Il y a 3200 ans a vécu ce roi immense mais très peu connu. Il est regardé comme le dernier des grands pharaons égyptiens autochtones et un homme dont la fin, par assassinat commandité par une de ses épouses, fut digne d’une fiction.
Nous parlerons dans cet article de Tiyi épouse de Ramsès III, qu’il convient de ne pas confondre à Tiyi mère d’Akhenaton.
Titulature du Pharaon
Nom de naissance : Ramessou Hekayounou L’enfanté de Râ, maitre de la ville d’Iounou
Nom de Roi : Ousermaaré Maryimana Puissante est la justice du Râ/Ré, l’aimé d’Imana (Dieu)
Nom d’Horus d’or : Bik Nebou Ouserrenpout mi Atoum Riche en années comme Atoum (la particule créatrice d’Imana).
Nom des deux déesses (vautour de Haute-Egypte et cobra de Basse-Egypte) : Our Hebou Sed mi Ta-Tjenen aux grands jubilés comme le mont sacré Ta Tjenen
Nom d’Horus : Horo Kanekhet Aa Nsout Horus taureau victorieux à la royauté grandiose
La naissance de la 20e dynastie
3048 de l’ère africaine (1188 avant JC). 25 ans seulement après la mort du légendaire Ramessou Maryimana (Ramsès II), l’Egypte est gravement affaiblie par des querelles de pouvoir lors du règne de Ta Ouseret, 7e femme pharaon.
Souté Nekhetou, Général en chef des armées, impose l’ordre par la force, mettant ainsi fin à la 19e dynastie et fondant la 20e dont il est fait premier pharaon. Ses deux années seulement de règne suffiront à rétablir la paix et la force du pays. C’est sous Ramessou Hekayounou, deuxieme roi de la 20e dynastie, que l’Egypte connaitra son ultime grand roi autochtone.
Fils de la reine Mari-Aïssata et de Souté Nekhetou, Ramessou Hekayounou recoit un couronnement pompeux le 26e jour du premier mois de la saison Shemou (26 Avril). Dès l’an 5 de son règne, il va se lancer dans des guerres pour préserver son empire.
Le Pharaon guerrier
Le roi contre une attaque des tribus libyennes Libou et Mechouech. Vaincus, les prisonniers libyens sont marqués au fer rouge et emmenés en captivité. Puis ils sont intégrés à l’armée égyptienne et finissent par vivre libres. Ce sont ces Noirs libyens installés au nord de l’Egypte, qui fonderont plus tard les 22e et 23e dynasties.
Ramessou Hekayounou doit surtout faire face à ceux que les Egyptiens appelaient Na khatou n pa yem, c’est-à-dire les peuples de la mer, des armées de pirates venus d’Europe et qui se livraient au pillage. Ils rodaient dans toute la Méditerranée à la recherche de butins et de terres.
Vaincus par Ramessou Maryimana (Ramsès II), puis son fils Baniré Mari-n-Ptah, les peuples de la mer se reconstituaient sans cesse. Sous le règne de Ramessou Hekayounou, ils envahissent le Proche-Orient et anéantissent le grand empire Hittite. Désormais invincibles, Ils vont de victoire en victoire, et entendent ainsi conquérir la toute puissante et intouchable Egypte.
Face à la menace, le pharaon mène lui-même ses troupes pour affronter l’ennemi à Djahi (nom africain de la Palestine), alors partie de l’empire égyptien. La bataille de chars tourne à son avantage. Le roi victorieux installe des prisonniers de guerre sur place. Parmi les tribus des peuples de la mer, une était dénommée Pelestiou par les Egyptiens. C’est Pelestiou qui donnera Palestine.
A peine la bataille de Djahi terminée, Ramessou Hekayounou rentre précipitamment en Afrique pour faire face à une attaque par mer des Na khatou n pa yem. A l’horizon, la vue effrayante d’une immense flotte ennemie qui se rapproche des cotes égyptiennes. Le pays entier est mobilisé contre cette menace vitale.
Les Egyptiens laissent les navires des peuples de la mer pénétrer le delta du Nil, pour ensuite surgir et faire pleuvoir sur eux des flèches. Les bateaux ennemis sont coulés, les équipages massacrés. Les épéistes égyptiens montent sur les navires adverses à l’aide de grappins et battent les peuples de la mer au corps à corps.
Les survivants sont emmenés sur terre pour être achevés. Les Na khatou n pa yem sont détruits. Ramessou Hekayounou vient de sauver l’Egypte. Les autres guerres qu’il mènera auront pour but d’affirmer son autorité et consolider ses frontières.
L’empire préservé, le roi peut se consacrer au développement du pays.
