Les Egyptiens anciens sont regardés par les adeptes des religions abrahamiques surtout, comme le peuple le plus cruel des temps anciens. Ceci, en raison du récit biblique de l’Exode écrit par les premiers juifs, et qui relate la supposée tentative d’extermination, la mise en esclavage et la fuite des Hébreux d’Afrique.
A travers la Torah qu’ils ont rédigé sous la direction du scribe Ezra, les Juifs ont propagé la notion selon laquelle ils sont le peuple élu de Dieu. Ils seraient donc particulièrement divins et le peuple qui leur aurait causés un si grand tort à l’origine, est le plus maléfique qui soit.
Le Christianisme et l’Islam étant en partie issus du Judaïsme, l’histoire présumée des sévices infligés par les Africains de l’époque pharaonique aux ancêtres des Juifs, est passée dans ces religions et s’est répandue partout dans le monde. Les Egyptiens anciens sont donc vus, comme un peuple mauvais par une partie considérable de l’humanité.
Même les Noirs d’aujourd’hui, dont la pensée est façonnée par les livres dits saints de ces religions, se joignent aux concerts de condamnation pour vilipender les Egyptiens. Quand ils découvrent que les Egyptiens étaient noirs et sont leurs propres ancêtres, le rejet des Noirs christianisés et islamisés ne baisse souvent pas, et la civilisation égyptienne et tous ses trésors de connaissance, si utiles pour relever l’Afrique d’aujourd’hui, sont difficilement adoptés.
Quelle est la réalité du récit de l’Exode? Ces accusations, très graves contre les Egyptiens, sont-elles vraies? C’est ce que nous allons vous dire.
Le présent article vient en complément de ceux sur la présence ou non d’un système esclavagiste dans les sociétés africaines anciennes, et les véritables origines du Judaïsme.
Avant d’aborder le cas des Hébreux en particulier, il convient de se poser la question générale :
Les Egyptiens pratiquaient-ils l’esclavage?
La réponse de l’archéologie ici est très claire depuis longtemps : Non. On peut penser que le système esclavagiste était une réalité de toutes les sociétés anciennes. Ce n’est pas le cas. L’Egypte, ancrée dans la philosophie pacifiste africaine Maât, était une société sans travail forcé.
Les monuments égyptiens, à la gloire d’Imana/Amen (Dieu), de ses formes (divinités), de ses intermédiaires (ancêtres), de la royauté, étaient faits par des travailleurs très volontaires, payés et qui avaient même le droit de grève. La langue égyptienne même ne comporte pas de mots équivalents à esclave.
Par ailleurs, les monuments égyptiens sont construits avec une précision et une méticulosité jamais égalées dans l’histoire. Un esclave n’aurait eu aucune motivation d’aligner des blocs de pierre au millimètre près. C’est le travail de personnes dédiées et enthousiastes. Les plus éminents chercheurs de ces dernières décennies ont déposé en ce sens.
Ainsi, Cheikh Anta Diop parlera de la liberté « inaliénable » de l’Egyptien. La géographe et historienne Louise Marie Diop-Maes ajoutait au cours d’une conférence à Paris qu’il était « interdit de faire pression » sur les ouvriers.
L’égyptologue Robert-Jacques Thibaud dit « Contrairement aux idées reçues et répandues depuis des siècles (…) l’Egypte pharaonique n’a pas utilisé d’esclaves pour la construction de ses temples et monuments destinés à ses rois » [1].
L’arabe égyptien Zahi Hawass et l’américain Mark Lehner ajoutent « Contrairement aux idées reçues, encore relayées par certains guides récents, les pyramides n’ont pas été construites par des esclaves ou des étrangers » [1].
Bernadette Menu dit « Rien ne permet de déceler, dans l’histoire de l’Egypte, la moindre trace d’un esclavage privé » [2].
