Pourquoi? Si vous êtes africain et normalement constitué, à partir du moment où vous prenez conscience du monde qui vous entoure et ce jusqu’à la mort, vous vous demandez d’où vient le mépris et la haine qu’une partie absolument considérable de la planète a pour nous. Chaque Noir s’est déjà posé cette question tant la situation parait injustifiée, extrême, universelle sous certains aspects.
Du mépris de l’Occident à la violence assumée du monde arabe, en passant par des situations similaires en Russie, en Inde, en Chine, en Amérique latine, et même en Océanie contre les Noirs locaux (Aborigènes, Kanaks), le racisme anti-noir est un phénomène mondial. Les Noirs sont non seulement bien souvent rejetés, mais ils sont de manière consistante les plus pauvres et au plus bas de la société partout.
Qu’est ce qui explique le racisme anti-noir ? Comment est-il né ? Comment s’est-il répandu ? On va voir que son début est bien situé dans l’histoire, son parcours et les mécanismes qui le soutiennent bien traçables.
Le présent article vient en complément de notre premier sur l’origine du racisme anti-noir dans le monde. Nous rappelons encore que les textes colorés en bleu, renvoient vers d’autres articles détaillés.
Les premiers maîtres de la Terre
De l’avènement du monumentalisme dans la civilisation égyptienne il y a 5000 ans, au début décisif de son déclin il y a 2700 ans, les Noirs ont dominé la Terre. La puissance de l’Egypte pharaonique n’était pas seulement régionale mais bel et bien planétaire. Ce sont les Egyptiens qui ont civilisé ou inspiré les civilisations d’Asie, d’Amérique et enfin d’Europe. Ils sont allés partout et la pharaonisation fut la première mondialisation de l’histoire.
Pendant ces millénaires où comme le disait Antoine Fabre d’Olivet « la race noire (…) dominait alors sur toute la Terre, et y tenait le sceptre de la science et du pouvoir » [1], personne ne pouvait bâtir un système ségrégationniste contre les Africains, tout comme aujourd’hui personne ne peut imposer un système ségrégationniste aux Blancs européens, tant ils sont puissants.
Les Egyptiens étaient certes un peuple pacifiste et non-esclavagiste en vertu de Maât, mais ils savaient imposer le respect par la force des armes au besoin, et inspirer la crainte chez leurs ennemis.
Ces avantages dans tous les domaines expliquent pourquoi c’est seulement quand l’Egypte entamera son déclin, que le texte fondateur du racisme sera écrit et diffusé.
La malédiction de Cham
Livre biblique, Genèse, chapitre 9, versets 18 à 19 : « Les fils de Noé, qui sortirent de l’arche, étaient Sem, Cham et Japhet. Cham fut le père de Canaan. Ce sont là les trois fils de Noé, et c’est leur postérité qui peupla toute la terre ».
Genèse ch.9 v.20-27 : « Noé commença à cultiver la terre, et planta de la vigne.
Il but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente.
Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères.
Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent sur leurs épaules, marchèrent à reculons, et couvrirent la nudité de leur père; comme leur visage était détourné, ils ne virent point la nudité de leur père.
Lorsque Noé se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet.
Et il dit: Maudit soit Canaan! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères!
Il dit encore : Béni soit l’Éternel, Dieu de Sem, et que Canaan soit leur esclave!
Que Dieu étende les possessions de Japhet, qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit leur esclave!»
Ce passage biblique du Judaïsme est la fondation du racisme anti-noir. On y décrit d’abord les grandes nations sur Terre : Cham (les Noirs), Sem (les Sémites), et Japhet (les Indo-Européens), tous fils de Noé. Cham voit la nudité de son père Noé et Canaan fils de Cham est maudit pour la faute supposée de Cham. Cham désigne les Noirs. Ce mot vient de Kam/Kem qui signifie noir en Egyptien et désignait le peuple pharaonique. Les fils de Cham sont Canaan (Proche-Orient), Mizraim (Egypte), Koush (Soudan) et Punt (Grands Lacs africains).
