ne sont que du pur symbolisme

Dans un premier temps le principe divin est un principe unique (monothéisme) et caché, contenant en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses.

Dans un second temps ce principe divin est de nature androgyne, c’est-à-dire de nature mâle et femelle, ce qui lui permet de créer toutes les choses existantes (humains, animaux, végétaux, etc.. sur le modèle mâle et femelle). C’est pourquoi un extrait des plus anciens textes religieux de l’histoire de l’humanité (les textes des pyramides), formule 273-274, No 397 dit : «Tu es le père et la mère des hommes…».

Le créateur unique est donc à la fois femelle (mère) et mâle (père) en même temps (double nature mâle et femelle).  Le mariage traditionnel africain obéit à ce principe de l’unité de la nature mâle et femelle du créateur. Le couple marié traditionnellement réalise donc l’androgynie divine. C’est ce qui permet au couple de «créer» (c’est-à-dire d’enfanter) des créatures (les enfants), comme le créateur qui crée les humains.

Le symbolisme d’Amon (Dieu) dans sa double nature mâle et femelle. On a là l’image du couple (donc du mariage monogame) en quelque sorte

Dans un troisième temps le principe divin possède plusieurs formes, plusieurs manifestations. C’est la partie de la vision religieuse de nos ancêtres qui est la plus mal comprise, la plus mal perçue en raison de la très grande ignorance qui règne.

Rappelons que pour nos ancêtres le principe divin contient en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses, l’origine de la création. Et la création est faite selon les potentiels de création que le créateur possède. En d’autres termes le créateur a créé tout ce qu’il a créé car c’est ce que ses capacités lui permettent de faire. Et cette création est diversifiée, puisqu’elle contient diverses choses, végétaux, animaux, êtres humains, etc.… Et si cette création est diversifiée ça signifie que celui qui est à l’ origine de cette création renferme en lui-même les divers germes et potentiels de l’existence de cette diversité que nous apercevons avec nos yeux, ce qui fait qu’il a diverses manifestations c’est-à-dire diverses façons d’être, de faire, d’exister, d’agir.

Voici alors quelques-unes de ses diverses manifestations :

Il est le Seigneur de l’univers, il est le créateur, il est notre père et notre mère à la fois, il est le maitre du temps et de l’éternité, il est le tout puissant, il est amour, il est vérité, il est justice, etc.…et on peut citer des tas d’autres.

Ainsi lorsque le principe divin (Dieu)  se manifeste sous la forme de l’amour, nos ancêtres assimilent cet amour de Dieu à l’amour d’une mère pour son enfant. On a donc clairement l’image d’Isis

Lorsque le principe divin se manifeste sous la forme de la  vérité et justice, ordre, on l’appelle Maat,

Lorsque le principe divin se manifeste sous la forme de la connaissance, de l’omniscience, on l’appelle Djehouty (Thot),

Etc…

Ce sont ses diverses manifestations qu’on appelle les divinités. Les divinités, loin d’être plusieurs dieux, sont donc les divers aspects d’un même être. Et étant donné que le créateur est d’essence androgyne (mâle et femelle), c’est ce qui explique que les manifestations du créateur apparaissent représentées elles aussi sous des formes imagées mâles et femelles. Ainsi les divinités imagées de façon mâle, masculine (Osiris, Anubis, Thot, Horus etc..) sont les diverses formes de la nature mâle du créateur, et les divinités imagées et représentées de façon femelle féminine (Isis, Mout, Nout, Sechat etc…) sont les diverses manifestations de la nature femelle du créateur.

Lorsque nos ancêtres voulaient dire que Dieu est amour ils disaient que Dieu est Isis

Lorsque nos ancêtres voulaient dire que Dieu est Lumière, ils disaient que Dieu est Ra

Lorsqu’ils voulaient dire que Dieu est vérité, justice, droiture, ils disaient que Dieu est Maat

Lorsqu’ils voulaient dire que Dieu est le seul juge, ils disaient que Dieu est Osiris

Etc….

