Des centaines de statues en pierre et une difformité qui revient toujours : les nez sont cassés. Cette anomalie est tellement fréquente que les guides et conservateurs des musées, rapportent que le pourquoi de cette altération est la question qui leur est la plus posée.
Pour les Africains et les Africains des Amériques – vu leur sort aux mains de l’Occident depuis 500 ans et l’énergie infinie déployée pour leur cacher leur histoire glorieuse – la conclusion apparait évidente : les nez ont été détruits par les Occidentaux et les Arabes, pour dissimuler le caractère noir de leurs ancêtres égyptiens. Si cette idée semble logique, elle n’est pourtant pas vraie.
Comme nous l’avons expliqué dans notre article sur le sens des masques et statues en Afrique, les statues sur le continent noir sont des objets de culte et non des objets d’art. Elles étaient presque toutes commandées par les prêtres et prêtresses, qui les vitalisaient ensuite, c’est-à-dire qui faisaient venir l’esprit voulu pour habiter la statue en question.
On avait ainsi en Egypte des statues du Créateur (Imana/Amen), de ses manifestations (divinités), de ses intermédiaires (ancêtres). En ce qui concerne les statues du Pharaon de son vivant, elles étaient faites et disséminées à travers tout le pays, pour que l’esprit du roi soit omniprésent. Et un des éléments principaux de la statue, était donc le nez.
La statue dans la mentalité africaine pharaonique, devait – comme un être humain – respirer, pour que l’esprit qui l’habite vive. C’est par le nez que passait Tja n Ankh, c’est-à-dire le souffle de vie. Ce fait était connu de tous. Casser le nez permettait donc de couper le souffle de vie et de tuer ainsi l’esprit qui habitait la statue.
Imaginons un pilleur de temple. Il entre dans le temple, il vole des objets en or et autres métaux et tissus précieux, sous les yeux des esprits qui le regardent. Quand il a fini son forfait, il est néanmoins terrifié par l’idée que les dieux le puniront par la suite. Il doit donc casser les nez des statues pour couper le souffle de vie et tuer les esprits. Ainsi il se protège de la sanction divine qui lui est promise.
Le pillage de temples et de tombes remonte à Nagada, c’est à dire l’époque prédynastique égyptienne, et a été un problème surtout pendant les périodes de désordre dites intermédiaires. Le délinquant le plus tristement célèbre en ce sens se nommait Paneb.
Edward Bleiberg, responsable de la collection égyptienne du Met Museum dit dans un article paru dans Express « Il y avait (en Egypte) une compréhension claire de ce que les statues étaient censées faire », « Sans le nez, l’esprit de la statue ne peut plus respirer puisque le vandale vient de le tuer effectivement ».
Adela Oppenheim du Boston Museum of Arts ajoute dans un article de Live Science « les statues ont le nez cassé parce que beaucoup d’Egyptiens pensaient que les statues avaient une force vitale ». Et de continuer « (Ceux qui) volaient et profanaient les tombes ont vraisemblablement pensé que les statues avaient des forces vitales qui pouvaient en quelques sorte nuire aux intrus (…) En gros vous devez tuer (l’esprit). »
Ainsi ce sont souvent des délinquants égyptiens mêmes, à l’époque pharaonique et après, qui cassaient les nez. Les pilleurs de temples et de tombes, les vandales, ainsi que les envahisseurs étrangers qui commettaient des crimes et connaissaient le pourquoi de ces statues, sont responsables de la destruction des nez.
Les Européens chrétiens de l’époque romaine puis les Arabes musulmans, dans leur guerre contre la Spiritualité Africaine en Egypte, détruisaient aussi beaucoup, aussi bien les nez que toute la statue.
Si l’Occident moderne et le monde arabe profitent des nez cassés des statues d’Egyptiens autochtones pour cacher leur nature noire, s’il y a bien des nez reconstitués de manière falsifiée comme sur le temple d’Hatchepsout, penser que c’est l’Occident qui a détruit tous ces nez à l’origine, n’est pas compatible avec les données.
En résumé les nez des statues égyptiennes ont été cassés principalement par :
Des égyptiens ou des étrangers dans le but de se protéger des sanctions divines ou d’effacer spirituellement un règne précédent.
Des chrétiens et des musulmans dans leur guerre contre la Spiritualité Africaine en Egypte.
Le point commun de tous ces actes est une volonté de destruction spirituelle ou religieuse, et non pas l’intention de dissimuler les traits africains des Egyptiens.
Hotep!
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)