Théophile Obenga donne des précisons sur les conditions de vie des travailleurs et dit « Ces ouvriers recevaient, de la part de l’administration pharaonique, quotidiennement pour se nourrir du pain, de la bière, du poisson, des dattes et des légumes et à l’occasion de fêtes particulières, de la viande. L’eau potable leur était également fournie chaque jour. ils étaient ravitaillés aussi en sandales (…) Chaque artisan recevait (…) un salaire déterminé sous formes de céréales, parfois aussi en métal précieux. La paie, assurée par le Trésor Royal, avait lieu au début du mois, par anticipation » [3].
Jacques Pirenne ajoute « Ce qui caractérise, en effet, la civilisation égyptienne et la distingue de toutes les autres civilisations antiques, c’est d’une part qu’elle n’a pas connu l’esclavage, et d’autre part qu’elle a donné à la femme (…) un statut juridique absolument égal à celui de l’homme » [4].
Non seulement les Egyptiens n’étaient pas esclavagistes mais il ressort de l’étude de cette civilisation que sans avoir été parfaits, nos ancêtres les plus glorieux étaient un peuple très pieux et très humain, ceci en raison de Maât. C’est cette humanité qui va les caractériser encore quand ils vont entrer en contact avec les Hébreux.
Décryptage de l’Exode
L’arrivée des ancêtres des Hébreux dans le monde noir
On rappelle que les ancêtres des Hébreux sont des Sémites issus de Blancs nés au nord de l’Eurasie. Ce peuple sémite va descendre vers le Moyen-Orient peuplé à l’époque de Noirs sumériens. C’est cette Terre de Mésopotamie au Moyen-Orient qu’il désignera comme son berceau historique. Peuple polythéiste (c’est à dire croyant en plusieurs Dieux), les Sémites symbolisés par le personnage Abraham, vont migrer vers Canaan au Proche-Orient actuel, pays habité aussi de Noirs dans les temps anciens.
Lorsque Abraham arrive à Canaan, il fait la rencontre du roi cananéen appelé Melchisédech par la Bible. La Génèse, chapitre 14, versets 18-19 nous fait état de cette rencontre en disant que : « Melchisédekh, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Dieu Très Haut. Il bénit Abram, et dit : Béni soit Abram par le Dieu Très Haut, maître du ciel et de la terre ! ». Abraham, personnage symbolisant les Sémites, a donc été accueilli par les Noirs cananéens-phéniciens, qui lui ont donné de la nourriture et l’ont initié à la connaissance du Dieu unique vénéré par les Africains depuis les origines.
La Bible continue en relatant les contacts d’Abraham avec l’Egypte. Il aura un fils, Ismaël, avec la noire égyptienne Hagar. Il s’en suivra une série de contacts entre les sémites et le monde noir. Abraham, c’est-à-dire les Sémites, sera donc accueilli par les Noirs, qui lui donneront l’hospitalité. Ensuite il vivra parmi les Africains jusqu’à sa mort. D’après la Bible, il mourut et fut, ainsi que sa femme Sara, enterré à Canaan (Génèse Chapitre 25, versets 8 à 10).
Après lui, ses descendants tels qu’Isaac, ou encore Jacob, etc.… auront eux aussi des contacts avec le monde noir et y seront accueillis. Mais ces contacts resteront au départ sporadiques et embryonnaires.
Pourquoi les gens ne remarquent-ils pas à travers la Bible que les Noirs cananéens et égyptiens offrent l’hospitalité aux Sémites (Hébreux), en les accueillant sur leur terres et en leur permettant d’y vivre et de s’y s’épanouir ? Cet accueil est-il compatible avec la méchanceté présumée des Egyptiens et la malédiction que la Bible attribue aux Cananéens (Genèse, Ch9, v20-27)?
Non, ces comportements sont ceux de peuples bons, humains et animés par Maât.
L’entrée en Afrique
C’est durant l’épisode biblique de la vie de Jacob, qu’un groupe d’Hébreux arrivent en Egypte. Jacob ayant changé de nom pour devenir Israël à un moment de sa vie (Genèse chapitre 32, verset 28), c’est donc en tant que fils d’Israël que les Sémites arrivent en Egypte en quittant Canaan.
