Peuple le plus emblématique d’Afrique du Sud, les Zulu appartiennent au grand peuple Nguni dans lequel on retrouve également les Ndébélé, les Xhosa et les Swazi. Les Nguni sont d’origine égyptienne. Depuis le Nil, ils se se seraient par la suite établis dans le Bassin du Congo.
C’est au 16e siècle que les Zulu ont quitté l’Afrique centrale/Grands Lacs pour parvenir en Afrique du Sud. Parmi les leaders zulu les plus connus, on peut citer Shaka kaSenzanghakona Zulu, chef légendaire qui s’est taillé par la guerre, un royaume en Afrique australe. On peut également citer le roi Cethswayo qui a opposé une résistance en tout point admirable à la pénétration coloniale européenne.
La spiritualité Zulu reprend tous les principes de la Spiritualité Africaine. C’est sur ses points communs que se concentrera cet article.
Pour les Zulu, tout a été créé par un être suprême, un être premier, qui porte le nom d’Unkulunkulu. Unkulunkulu est l’Ancêtre primordial des Zulu, leur premier parent, tout comme Nyame est l’ancêtre primordial des Akan, Olorun est l’Ancêtre primordial des Yoruba, Imana/Amon était l’Ancêtre primordial des égyptiens.
Unkulunkulu a jailli d’une source, appelée Uthlanga. De la même façon pour les égyptiens anciens, Imana/Amon a jailli des eaux primordiales au commencement. Ces eaux sont appelées Noun en égyptien ancien, Nommo par les Dogons du Mali. Le Noun possedait à l’origine tous les germes de vie qui allaient former la création. Uthlanga est donc l’équivalent zulu du Noun.
Uthlanga fut au commencement sous la forme d’œuf cosmique. Dans la cosmogonie peule, Guéno (Dieu) ne voulant plus être seul, créa un œuf avec neuf divisions. Cet oeuf est appelé Aki Ngoss par les Fang d’Afrique centrale. Dans la spiritualité égyptienne, Imana dit « ink pa kheper.f debnen imsouet.f », c’est à dire « j’étais devenir sous sa forme de tourbillon en forme d’œuf ».
Un des germes du Noun pris conscience de lui-même et pris une forme en spirale qui allait organiser les autres éléments du Noun. Le tourbillon d’œuf ou la spirale, qu’on retrouve donc chez les Zulu, les Peuls et les Egyptiens, se retrouve abondamment dans les décors de l’architecture ashanti au Ghana actuel et a inspiré les plans des maisons Kotoko du Cameroun.
Pour les Zulu, L’Ancêtre primordial a plusieurs principes et s’occupe de tous les éléments de la vie en même temps. Lorsqu’il dirige l’agriculture et fait pousser le grain, il est la déesse Inkosazana en zulu et le dieu Wasiré/Ousiré (Osiris) chez les égyptiens.
Lorsqu’il s’incarne dans l’eau de la rivière, il est la déesse Mamlambo en zulu et le dieu Hapi en Egypte. Pour les Noirs, l’Ancêtre primordial (Dieu) est un diamant à plusieurs facettes, chaque facette correspond à un principe. Ces principes sont appelés Netjerou en égyptiens anciens, Orisha en Yoruba ou Loa dans le vodoun haïtien. C’est cette incompréhension qui a fait croire à beaucoup que les Egyptiens étaient polythéistes.
Pour les Zulu, Unkulunkulu est partout, il est dans toutes ses créations. Pour les Noirs, Dieu est l’énergie à l’origine de la création. Cette énergie ou courant d’énergie appelé Si par les Bamilékés du Cameroun, se retrouve absolument dans toute chose existante. Toute chose qui vit l’est grâce à l’énergie donnée au commencement. Cette Energie est sortie de l’oeuf cosmique qui résidait dans le Noun. Et c’est cette énergie en forme de spirale qui a organisé la source primordiale, lui permettant de prendre vie. C’est pourquoi les Zulu, comme tous les autres Noirs d’Afrique, entrent en contact avec l’énergie à travers les plantes, les animaux, les minéraux.
La communication avec les ancêtres morts, appelés amaDlozi en Zulu, est un autre pilier de cette spiritualité. Les Ancêtres sont appelés Razana par les malgaches, Mudzimu par les Shona, Pangool par les Sérères du Sénégal. Ils possèdent toujours l’énergie qui a permis leur conception et qui leur a donnés la vie. L’énergie ne pouvant pas mourir par principe physique unanimement admis, le mort devient donc divin par son énergie immortelle et sert d’intermédiaire entre l’Ancêtre primordial et les vivants.
Les rites effectués pour entrer en contact avec les ancêtres sont souvent dirigés par des femmes chez les Zulu. La spiritualité africaine garantit ainsi, contrairement aux religions dites révélées et même au bouddhisme, l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’exercice de la prêtrise. De la même manière, on voit beaucoup de femmes mambo, c’est-à-dire prêtresses dans le vodoun. Il y avait également une grande prêtresse à Carthage, ce qui ne fait que confirmer le caractère noir des Carthaginois.
La spiritualité zulu partage donc tous les fondements des religions noires, à savoir un Ancêtre primordial à multiples facettes, manifesté par son énergie et qui vit dans toute chose ; les ancêtres morts qui servent d’intermédiaires entre l’Ancêtre primordial et les vivants ; et l’égalité entre la femme et l’homme dans la pratique de la religion.
Hotep !
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Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- Creation Myths of the world, an encyclopedia, volume 1 ; David Adams Leeming, page 297.
- University of Iowa
- Afropedia
- University of Yale