Tout cela signifie que :

Isis est Amon (Dieu) sous une de ses formes et de ses rôles. Amon est donc Isis

Osiris est Amon (Dieu) sous une de ses formes et de ses rôles. Amon est donc Osiris

Maat est Amon (Dieu) sous une autre de ses formes et de ses rôles. Amon est donc Maat

Thot est Amon (Dieu) sous une autre de ses formes et de ses rôles. Amon est donc Thot

Horus est Amon(Dieu) sous une autre de ses formes et de ses rôles. Amon est donc Horus

Ra est toujours le même Amon (Dieu) sous une autre de ses formes, etc. Amon est donc Ra

Etc…

Donc pour nos ancêtres Dieu est Amour (c’est-à-dire Isis) vérité, justice (c’est-à-dire Maat), Dieu est celui qui sait tout, qui détient toute connaissance (c’est-à-dire Thot), etc… mais en fin de compte Dieu est Amon (c’est-à-dire caché) car il est tellement grand, insondable, insaisissable, mystérieux etc….qu’on ne peut pas le cerner entièrement et totalement.

Nos ancêtres puisque fonctionnant sur le principe non pas de la foi ou de la croyance, mais plutôt sur celui du savoir et de la connaissance considéraient qu’il fallait connaitre véritablement avant de rendre des cultes. Or puisqu’on ne peut connaitre le créateur entièrement, ça fait qu’il est impossible de lui rendre un culte directement puisqu’on ne le connait pas entièrement.

Ainsi nos ancêtres au lieu de rendre un culte directement au créateur, ont préféré lui rendre un culte à travers ce qu’ils savent de lui, c’est-à-dire ses multiples  aspects, formes  et manifestations. Ainsi nos ancêtres rendaient des cultes au créateur à travers ses diverses manifestations (culte à Osiris, culte à Isis, culte à Ra, etc…). Et chaque temple et lieu de culte (temple d’Isis, temple d’Osiris, temple d’Horus)  était destiné à une manifestation du créateur. Et puisque le créateur dans la vision de nos ancêtres a plusieurs manifestations, c’est ça qui fait qu’il y avait donc plusieurs temples et plusieurs cultes.

Il n’y a donc pas plusieurs divinités en réalité, mais un seul et unique principe divin dont l’essence profonde est cachée (Amon) mais qui s’exprime sous diverses formes, sous diverses manières de faire et d’agir.

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Le symbolisme des divers visages  du Dieu Unique

C’est ce que le pharaon Akhenaton dira dans son Hymne célèbre (l’Hymne a Aton), lorsqu’il dira à Dieu : «tu extrais éternellement des milliers de formes à partir de toi-même, tout en demeurant un».

La louange à Dieu extraite du papyrus de Leyde dira que Dieu est : «resplendissant de formes, Dieu merveilleux aux multiples apparitions».

Pour ceux qui ont encore du mal à comprendre cela  nous allons faire encore plus simple.

Prenons le cas d’une personne (homme ou femme, vous-même qui lisez ces lignes). Une personne à (comme le créateur dans la vision nègre), plusieurs formes, plusieurs manifestations, plusieurs apparitions dans la vie de tous les jours.

Lorsque cette personne se rend sur son lieu de travail cette personne se manifeste en tant que employé, chef, directeur (ou tout autre poste selon le secteur d’activité). C’est une de ses formes, un de ses titres.

Lorsque cette personne est dans la société, elle se manifeste en tant que l’ami ou l’amie, ou le camarade ou la camarade de telle ou telle personne, le voisin de quartier de telles personnes, etc.. C’est une autre de ses formes.

Lorsque cette personne se trouve dans sa famille cette personne se manifeste en tant que le fils ou la fille de deux personnes (ses parents), en tant que le frère ou la sœur de plusieurs personnes, en tant que le cousin ou la cousine de plusieurs personnes, et en tant que le neveu ou la nièce de plusieurs personnes, ou en tant que l’oncle ou la tante de plusieurs personnes. Voici d’autres formes et manifestations de cette personne.