En sachant que l’histoire de l’ivresse de Noé et la malédiction de Cham à travers Canaan est un mythe, on se demande : pourquoi avoir écrit ce mythe ? Eh bien parce que les Juifs originaux d’il y a 2500 ans cherchaient à se sortir d’une situation peu favorable. C’était un peuple sémitique arrivé au Proche-Orient sur une Terre appartenant historiquement aux Noirs cananéens-phéniciens. La région entière était par ailleurs partie de l’empire égyptien.
Les proto-Hébreux étaient restés pendant des siècles un peuple sans importance, sans territoire véritable et frustré, d’où l’ambition de prendre la terre des Cananéens. Pour ce faire, il fallait inventer à ces derniers une malédiction divine et les condamner à l’esclavage. La Bible est en partie un livre de guerre au service des Hébreux. Cela est confirmé par le livre biblique de Josué où le Dieu juif Yahvé guide les enfants d’Israël dans l’extermination des Cananéens et l’accaparement des biens de ceux-ci.
Par ailleurs l’Egypte étant en déclin, les Hébreux règlent leurs comptes avec cette ancienne puissance dominante, en inventant le mythe de l’exode, la malédiction du Pharaon et les plaies d’Egypte. C’est donc en réalité les Cananéens et les Egyptiens – deux nations noires ayant contrarié pendant des siècles les plans des Hébreux d’origine étrangère initialement – qui sont la cible ici, d’où la malédiction de Cham.
La naissance du Judaïsme avec l’écriture de la Bible et bien des thèmes développés, tel la puissance de Salomon qui n’était en fait qu’un petit chef de campement, s’explique par la situation des Hébreux de l’époque et leur besoin absolu de grandeur, grandeur qu’il fallait présenter comme une volonté indiscutable de Dieu.
Dieu n’a jamais maudit les Noirs. C’est parce que les Noirs étaient des obstacles aux ambitions géopolitiques des Hébreux que ceux-ci ont inventé la malédiction de Cham.
Cette malédiction commençait sa diffusion en entrant dans le Christianisme nouvellement consacré par les Romains, et créé en partie à partir du Judaïsme. Ceci étant, à ses débuts, le Christianisme ne faisait pas particulièrement la publicité de la malédiction de Cham.
L’empire romain a certes très violemment supprimé la Spiritualité Africaine du pourtour méditerranéen, mais Rome n’avait pas une attitude discriminatoire envers ses nombreux citoyens noirs. Les théoriciens juifs quant à eux continuaient de développer ce thème de la malédiction, en associant en plus les Noirs à la laideur et à la dépravation sexuelle.
Ainsi au 5e siècle, dans le Midrash Rabba, page 293 on a Noé qui dit à Cham : « tu m’as rendu incapable de faire des choses au plus noir de la nuit, alors ta postérité (c’est-à-dire ta descendance) sera vilaine et noire de peau ».
Robert Graves et Raphaël Patai nous donnent un aperçu supplémentaire de cette malédiction dans un autre texte hébraïque à travers leur livre intitulé :« Les mythes hébreux », éd. Fayard, 1987, p.192 : « De plus, puisque tu t’es contorsionné pour voir ma nudité, les cheveux de tes petits enfants s’entortilleront jusqu’à devenir crépus et ils auront les yeux rouges, en outre, puisque tes lèvres ont plaisanté sur mon infortune, les tiennes vont enfler et puisque tu as manqué d’égards pour ma nudité, ils iront tout nus et leur membre viril (sexe) s’allongera ignominieusement ».
Les Juifs étant toujours sous domination – romaine à cette époque – ils n’avaient pas d’Etat pour instituer un système raciste à partir de toutes leurs thèses. C’est avec l’avènement de l’Islam que l’idée judéo-chrétienne du Noir maudit, laid et dépravé allait trouver terrain favorable.
Le monde arabe
Quand l’Islam nait au 7e siècle, il existe des tribus juives en Arabie, et le territoire, partiellement colonisé par les Romains, connait aussi le Christianisme. La malédiction de Cham était connue des Arabes, bien que les rédacteurs du Coran ne l’aient pas reprise textuellement.