Cet épisode est relaté dans le livre de la Genèse, chapitre 46, versets 2 à 7 : « Dieu parla à Israël dans une vision pendant la nuit, et il dit : (…) Ne crains point de descendre en Égypte, car là je te ferai devenir une grande nation. (…) Jacob quitta Beer Schéba; et les fils d’Israël mirent Jacob, leur père, avec leurs enfants et leurs femmes, sur les chars que Pharaon avait envoyés pour les transporter. Ils prirent aussi leurs troupeaux et les biens qu’ils avaient acquis dans le pays de Canaan. Et Jacob se rendit en Égypte, avec toute sa famille. Il emmena avec lui en Égypte ses fils et les fils de ses fils, ses filles et les filles de ses fils, et toute sa famille. »
Lorsque Jacob (Israël) arrive en Égypte avec toute sa famille, le texte biblique nous dit dans le livre de la Genèse, chapitre 46, verset 27 que : « Le total des personnes de la famille de Jacob qui vinrent en Égypte était de soixante-dix. »
Après avoir vécu heureux en Canaan où ils ont acquis des biens, les Hébreux auraient donc été transportés par les chars envoyés généreusement par Pharaon pour leur départ pour l’Afrique.
Que se passe-t-il pour les Hébreux (70 personnes) lorsqu’ils arrivent en Égypte ? Eh bien ils sont accueillis par nos ancêtres de la vallée du Nil. « Israël habita dans le pays d’Égypte, dans le pays de Gosen. Ils eurent des possessions, ils furent féconds et multiplièrent beaucoup. » Genèse, chapitre 47, verset 27.
Combien de temps les Hébreux sont-ils restés en Afrique, à êtres nourris, logés, se multiplier, à apprendre et bénéficier de tous les bienfaits de l’Égypte et des éléments de la civilisation ? Il est dit dans le livre de l’Exode, au chapitre 12, verset 40 : « Le séjour des enfants d’Israël en Égypte fut de quatre cent trente ans. »
La Bible avance un séjour heureux en Egypte pendant des siècles, jusqu’à l’avènement d’un nouveau pharaon qui va se montrer très brutal envers les Hébreux.
Le pharaon de l’Exode
Exode, Chapitre I, v8-11 « Il se leva en ce temps là sur l’Egypte un nouveau roi qui n’avait pas connu Joseph. Et il dit à son peuple : Le peuple des enfants d’Israël est nombreux et plus fort que nous. Venez, opprimons-le prudemment de peur qu’il ne se multiplie et que, si une guerre s’élève contre nous, il ne s’unisse à nos ennemis, et qu’après que nous serons vaincus, il ne sorte du pays.
Il (le Pharaon) établit donc sur eux des maîtres des travaux, pour les accabler de fardeaux, et ils bâtirent à Pharaon les villes des tentes, Phitom et Ramesses ».
Qui est ce Pharaon qui commence à nuire aux Hébreux ? Si on suit le texte, c’est Ramessou Maryimana (Ramsès II). En effet le passage dit que la ville de Ramesses a été bâtie par les enfants d’israël mis en esclavage, pour le Pharaon. Cette ville dont on parle est très certainement Per-Ramessou (Pi-Ramsès), capitale bâtie par Ramessou Maryimana. Phitom est – d’après National Geographic – Per Atoum, autre ville bâtie par le pharaon.
Le problème est qu’il n’y a absolument aucune preuve qu’un peuple était à cette époque plus fort que les Egyptiens en Egypte. Quand le roi construit sa capitale, il a déjà conquis l’Asie de l’ouest et le Soudan et est probablement en ces temps, l’homme le plus puissant au monde.
Par ailleurs les Egyptiens restent à cette époque noirs; et bien qu’il y ait plusieurs peuples d’origine étrangère qu’ils accueillent, aucun ne leur fait concurrence en nombre et en pouvoir sur leurs terres. La situation interne à l’Egypte, décrite par la Bible pour cette période, est donc purement imaginaire.
