L’économie organisée du royaume Kongo

Le royaume Kongo fut un Etat ancien situé en Angola, dans les deux Congo et au Gabon. Nous avons parlé de l’histoire globale de ce royaume ici, nous allons vous donner un bref aperçu de son économie. 

La monnaie

La monnaie était faite de coquillages, comme un peu partout en Afrique ancienne. Ces coquillages étaient collectés par les femmes sur l’île de Luanda et exploités uniquement par l’Etat. La récolte était vérifiée et comptabilisée par des fonctionnaires royaux, et s’effectuait sous la direction du Mani Luanda, le gouverneur de l’île, qui avait également la charge de son acheminement vers la capitale Mbanza Kongo.

La monnaie s’appelait Nzimbu. Le Nzimbu permettait les échanges ainsi que la réception des tributs des gouverneurs locaux par le pouvoir central. Il permettait de régler les dépenses publiques. 

Loango, ville ancienne du Kongo, située au Congo Brazzaville actuelle
Reproduction du hollandais Olfert Dapper au 17e siècle

La fiscalité

Une administration spécialisée assurait la rentrée et la comptabilité des revenus du pouvoir central. Trois corps de fonctionnaires étaient affectés à la fiscalité. Il s’agissait des Mfutila, des Mani Mpanza et des Mani Samba. Les Mani Samba étaient chargés de la perception des taxes aux péages routiers, de l’impôt sur les marchandises.

La métallurgie

Le minerai de fer abondait dans le royaume, et affleurait la surface du sol sous forme de pierre ferrugineuse. De nombreux ateliers de transformation du fer étaient installés sur les collines proches de Mbanza Kongo. Ils produisaient des armes nécessaires à la défense de l’empire et à son expansion territoriale. Ils produisaient aussi l’outillage domestique, haches et houes permettant l’exploitation rationnelle des terres et des forêts. Le cuivre également était travaillé, notamment dans le Congo-Brazza actuel.

L’agriculture 

Les baKongo étaient décrits comme des arboristes et d’habiles agriculteurs. Plusieurs variétés de mil et de sorgho étaient cultivées, des variétés de bananes et une dizaine de variété d’ignames y étaient produites. L’abondance et la variété étaient tel qu’on dit « ils cultivent 12 espèces de plantes alimentaires, mures chacune durant un mois distinct, de manières à disposer de vivres frais durant toute l’année. » [1]. L’élevage de gros bétail était également pratiqué. On trouvait des bœufs, des moutons, des chèvres, des porcs et des oiseaux de la basse-cour. 

Le textile

L’imagination reste pour toujours marqué par les récits d’explorateurs restitués sous la plume de l’historien allemand Leo Frobenius qui décrivait les habitants du Kongo comme des gens « habillés de soie et de velours, civilisés jusqu’à la moelle des os » [3]. Plusieurs palmiers étaient méthodiquement cultivés aux fins de l’industrie textile. Leurs fibres servaient à la confection de tissu de très haute qualité. Le brocart s’appelle Incorimba. Les velours se disaient Enzacas. Les damas se disaient Infulas. Les satins Maricas, les taffetas se disaient Tangas. Les armoisins se disent Engombos.

Ci dessous des textiles kongo conservés dans les musées en Occident.

Le marché 

Appelé Nzandu, le marché était le lieu d’échange par excellence. A Mbanza Kongo, il était le principal centre d’échanges, de redistribution et arbitre de la mode. On disait des baKongo qu’ils « font preuve de bon jugement, particulièrement pour le négoce » [2]. G. Balandier dit « Les baKongo ont donné à l’institution des marché une importance exceptionnelle… ce réseau de relation constitue un phénomène exceptionnel ». [2]

Toute cette économie, admirable par son organisation, sera détruite par les attaques portugaises pendant de la traite négrière.

Hotep! 

Par : Lisapo ya Kama  © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Théorie de la révolution africaine, Tome 1 : repenser la crise africaine ; Jean Pierre Kaya
  • Histoire de l’Afrique noire, Joseph Ki-Zerbo
  • [1] Théorie de la révolution africaine, Tome 1 : repenser la crise africaine ; Jean Pierre Kaya
  • [2] Théorie de la révolution africaine, Tome 1 : repenser la crise africaine ; Jean Pierre Kaya
  • [3] Nations Nègres et Culture, Cheikh Anta Diop, page 343
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