Le très influent imam perse Tabari – comme le proéminent historien arabe Ibn Khaldoun plus tard – pose dans le tome 1 de sa Chronique au 9e siècle, la hiérarchie des « races » en ces termes : «[…] Les trois fils que laissa Noé étaient: le premier, Sem, de la race duquel sont venus les Arabes, les prophètes et les gens de bien; le second, Cham, c’est de lui que sont sortis les Nègres et les Éthiopiens qui ont produit des descendants infidèles.
Or, les enfants de Cham devinrent noirs parce que leur père s’approcha de sa femme, dans l’arche, malgré la défense de Noé, qui le maudit; et le Dieu très-haut changea (en noir) la semence (sperme) de ses reins.»
On a souvent avancé que les Arabes initiaux n’étaient pas racistes parce qu’ils mettaient en esclavage tous les peuples. Sauf que parmi les esclaves, les Noirs étaient déjà en ces temps vus comme les derniers de tous.
Le chercheur Mark Perry dit ainsi « Il y avait (dans le monde arabo-musulman) une hiérarchie parmi les esclaves parallèle et reflétant la hiérarchie dans la société libre (…) Les (esclaves) européennes étaient prises comme concubines et même épouses (…) les Africaines subsahariennes étaient assignées aux travaux domestiques les plus serviles (…) et les hommes africains subsahariens également étaient assignés aux travaux les plus rudes.
(…) Qu’ils eurent été croyants musulmans ou pas (…) les Africains et la peau noire étaient généralement considérés comme laids. Les Africains sont connus (à l’époque) comme paresseux, indignes de confiance, avec un corps malodorant, enclin à la barbarie et la violence, avec des facultés mentales moindres, tendant aux excès sexuels et à la dépravation » [2]. L’auteur ne précise pas ceci dit, si les ajouts mentionnés dans ce 2e paragraphe sur la mauvaise odeur, la violence et l’intelligence inférieure, apparaissent en premier chez les Arabes ou sont copiés plus tard des Européens.
L’Europe
Les iconographies associant le Noir au Diable commencent à apparaître en Europe chrétienne au Moyen-Age.
Mais cette vision religieuse semble avoir été encore ici d’un impact négligeable. Les Maures, ces Noirs berbères d’origine maghrébine, qui avec les Arabes dirigèrent l’Espagne et recivilisèrent l’Europe, n’étaient ainsi pas particulièrement insultés pour leur couleur. Les textes européens de l’époque montrent une haine parce qu’ils étaient musulmans et un étonnement devant leur peau très noire, d’où dans les écrits « gent incroyable », « plus noir que le plus noir des encres », « noir comme poix fondu ». C’était juste une surprise devant quelque chose que les générations de l’époque voyaient pour la première fois.
La mise en place du racisme anti-noir en Occident débute en réalité quand les Européens commencent à conquérir le monde.
La traite négrière européenne
Après avoir renversé les Maures et les Arabes en Europe, les Européens arrivent en Afrique dans le Golfe de Guinée au 15e siècle. Dès le début, en s’inspirant des Arabes, la malédiction de Cham est utilisée pour justifier l’esclavage. La question est de savoir ici, les Européens ont-ils trouvé des gens « inférieurs » ? La réponse est non. L’Afrique était probablement à cette époque le continent le plus riche de la Terre et était couverte d’empires sophistiqués.
Par ailleurs les Portugais qui débarquaient sur nos terres avaient vécu avec les Maures qui les avaient civilisés. Il n’y avait donc rien, en Europe comme en Afrique, qui leur renvoyait l’image de Noirs intellectuellement inférieurs.
Mais si les Noirs au sud du Sahara étaient riches, leur attitude pacifiste en vertu de Maât faisait qu’ils n’avaient pas de défense militaire suffisante. Peu exposés au monde nordique guerrier contrairement à leurs ancêtres égyptiens, fabriquer des armes de destruction massive n’était pas pour eux une nécessité. C’est pourquoi ils ont été militairement vaincus par les esclavagistes.