Le second point est que probablement aucun roi ne fut vénéré dans l’histoire de l’Egypte comme Ramessou Maryimana après sa mort. 9 pharaons ont porté son nom Ramessou pour égaler sa grandeur et la prospérité qu’il avait apportées, un record! Si le Dieu des juifs avait maudit et furieusement puni l’Egypte pour la maltraitance des enfants d’Israël, comme le relate la Bible, alors on aurait tout fait pour oublier le roi, comme les Egyptiens l’avaient fait pour d’autres pharaons.
Concernant le traitement de ses ouvriers, il ressort parfaitement que le grand roi n’était pas le moins du monde esclavagiste, et disait ainsi « Oh travailleurs choisis et vaillants. Oh ! Vous êtes les bons combattants qui ignorez la fatigue, qui exécutez les travaux avec fermeté et efficacité. Je ne vous ménagerais pas mes bienfaits, les aliments vous inonderont. Je pourvoirai à vos besoins de toutes les façons, ainsi vous travaillerez pour moi d’un cœur aimant.
Je suis le défenseur de votre métier (…) votre nourriture sera très copieuse, car je connais votre travail véritablement pénible, pour lequel le travailleur ne peut exulter que lorsque son ventre est plein (…) j’ai aussi mis en place un nombreux personnel pour subvenir à vos besoins : des pêcheurs vous apporteront les poissons, d’autres, des jardiniers feront pousser les légumes, des potiers travailleront au tour afin de faire fabriquer de nombreuses cruches, ainsi pour vous, l’eau sera fraîche à la saison d’été » [5].
Qui plus est, il n’existe aucune preuve d’une mise en esclavage et tentative d’élimination d’un peuple à cette époque. Le pharaon a laissé beaucoup de monuments et d’écrits en Egypte et au Soudan, et on ne trouve absolument aucune trace de cela. Il aimait par ailleurs parler de ses victoires en des termes très pompeux. S’il avait ainsi eu le dessus sur un peuple en particulier, il l’en aurait certainement fait la publicité.
La Bible continue et dit dans l’Exode Chapitre II verset 23 « Or après beaucoup de temps le roi d’Egypte mourut ». C’est donc sous le successeur de Ramessou, à savoir son fils Baniré Mary-n-Ptah (Merenptah), que les plaies d’Egypte et la fuite des Hébreux se seraient passées.
Concernant les plaies d’Egypte, il n’existe aucune preuve historique de leur déroulement. Les seuls évènements qui s’en rapprochent datent de 300 à 400 ans avant le règne de Baniré. Il s’agit des effets de l’explosion de l’ile de Santorini dans la Méditerranée, puis d’une période de changement climatique, qui n’ont rien à voir avec une punition d’un Yahvé.
Quand les enfants d’israël prennent la fuite, la Bible décrit ainsi la réaction des Égyptiens au Ch14, v6 « Il (le Pharaon) attela donc son char et prit avec lui tout son peuple ». Et concernant la fameuse scène de l’ouverture de la Mer Rouge avec la noyade des Egyptiens poursuivant les Hébreux, Ch14, v28. « Les eaux retournèrent et couvrirent tous les chars et tous les cavaliers de l’armée de Pharaon, qui, en les suivant, étaient entrés dans la mer. Il n’en resta pas un seul. »
Tout d’abord, nous comptons sur le raisonnement le plus simple de la lectrice et du lecteur, pour arriver naturellement à la conclusion que la Mer ne peut pas s’ouvrir au milieu. Ensuite le texte nous dit bien que le Pharaon et toute son armée sont morts noyés.
Après la traversée fantastique de la Mer Rouge, les Hébreux auraient passé 40 ans dans le desert pour arriver à Canaan. C’est tout simplement impossible. Quelque soit l’itinéraire emprunté, on ne peut pas mettre aussi long pour rallier Per-Ramessou (Qantir aujourd’hui) à Jérusalem. Même en prenant une distance exagérée de 1000 km, ca fait 68 mètres par jour!! Cette durée a été choisie au hasard.