Le Pharaon bâtisseur
Le règne de Ramessou Hekayounou est marqué par une prospérité de l’Egypte mais aussi par des relations difficiles avec les prêtres du lieu saint de Karnak. Le clergé était extrêmement puissant, au point de gérer des domaines qui couvraient une grande partie de la Haute-Egypte.
Le roi essaya de mettre au pas les prêtres, sans grand succès. C’est ce conflit latent entre le pouvoir du Pharaon et celui du clergé qui emmena 200 ans plus tôt Akhenaton à prendre des mesures extrêmes, en réformant la doctrine religieuse même.
C’est sous Ramessou Hekayounou qu’est documentée la première grève de l’histoire de l’humanité. Les ouvriers sur les chantiers se plaignent de retard de paiements. Le roi prend publiquement leur défense et sous ses ordres, l’administration répond favorablement à tous leurs griefs. Malgré cela une crise économique guette et le roi commence à se faire beaucoup d’ennemis internes.
Le pharaon, dans la continuité de Ramessou Maryimana, dote l’Egypte de constructions magnifiques. Son œuvre la plus marquante reste le Temple des millions d’années, bâti dans la ville de Djémé, aujourd’hui Medinet Habou en arabe.
Dédié à l’adoration d’Imana (Dieu) et au culte de Ramessou Hekayounou en tant qu’ancêtre divin, l’édifice a une enceinte équivalente à près de 7 terrains de football. Le temple proprement dit est long de 150 m. L’œuvre est absolument gigantesque. Les murs et pylônes sont couverts de gravures aux couleurs préservées et racontent de manière très extensive la vie du pharaon.
L’assassinat
La mort tragique du pharaon a considérablement secoué l’Egypte dans un scandale digne du monde moderne. Grace aux comptes-rendus juridiques de l’époque et à l’analyse de sa momie et de celle d’un de ses fils, il est possible de reconstituer les évènements de la mort du pharaon dans ce que l’historiographie appelle la conspiration du harem.
L’héritier désigné de Ramessou Hekayounou était son fils Ramessou Hekamaât, fils de la Grande épouse royale Aïssata Tah-m-Djeret. Tiyi, épouse secondaire, eut alors pour ambition d’imposer son propre fils de 18 ans Pentaouret sur le trône. Elle était consciente du fait que conformément à la tradition matriarcale africaine, la mère du roi, équivalente d’Isis, jouissait d’un pouvoir formidable.
Tiyi commença donc à tisser un réseau au sein du harem royal, de l’armée, et s’entoura de sorciers pour accomplir son coup d’Etat.
Ramessou Hekayounou fut égorgé et mourut presque aussitôt. Des pratiques de sorcellerie auraient aidé à désarmer la garde royale pour pouvoir l’atteindre. Le scanner de sa momie a révélé une entaille dans son cou longue de 7 cm, qui lui avait sectionné la trachée.
Le plan – malgré l’assassinat du pharaon – échoua, car les fidèles de Ramessou Hekamaât (Ramsès IV) réussirent à garder le pouvoir et le soulèvement du peuple prévu ne fonctionna pas. L’épouse royale Tiyi fut reconnue comme commanditaire du meurtre. Elle, son fils Pentaouret et 30 autres personnes furent arrêtés.
Au début de l’affaire retentissante, Tiyi réussit à corrompre certains policiers et juges, en leur faisant offrir des faveurs charnelles. Découverts, ils la rejoignirent sur le banc des accusés. Les juges condamnèrent les coupables à la mort ou à des mutilations (nez ou oreille coupés). Certains furent exécutés.
Pentaouret fut laissé seul dans une pièce pour se donner la mort. On refusa lors de sa momification de lui retirer le cerveau et de vider sa poitrine comme cela était coutume. Il fut recouvert d’une peau de chèvre considérée comme impure, tout cela pour le punir. On ne sait pas le sort réservé à Tiyi.
C’est par cette affaire rocambolesque que s’acheva le règne de Ramessou Hekayounou. Le roi, très souvent éclipsé par son prestigieux ainé Ramessou Maryimana, est le dernier égyptien autochtone à avoir livré avec héroïsme des grandes guerres pour maintenir l’empire égyptien, couplées à une œuvre architecturale exceptionnelle. Seul le pharaon soudanais Taharqa par la suite, s’élèvera véritablement au niveau de ces illustres rois.
Hotep!
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- – Antikforever.com
- – Revisiting the harem conspiracy and death of Ramesses III: anthropological, forensic, radiological, and genetic study; par Zahi Hawass et al, publié dans le BMJ.
- – Complot du harem de Ramses III, publié sur historia.fr