« Un jour je serai chimiste ». Cette phrase en dit long sur la détermination de Percy Lavon Julian, alors regardant des étudiants blancs dans un laboratoire, du haut d’une clôture qu’il avait escaladée. Le futur chercheur africain-américain naît en 1898 dans l’état ségrégué de l’Alabama aux Etats-Unis. Ses deux frères sont médecins et ses trois sœurs obtiennent toutes au moins un niveau de Maîtrise. Percy Julian est destiné par son père à suivre les pas de ses frères mais il choisi plutôt la chimie.
Après des études brillantes, il enseigne la chimie à l’université DeFisk au Tennessee, une institution pour Noirs. Il reçoit une bourse de l’Université d’Harvard et finit premier de son domaine dans l’établissement mythique. Mais à cause du racisme, la place d’enseignant qui lui revient lui est refusée. Il enseigne donc dans des universités noires et complète finalement sa formation par un doctorat en recherche en Autriche.
De retour aux États-Unis, il développe la physostigmine avec un collègue d’Autriche, Dr Josef Pikl. Ce composé synthétique transforme le traitement du glaucome, une maladie invalidante de l’œil. Percy Julian est reconnu dans le monde entier mais les autorités lui barrent la route d’une promotion, encore en raison de sa race. Il abandonne finalement le monde universitaire et prend de hautes responsabilités dans la Glidden Company. Il y développe une mousse retardant la propagation des flammes, qui sera utilisée pendant la deuxième guerre mondiale.
Percy Julian crée de nouveau la sensation en produisant en laboratoire la progestérone, une hormone naturelle qui prévient les avortements. Sa création a un impact majeur dans les soins de la femme enceinte. Il synthétise également la testostérone et la cortisone. Cette dernière hormone naturelle est d’une grande efficacité dans le traitement des rhumatismes. Avant le travail de Percy Julian, elle était hors de prix. Le chimiste africain-américain l’a rendu abordable pour tous.
Cette démocratisation des corticoïdes eut un rôle décisif dans le pronostic d’affections telles que l’asthme, les rhumatismes et les maladies rénales. Le Dr Percy Julian et sa famille emménagèrent dans un riche quartier de Chigago mais les racistes mirent le feu à sa maison et une bombe explosa près de la fenêtre de ses enfants. Ses voisins négrophobes dépendaient pourtant de ses traitements.
Percy Julian s’est engagé fortement dans le mouvement des droits civiques, que ce soit dans le lobby noir NAACP ou dans des organisations affiliées à Martin Luther King. Sa contribution à la médecine reste gigantesque, plusieurs facultés universitaires aux USA portent son nom, et un timbre à son effigie est en circulation.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- Black Inventors
- Les savants et inventeurs noirs, Yves Antoine, pages 33 à 36.