Lorsque cette personne se retrouve en couple elle se manifeste en tant que l’époux ou l’épouse (mari ou femme) de telle personne, elle devient le père ou la mère de telles personnes (ses enfants, qui l’appellent donc papa ou maman), le beau fils  ou la belle fille, le beau père ou la belle mère, etc… Voici encore d’autres de ses formes.

Une seule et même personne tout en étant unique et une seule personne, se manifeste de plusieurs manières,  sous plusieurs formes dans sa vie, puisque c’est la même personne qui remplit toutes ces fonctions, et qui a la fois frère ou sœur père ou mère, ami ou amie, fils ou fille de, oncle ou tante de, cousin  ou cousine de, mari ou femme de, etc…

Ainsi en est-il du principe divin qui se manifeste de plusieurs manières. Il est donc «Imen acha renou » (c’est-à-dire Amon aux noms multiples), comme nous le rapportent les études des textes pharaoniques réalisées par Ruth Schumann Antelme, et Stephane Rossini dans leur ouvrage intitulé : Neter-Dieux d’Egypte.

Nos ancêtres n’étaient donc pas dans une vision polythéiste, mais bel et bien monothéiste. Pour ceux qui cherchent le terme technique consacré pour désigner une telle vision des choses, ce terme technique s’appelle Le Monothéisme Polymorphique (le terme de Poly veut dire plusieurs en grec, et l’autre partie du mot renvoie à la forme, à la morphologie). Le monothéisme polymorphique ça veut donc dire un monothéisme à plusieurs formes.

C’est d’ailleurs ce que confirment la plupart des spécialistes  qui ont pu travailler de manière sérieuse et concrète sur l’étude des documents et des textes sacrés de l’époque pharaonique.

Prenons par exemple les spécialistes français Jean Claude Goyon et Jean Claude Golvin dans leur ouvrage intitulé les Batisseurs de Karnak, ouvrage édité par et avec l’autorisation des presses du Centre National de la Recherche Scientifique français. Ils nous disent au sujet de la spiritualité pharaonique, à la page 32, que : «les formes innombrables de la divinité sont ce qu’on a appelé à tort le panthéon  égyptien ; celui-ci n’existe pas. Autrement dit les textes pharaoniques montrent que dans la spiritualité de nos ancêtres de la vallée du Nil il n’y a pas de panthéon (composé de plusieurs dieux) en réalité.

Eugène Grébaut, dans la préface introductive de sa traduction de l’Hymne à Amon Ra tirée des papyrus du Musée Egyptien de Boulaq, nous dit la meme chose, puisqu’il reconnait que :

«Amon, le dieu de l’hymne, et Ptah que l’hymne reconnait pour une forme antérieure sont deux désignations  du dieu unique, ou « âme mystérieuse » que les égyptiens adoraient seule, et qui, disaient-ils, « n’a pas de nom ». Ils le concevaient par ses actes, dans ses fonctions, dont chacune, comme manifestant l’âme divine, recevait un nom, formait un dieu, une preuve saisie de l’être insaisissable. Les dieux sont les personnes ou les rôles ou se révèle, en agissant diversement, le Dieu unique, invisible, innommé.»

Voilà pourquoi Cheikh Anta Diop a dit dans son livre Nations Nègres et Culture, page 45, que : «le monothéisme dans toute son abstraction existait déjà en Égypte (..)»

Les gens qui disent donc que nos ancêtres de la vallée du Nil et d’Afrique étaient des polythéistes, ce sont donc des gens ignorants (volontaires ou involontaires), et des gens qui n’ont jamais eu l’occasion de lire ou voulu lire même un seul texte de l’époque pharaonique sur la spiritualité (alors que des traductions de ces textes existent pourtant) pour l’étudier, et le comprendre, afin de savoir ce que ces textes témoignent au sujet de la spiritualité de nos ancêtres.

Dans un quatrième temps le principe divin étant donné qu’il est le principe contenant en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses et les faisant vivre au quotidien, l’essence de toutes les choses existantes (nature, écosystèmes, végétaux, animaux, êtres humains, etc…) sont en lui viennent de lui et sont animées de son énergie. Ainsi le principe divin est en toute chose et l’essence de toutes choses sont en lui. Voilà pourquoi La louange à Dieu extraite du papyrus de Leyde dit que :

«Chaque créature se glorifie en lui pour se magnifier en s’imprégnant de sa divine perfection».

