Jamais dans son histoire, l’Egypte n’aura été plus grande, plus puissante et plus riche, que sous le règne de cet homme.
Titulature du pharaon
Nom de naissance : Imanahotep Hekaousè Imana (Amon/Amen) est en paix, le Seigneur de Ouasè (Thèbes)
Nom de roi : Naba Maaré Yaouré le Maître de la Maât de Ré, l’héritier de Ré
Nom d’Horus d’or : Bik Nebou Aakhepes Houi Setjetjou Celui qui soumet les Asiatiques avec grande force
Nom des deux dames (Vautour de Haute-Egypte et Cobra de Basse-Egypte) : Nabty Semenhepou Segerehtaoui Celui qui fait demeurer les lois et qui maintient les Deux-Terres (l’Egypte) en paix
Nom d’Horus : Horo Kanekhet Khai-m-Maa Horus taureau victorieux qui apparait à travers Maât
L’arrière-petit-fils de Menkheperrè
-1730. Ta Mery (l’Egypte) est prise au nord par les Hyksos venus d’Asie. Le pouvoir autochtone noir se replie au sud. Après 190 années de guerres pour réunifier tout le pays, le pharaon Yahmessou (Ahmosis I) chasse définitivement les Hyksos et fonde la très prestigieuse 18e dynastie.
Dans la continuité de cet esprit plus que jamais guerrier, Menkheperrè Djehouty-Messou (Thoutmosis III) entame la conquête de l’Asie occidentale et pousse ses armées plus loin vers la Nubie.
Cimentant ainsi sa place de plus grand pharaon de tous les temps, Menkheperrè Djehouty-Messou porte la surface de l’empire égyptien à son maximum historique, du pays divin de Pount dans les Grands Lacs africains au Kurdistan actuel (Syrie-Turquie-Irak), en passant par le Soudan, Chypre et la Crète en Grèce.
Fils de Menkheperouré Djehouty-Messou (Thoutmosis IV), lui-même fils d’Imanahotep Hekayounou (Amenhotep II), lui-même fils de Menkheperrè Djehouty-Messou, Imanahotep Hekaousè voit le jour en l’an 2855 de l’ere africaine. Sa mère est la reine Mout-m-Ouya, femme de sang royal et détentrice du lignage, conformément à la tradition matriarcale africaine. Cela est attesté par son titre de princesse héréditaire.
A la mort de son père Menkheperouré, Hekaousè qui n’a que 10 à 13 ans est couronné pharaon. Comme le veut la règle en Afrique, il est assisté de sa mère dans l’exercice du pouvoir. A l’âge de 15 ans, il légitime sa fonction en épousant sa cousine la princesse héréditaire Tiyi, nièce et héritière de Mout-m-Ouya.
Le nouveau roi prend les rênes d’un empire créé par son arrière-grand-père. C’est cet Etat sur trois continents qu’il va, en 37 années de pouvoir, porter à son sommet historique.
Les constructions
Le roi va particulièrement mettre l’accent sur des constructions pour enrichir la ville sainte de Ouasè, devenue capitale 500 ans plus tôt sous Saré Mentuhotep (Mentuhotep II).
Ainsi à 2 km au sud d’Ipet Isout, c’est-à-dire le temple d’Imana (Dieu) à Karnak, Hekaousè entreprend l’élévation d’un nouveau sanctuaire pour le Dieu unique de l’Afrique. Les dimensions finales de ce qui est aujourd’hui le temple d’Imana à Louxor sont de 260 x 50 mètres. Il a été fortement orienté par rapport à Ré (le Soleil divin), principale manifestation d’Imana. Le temple a une salle hypostyle qui compte le nombre impressionnant de 64 colonnes en forme magnifique de papyrus.
La construction la plus grande d’Hekaousè est son Temple des Millions d’Années, dédié au culte du roi divinisé en tant que fils d’Imana. Ses dimensions extraordinaires de 700 x 550 mètres, en font le plus grand temple de ce genre construit, plus grand encore que ceux de Ramessou Maryimana et Ramessou Hekayounou (Ramsès II et Ramsès III), bâtis après.
Toujours à Ouasè, le pharaon se fait construire un complexe résidentiel qui sera le domicile officiel du roi. Aussi grand qu’une ville et d’un luxe inouï, Malkata a été fait avec des briques de terre, les constructions éternelles en dur étant préférentiellement pour Imana et ses formes (divinités).
Malkata possédait un port sur un lac artificiel, qui communiquait avec le Nil par un canal. La puissante reine Tiyi y avait son propre palais. Le complexe était habité par des milliers de personnes au service de la famille royale. Des vestiges d’un temple d’Imana et de sa fille Aissata (Isis) ont été trouvés sur le site.
Ce ne sont là brièvement décrites, que les constructions les plus emblématiques d’Hekaousè, qui aura aussi laissé un grand temple d’Imana à Soleb au Soudan. On lui compte aussi des bâtisses à Abou (Elephantine), Per Bastet (Bubastis), Abdjou (Abydos), Men Nafooré (Memphis), Iounou (Heliopolis), Souéné (Assouan) etc… Toute cette activité font de lui un des plus grands bâtisseurs de l’histoire pharaonique.