C’est ainsi que par leur position non loin de l’Amérique et leur incapacité à se défendre, les Noirs ont été désignés comme ceux qui iraient travailler de force pour mettre en valeur les terres nouvellement conquises d’Amérique, et financer par leur mise en esclavage, la naissance de la civilisation occidentale moderne.
Le problème était que la traite négrière était une entreprise de déshumanisation des Noirs devant les yeux du monde. L’Occident devait donc, pour justifier cette activité inqualifiable, prouver à tous que les Noirs n’étaient pas des Êtres humains et qu’il ne faisait ainsi rien de mal. C’est la naissance véritable du racisme anti-noir en Occident.
Cheikh Anta Diop dit « « Nègre » devient synonyme d’être primitif, « inférieure, doué de mentalité pré-logique ». Le souci de légitimer (…) la traite des esclaves – autrement dit la condition sociale du Nègre dans le monde moderne – engendrera toute une littérature descriptive des prétendus caractères inférieurs du Nègre. L’esprit de plusieurs générations européennes sera ainsi progressivement faussé. L’opinion occidentale se cristallisera et admettra instinctivement comme une vérité révélée que Nègre = humanité inférieure (…) Désormais le capitalisme est à l’aise. Il pourra exercer les plus féroces exploitations à l’abri de prétextes moraux ». [3].
La malédiction judéo-chrétienne de Cham jouera un rôle entier dans ce travail consistant à chasser les Africains de l’espèce humaine. Sa propagation aux masses populaires européennes aurait commencé en Hollande au 17e siècle. Ainsi Montesquieu, intellectuel européen de la renaissance dira « On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un Être très sage ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir (…) Il est impossible que ces gens-là (les Noirs) soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes nous-mêmes pas chrétiens ».
Est-ce à cette époque que noir est devenu synonyme de tout ce qui est mauvais, sale et malheureux dans les langues européennes ? Nous ne le savons pas mais cette composante linguistique est un pilier majeur du racisme anti-noir.
Du 17e au 19e siècle, la littérature occidentale va foisonner d’écrits insultant et dégradant les Africains. Gobineau, Kant, Hegel, Berkeley, Voltaire etc… vont asseoir le mythe de la supériorité blanche et l’infériorité noire. Le racisme scientifique va essayer par des mensurations de crânes et autres de prouver les thèses de la hiérarchie des races.
L’Occident, entré partout par la force, a eu accès à la grande majorité des sites archéologiques de la planète et partout les traces des Noirs ont été trouvées. En plein délire suprémaciste blanc, la redécouverte du caractère noir de l’Egypte pharaonique n’était plus une vérité acceptable. Et probablement le fait de découvrir que les Noirs étaient les premiers maîtres de la Terre, a fait d’eux une sérieuse menace pour l’hégémonie occidentale et provoqué l’intensification de la guerre contre eux.
Cheikh Anta Diop ajoute « Les égyptologues furent pétrifiés d’admiration devant le passé de grandeur et de perfection qu’ils découvrirent alors et que, peu à peu, ils reconnaissent comme étant celui de la plus ancienne civilisation qui a engendré les autres. L’impérialisme aidant, il devenait de plus en plus « inadmissible » de continuer à accepter la thèse jusqu’alors évidente d’une Egypte nègre. La naissance de l’égyptologie sera donc caractérisée par la nécessité de détruire à tous prix et dans tous les esprits, le souvenir d’une Egypte nègre, de la façon la plus complète » [4].
Cette suppression des Noirs de l’histoire de l’humanité est reprise en écho par Victor Hugo, considéré comme un des plus grands écrivains français de l’histoire, qui encourageant l’Europe à l’invasion coloniale, disait « Que serait l’Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touchée (…) Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce monceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité, -l’Afrique.
Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. […] Cette Afrique farouche n’a que deux aspects : peuplée, c’est la barbarie ; déserte, c’est la sauvagerie […] Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. […] Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez la. A qui ? A personne ».