Ainsi la nature entière est divine et sacrée (ex la foret ou le bois sacré, etc..) il faut donc la respecter (principe de l’écologie) car ne pas respecter la nature est offenser le principe divin qui s’y trouve,

L’être humain est divin, donc il ne faut pas le tuer ou le réduire en esclavage car en le faisant on offense le principe divin qui s’y trouve,

Etc…

Le principe divin remplit donc l’univers tout entier en faisant vibrer et vivre tous les êtres et toutes les choses chaque jour. Ça signifie que donc que pour ancêtres le principe divin contient en lui-même l’essence de toutes choses, est à l’origine de toutes choses et fait vivre toutes choses et est en toute choses. Voilà pourquoi toutes choses (animaux, humains végétaux, etc.…) sont utilisés à (travers le totémisme) pour symboliser de façon imagée tout ce qu’il est. Il ne se trouve pas «au ciel» (un peu comme séparé des humains qui vivent sur la terre), mais partout. Chaque jour nos ancêtres pensaient donc être et vivre dans la présence continuelle de Dieu au quotidien.

L’univers entier donc est perçu par nos ancêtres comme vibrant de la présence de l’énergie divine présente en toutes choses.

Cette vision spirituelle, cette conception de Dieu que nous trouvons dans les textes pharaoniques se retrouve dans toutes les traditions nègres.

Prenons par exemple des extraits d’un Hymne à Dieu tiré de la tradition des Fang, peuple qu’on retrouve en Afrique centrale (Gabon, Cameroun, Congo, Guinée équatoriale). Cet Hymne est rapporté par Tsira Ndong Ndoutoume, dans son livre intitulé : Le Mvett, l’homme, la mort et l’immortalité, pages 22 à 23.

Dans ce texte le principe divin est appelé Eyo. Or Eyo signifie «celui-ci» et celui-ci n’est pas un nom en réalité, mais un titre, exactement comme Amon dans la civilisation pharaonique. On le sait car le texte dit :

B’eyavem a ne Eyô ané 

[On ne peut savoir comment Eyô est]

Eyo désigne donc ici celui dont on ne peut savoir comment il est, puisqu’il  est l’invisible, l’innommable, le caché etc…

L’extrait de la Louange à Amon tirée du papyrus de Leyde dit ceci a propos d’Amon :

«Unique est Amon qui est caché pour eux,… sans que l’on connaisse son véritable aspect».

On retrouve la même conception que dans les textes pharaoniques puisque Amon désigne aussi l’innommable, le caché, celui dont on ne peut savoir comment il est puisque nous sommes bloqués par nos sens physique (ouïe, odorat, etc..) qui nous empêchent de le cerner et de la connaitre entièrement et parfaitement etc…

Le texte de la tradition Fang dit :

Eyô e nye a ne ayô

[Eyo (Dieu) c’est lui qui est au-dessus (de toutes choses)]

Le texte présente Eyo comme l’unique qui est au-dessus de toutes choses. On est donc dans une vision monothéiste, exactement comme dans la vallée du Nil.

Le texte de la tradition Fang dit que :

Eyô e nye ang’ayo

[Eyô, c’est lui qui a vomi (toutes choses – fait sortir de lui-même toutes les choses)]

On a la une référence claire au fait que le principe divin contient en lui-même l’origine de l’existence de toutes choses et a créé toutes choses. Eyo est donc ici le créateur.

Le texte de la tradition Fang dit que :

Eyô âng’ayô a ne viô

[Eyô s’est alors multiplié comme les champignons]

Le texte dit que Eyo (Dieu) s’est multiplié en plusieurs.

La louange à Dieu extraite du papyrus de Leyde dira que Dieu est : «resplendissant de formes, Dieu merveilleux aux multiples apparitions».

On a donc une référence claire aux multiples formes et manifestations du créateur exactement comme dans les textes pharaoniques.