Ces temples érigés sous ordre d’Hekaousè ont été garnis de milliers de statues servant au culte vitaliste (animiste). Le souverain va plus que jamais faire recouvrir l’Egypte par Imana et ses formes. On dénombre aujourd’hui, pour le seul roi, 250 sculptures le représentant. Il est ainsi le pharaon dont on a le plus d’images. Son règne marque l’apogée absolu de l’art religieux égyptien.
La richesse inégalée
Toutes ces constructions et ces sculptures vont mettre au travail les Egyptiens et créer de très nombreux emplois. Les citoyens de tout l’empire viennent travailler et participer à l’enrichissement du pays. Le commerce se développe encore. Les nombreux lieux de cultes vont engendrer d’importantes activités économiques aux environs, comme le font les lieux de pèlerinage aujourd’hui par exemple.
Les royaumes vassaux en Asie et en Europe envoient leurs représentants se prosterner devant le roi et lui verser l’impôt. L’exploitation des mines d’or du Soudan rempli les coffres de l’Egypte. La politique non-guerrière du roi permet de limiter les dépenses militaires. Tous ces facteurs portent l’Egypte vers un faste et une opulence qui resteront inégalés pendant son histoire.
Le pharaon diplomate
Le règne d’Imanahotep Hekaousè ressemble à bien des égards à celui de son ancêtre Hatchepsout. Comme la plus grande femme pharaon, le roi va consolider la prospérité de l’Egypte sans mener de guerres. Il ne fera qu’une incursion en Nubie au debut de son règne.
Comme Hatchepsout encore, Hekaousè reprend le récit de la conception miraculeuse, dont l’origine remonte au mythe de la conception miraculeuse de Horo (Horus) par Aïssata (Isis). Imana aurait prit l’apparence de son père Menkheperouré (Thoutmosis IV), pour féconder la reine Mout-m-Ouya. Hekaousè est le fils de cette union.
Posant ainsi sa stature divine pour accentuer son pouvoir, il va egalement épouser de nombreuses princesses des pays vassaux pour renforcer les alliances. Il refusait par contre de donner ses filles en mariage aux rois étrangers suppliant, par peur que des enfants étrangers de princesses héréditaires égyptiennes, ne réclament légitimement le trône un jour.
Le roi tenait son empire grace à l’or qu’il donnait aux rois vassaux et à des accords de défense; sa puissante armée ne jouant qu’un role dissuasif. Il en vint à developper des relations fraternelles avec les rois vassaux, qui avaient finit par être satisfaits de la tutelle égyptienne.
La main mise du roi est évidente par les correspondances retranscrites par Cheikh Anta Diop dans Civilisation ou Barbarie, page 116. S’adressant à Imanahotep Hekaousè, Radimour, le roi de Byblos au Liban actuel dit “A mon Seigneur, le roi, mon soleil, Gebel (Byblos) ta servante, Radimour ton serviteur… Au pied de mon Seigneur, le soleil, 7 et 7 fois je me prosterne”.
Le royaume vassal d’Irkata dit au roi “Irkata et ses anciens se prosternent 7 et 7 fois aux pieds de notre Seigneur le roi. A notre Seigneur le soleil”. Radimour et Irkata font ici reference aux 7 prières par jour au Soleil, qui ont été reprises et déformées par l’islam, qui les a réduites à 5.
Le roi d’Amourrou écrit encore “ (Je suis) la poussière de tes pieds (…) le sol sur lequel tu marches”.
Hekaousè, hautain et un brin menaçant, répond “Au prince d’Amourrou, le roi, ton Seigneur…; sache que le roi, le soleil dans le ciel, est en bonne santé; et que ses guerriers et ses chars sont nombreux”.
Le laxisme militaire des dernières années
Dès son marriage avec Tiyi, le roi avait déjà mis en avant la divinité Aton, qui est un autre nom du Soleil. Les dernières années de son règne sont marquées par la montée en puissance du royaume hittite en Turquie actuelle. Les Hittites prennent par la guerre des royaumes vassaux égyptiens, et malgré les demandes des rois, Hekaousè n’intervient pas. Il se peut qu’il ait été tres malade à cette époque.
La santé du roi déclinant, Tiyi qui régnait avec lui, va prendre seule les commandes de l’Égypte, et preparer le prince Imanahotep Ntjerhekayounou au trône. A sa mort, c’est un empire affaibli qu’Hekaouasè va ainsi léguer à son fils, qui prendra le nom d’Akhenaton. Le nouveau pharaon continuera cette politique assez laxiste, concentrant son énergie à la promotion du culte d’Aton, deja mis en avant par son père.
C’est donc sous Hekaousè que les premiers craquèlements de la 18e dynastie commencent, et qui vont s’accentuer sous Akhenaton. Il faudra attendre Ramessou Maryimana (Ramsès II) pour que l’Egypte retrouve toute sa gloire.
S’il faut souligner ces erreurs de fin de règne qui ont préparé le déclin de la 18e dynastie, Imanahotep Hekaousè reste incontestablement, le pharaon qui a porté l’Egypte à son sommet politique, économique et culturel. Il en a fait, plus encore que n’importe qui, le pays le plus puissant de la Terre.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)