Et encore! Comme le souligne l’historien israélien Shlomo Sand, qui au cours d’une conférence aux Etats-Unis, réfute le mythe de l’Exode, à cette époque et pendant des siècles même, Canaan était un territoire de l’empire égyptien. Les Hébreux auraient donc fuit l’Egypte… pour aller en Egypte.
La Bible trahit encore le bien-être dont les Hébreux auraient toujours joui en Egypte, au Chapitre 16 versets 2-3. Lorsque les Hébreux se retrouvent au désert sous la conduite de Moise et en route vers Canaan, ils se mettent à regretter l’Egypte « Et toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d’Israël leur dirent : Que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions du pain à satiété? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude. »
Ces passages trouvent un écho jusque dans les évangiles, notamment dans l’Évangile de Jean, chapitre 8 versets 33, où les Hébreux s’expriment en disant « Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ».
En résumé jusqu’ici :
- Les Egyptiens ne pratiquaient pas l’esclavage et étaient pacifistes.
- Les Hébreux, venus de Mésopotamie, ont été accueillis les bras ouverts par les Noirs cananéens et égyptiens.
- Les Hébreux ne représentaient pas de danger du temps de Ramessou Maryimana, pour justifier leur mise en esclavage.
- Ramessou Maryimana était très aimant envers ses ouvriers, et non esclavagiste.
- Les plaies d’Egypte n’ont jamais eu lieu.
- La mer ne peut pas s’ouvrir au milieu.
- Ni Baniré Mary-n-Ptah ni aucun autre pharaon, n’est mort noyé.
- Il n’y a aucune preuve de la disparition de l’armée égyptienne.
- Il est impossible de marcher pendant 40 ans pour parcourir la distance entre l’Egypte et Canaan.
- D’autres passages bibliques suggèrent que les Hébreux ont toujours vécu heureux en Egypte et non comme esclaves.
- Ca n’a aucun sens de fuir l’Egypte pour aller en Egypte.
Dans un document intitulé Max Doubt in the desert, la University of Western Australia écrit « L’exode israélite depuis l’Egypte est clairement l’événement le plus important de la bible hébraïque, et pourtant il n’existe actuellement aucune preuve archéologique directe pour appuyer cette tradition ».
Haaretz, un des plus renommés journaux israéliens, a consacré un article sur le sujet intitulé Les Hébreux ont-ils jamais été esclaves en Egypte? Oui. Nous orientons la lectrice et le lecteur vers l’article en question. L’auteur essaie superficiellement et sans succès, de prouver que l’esclavage existait en Egypte. Pour ce qui est de l’esclavage des Hébreux mêmes, il n’apporte absolument aucune preuve.
Le Jerusalem Post, autre journal renommé, est beaucoup plus franc et avoue dans son article L’Exode : l’archéologie a-t-elle quelque chose à en dire? « La réponse courte (à la question de la véracité de l’Exode) est « non ». Tout le thème de l’Exode est embarrassant pour les archéologues. L’Exode est si fondamental pour nous et nos sources juives, qu’il est embarrassant qu’il n’y ait aucune preuve en dehors de la bible pour l’appuyer.
(…) il n’y a rien dans les documents égyptiens pour l’appuyer. Rien sur la mise en esclavage des Israélites, rien sur les plaies qui auraient persuadé le pharaon de les laisser partir, rien sur la traversée miraculeuse de la Mer Rouge. Rien.
Rien du tout ».
Y a-t-il quelque chose de vrai dans le mythe de l’Exode?
Cette histoire qui n’a donc, dans l’état de ce qu’on sait, jamais existé, pourrait cependant avoir eu pour inspiration deux évènements en Egypte.
Le premier serait la victoire sur les Hyksos, des Sémites qui s’étaient emparés du nord de l’Egypte pendant 150 ans. Quand le pharaon Yahmessou a repris tout le pays, il s’est montré très dur avec les Hyksos et leurs alliés, dont possiblement les ancêtres des Hébreux. C’est peut être le souvenir de ces justes punitions et règlements de compte pour libérer l’Afrique, qui serait une inspiration.