Le texte de la tradition Fang dit que

Eyô â ne dzom’ase été

[Eyô est dans toute chose]

Dzom’ase éne Eyô été

 [toute chose est dans Eyô]

La louange à Dieu extraite du papyrus de Leyde dit que :

«Chaque créature se glorifie en lui pour se magnifier en s’imprégnant de sa divine perfection».

On a donc (ici dans la tradition Fang) une référence claire au fait que  le principe divin est en toute chose et l’essence de toutes choses sont en lui, exactement comme dans les textes pharaoniques.

Comme cette comparaison de textes le montre, la conception de Dieu dans les textes pharaoniques est la même qu’en Afrique noire. On peut faire la même comparaison de traditions religieuses avec les Yoruba, les Akans, les Kongos, etc… et dans tous les peuples d’Afrique Noire.

Voilà pourquoi Cheikh Anta Diop avait dit dans son livre intitulé : Antériorité des Civilisations Nègres, Mythe ou Vérité Historique, page 12 que :

«Aujourd’hui encore, de tous les peuples de la terre, le nègre d’Afrique noire seul, peut démontrer de façon exhaustive, l’identité d’essence de sa culture avec celle de l’Egypte pharaonique, à telle enseigne que les deux cultures peuvent servir de systèmes de référence réciproques. Il est le seul à pouvoir se reconnaitre de façon indubitable dans l’univers culturel égyptien ; il s’y sent chez lui ; il n’y est point dépaysé comme le se serait tout autre homme, qu’il soit indo-européen et sémite. Autant un occidental, aujourd’hui encore, en lisant un texte de Caton, ressent l’écho de l’âme de ses ancêtres, autant la psychologie et la culture révélées par les textes égyptiens, s’identifient à la personnalité nègre.»

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Cheikh Anta Diop, un savant pluridisciplinaire, comme les savants qui existaient à l’époque pharaonique. Il a travaillé et a mis tout son savoir au service de son continent.

Ainsi en Afrique, le principe divin, quelque soit le terme par lequel on le désigne (Mawu, Mzambi, Eyo, Nyame, Gnamien, Amon, etc..), répond donc aux mêmes caractéristiques, cela aussi longtemps qu’on remonte dans le temps, car il est :

-Invisible, insaisissable, innommable caché, etc.…

-Unique, maitre et créateur de toutes choses et contenant l’essence de toutes choses en lui.

-Androgyne (d’essence femelle et mâle)

-Multiple, puisqu’il se manifeste de plusieurs façons, plusieurs formes, reflétant la diversité existant dans la création

-Omniprésent, puisqu’il est présent en toutes choses et qu’il remplit l’univers entier.

Autrement dit africains, quand vous parlez de Mawu, Nzambi, Eyo, Nyame, Gnamien, Amon,etc… Vous parlez de la même chose, vous parlez du seul et même Dieu unique !!!

Les noirs partagent donc au fond, UNE VÉRITABLE UNITÉ SPIRITUELLE PUISQU’ILS  ONT LA MÊME VISION ET TRADITION SPIRITUELLE !!

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La croix de vie éternelle (Ankh) symbole sacré de nos ancêtres qui résume et symbolise toute la spiritualité ancestrale nègre.

Hotep!

Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Papyrus Bremner Rhind, traduction de Théophile Obenga, dans son ouvrage intitulé : La Philosophie Africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre ère,Editions L’Harmattan,1990
  • Doua en Imen (Louange à Amon), extraite du Papyrus de Leyde, traduit par Jean Charles Coovi Gomez
  • Hymne à Aton du Pharaon Akhenaton
  • Textes des Pyramides
  • Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et Culture
  • Cheikh Anta Diop, Antériorité des Civilisations Nègres, Mythe ou Vérité Historique ?
  • Tsira Ndong Ndoutoume, Le Mvett, l’homme, la mort et l’immortalité
  • Jean Claude Goyon et Jean Claude Golvin, les Bâtisseurs de Karnak
  • Ruth Schumann Antelme, et Stephane Rossini, Neter, Dieux d’Egypte
  • Hymne à Amon Ra des papyrus égyptiens du musée de Boulaq traduit et commenté par Eugène Grébaut
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