En conquérant le reste du monde pendant la colonisation, l’Occident diffuse ainsi partout le mythe de la hiérarchie des races avec sa supériorité blanche et l’infériorité noire. Subjugués par la puissance de la civilisation occidentale moderne, les peuples conquis vont finir par accepter cette hiérarchie comme une vérité. Les institutions chrétiennes aideront pleinement en ce sens.
Cette hiérarchie viendra renforcer des idées établies dans le monde arabo-musulman, et sera nouvelle pour tous les autres peuples. Toute la planète à partir du 19e siècle a donc commencé à regarder les Noirs comme non-humains, laids, inférieurs, idiots, dangereux.
Et aujourd’hui ?
L’Occident ayant construit son hégémonie mondiale et ses privilèges sur le racisme anti-noir, il n’est pas question aujourd’hui de remettre profondément en cause ce système. Le racisme en Occident est fondamental et structurel. Il est sponsorisé et diffusé par les Etats à leurs citoyens par 3 vecteurs :
- L’effacement des Noirs de l’histoire
- Les langues qui reprennent tous les éléments de la malédiction de Cham (pensées noires, travailler au noir, humour noir, jeudi noir etc…).
- Les médias qui s’appliquent à ne montrer souvent que les mauvais côtés de l’Afrique.
Tout cela est aidé par des politiques destinées à maintenir l’Afrique dans la pauvreté et les Noirs au plus bas de l’échelle sociale partout.
Voilà comment les Noirs, considérés comme les divins civilisateurs du monde, sont devenus les parias de l’humanité.
L’effet du racisme sur les Africains
La pensée coloniale a entièrement redéfini ce qu’est l’Afrique. Les Noirs pensent qu’ils n’ont pas d’histoire et sont moins intelligents. Les religions qu’ils embrassent et les langues européennes leur enseignent qu’ils sont laids, mauvais etc… Le meilleur moyen de se sortir de cette situation est donc de se blanchir d’une manière ou d’une autre. D’où ces mots terribles de Frantz Fanon « pour le Noir, il n’y a qu’un destin. Et il est blanc » [5].
Ainsi les Noirs clairs de peau sont vus comme ayant plus de valeurs que les Noirs foncés. C’est ce qu’on appelle le colorisme. Les femmes se blanchissent la peau et se défrisent les cheveux par conséquent. Beaucoup rêvent par aliénation d’épouser des Blancs et d’avoir des enfants métis.
La vie des Noirs n’ayant aucune valeur, les Chefs d’Etat africains regardent leurs concitoyens comme des insectes. Ils n’en n’ont rien à faire du bien-être de leurs peuples et les massacrent au moindre soulèvement. Des Noirs sud-africains déversent leurs frustrations économiques sur les autres Africains vus comme ayant encore moins de valeurs qu’eux mêmes. Les Noirs dans les gangs aux États-Unis tuent les autres Noirs à un rythme effréné etc… C’est une haine de soi, qui est le résultat de l’idéologie raciste.
En résumé
Les étapes de la naissance et de la propagation du racisme anti-noir sont les suivantes :
Les Juifs écrivent la malédiction de Cham, afin d’anéantir les Cananéens et avoir leur revanche sur l’hégémonie des Egyptiens.
La malédiction de Cham est reprise par les théologiens musulmans pour assigner les Noirs à l’esclavage le plus brutal.
Les Européens reprennent la malédiction de Cham et détruisent le passé africain pour justifier l’esclavage.
Les Européens de la colonisation, pour asseoir leur hégémonie, diffusent le mythe de la hiérarchie des races et enseignent à tous la non-humanité des Africains.
Le racisme est maintenu aujourd’hui par la falsification de l’histoire, la diabolisation du mot noir, la présentation médiatique biaisée de l’Afrique, et des politiques diverses qui maintiennent les Noirs au plus bas partout.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
- [1] Histoire philosophique du genre humain, tome 1, Antoine Fabre d’Olivet, pages 66 et 67
- [2] Perception of race in the Arab world, Mark Perry, page 5
- [3] Nations nègres et culture, Cheikh Anta Diop, pages 53 et 54
- [4] Idem, page 62
- [5] Peaux noires, masques blancs, Frantz Fanon, page 25