Le deuxième événement serait le règne d’Akhenaton. A sa mort, les autorités restées fidèles au culte originel d’Imana et toutes les divinités, ont entrepris de faire disparaitre la réforme du pharaon, qui portait sur le culte central au soleil Aton, principale manifestation d’Imana et dont Akhenaton s’était déclaré seul prophète.
Les Hébreux seraient restés fidèles aux enseignements d’Akhenaton. Sous la conduite du prêtre égyptien Osarseph suivant d’Akhenaton, ils auraient donc été chassés d’Egypte. C’est la figure d’Osarseph qui aurait en partie servit à l’invention du personnage Moïse.
Pourquoi avoir inventé l’Exode?
Les Hébreux ont donc été généreusement accueillis par les Cananéens et les Egyptiens, qui leur ont appris la religion et tous les éléments de la civilisation. C’est encore l’Egypte, sous le pharaon soudanais Shabaka et le général Taharqa, qui viendra sauver les Hébreux de l’anéantissement par les Assyriens à Jerusalem. Cette bataille s’est déroulée en 701 avant l’ère actuelle. Comment donc expliquer que les Hébreux aient diabolisé les Egyptiens et les Cananéens par la suite?
Pour les Cananéens c’est assez clair, il fallait leur prendre leur terre. D’où l’invention de la notion de terre promise et la malediction biblique des Noirs à travers les Cananéens. Il fallait condamner les Cananéens à un esclavage soit-disant ordonné par Dieu, pour justifier leur extermination et la prise de leurs biens.
Pour les Egyptiens on ne sait pas bien. Est-ce des rancunes de l’époque des Hyksos ou d’Akhenaton? C’est assez peu probable. Ou alors, plus vraisemblable, les Egyptiens par leur puissance, représentaient le peuple idéal à faire vaincre par Dieu, dans un sketch visant à montrer que Dieu avait élu et choisi les Hébreux au dessus de tous, même au dessus des plus forts qui aient été.
Quoi qu’il en est, la façon dont nos ancêtres sont traités dans la Bible et le Coran, pour des faits qu’ils n’ont pas commis et alors qu’ils étaient un peuple humaniste, est extrêmement problématique. C’est cette malédiction des Noirs dans la Bible, qui a, comme nous l’avons montré, donné naissance au racisme anti-noir dans le monde.
Conclusion
Les Egyptiens ont dominé le monde pendant 2000 ans et ont été les premiers maîtres de la Terre. Ils avaient eux aussi les moyens, comme d’autres forces le font depuis 500 ans, d’aller exterminer des peuples entiers et piller partout sur la planète. Au lieu de cela, ils ont répandu la civilisation sur tous les continents, et propagé l’idéal humaniste de Maât.
C’est cet idéal pacifiste et humaniste de Maât, qu’on retrouve dans l’Hindouisme, le Bouddhisme et le Taoïsme, religions filles de la Spiritualité Africaine d’Egypte et du Soudan. Le mythe de l’Exode, inventé de toutes pièces, et si destructeur pour l’image des Egyptiens anciens, doit donc être défait.
Il est indispensable pour les Noirs de réhabiliter leurs ancêtres les plus glorieux, non seulement parce que ce sont nos parents et que nous leur devons loyauté, mais aussi pour que les connaissances égyptiennes, sur lesquelles l’Afrique de demain devra se bâtir, soient entièrement et fièrement embrassées par tout le monde noir.
Hotep!
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
[1] La traite négrière européenne: vérité et mensonges, Jean-Philippe Omotunde, page 40
[2] Histoire de l’esclavage: critique du discours eurocentriste, Jean-Phillipe Omotunde, page 54
[3] Quand l’Africain était l’or noir de l’Europe, Bwemba Bong, page 40
[4] La traite négrière européenne: vérité et mensonges, Jean-Philippe Omotunde, page 42
[5] Idem, page 41