Il y a 4000 ans, Mentuhotep II sortait l’Egypte d’un long désordre, et restaurait l’intégrité du pays civilisateur de l’humanité.
-2152. Saré Pepi (Pepi II) s’éteint. Le pharaon laisse une pléthore d’enfants, de petits-enfants et d’arrière-petits-enfants qui vont se disputer le trône à coup d’intrigues. La famille royale plonge dans le chaos. Siptah Neith Iqereti, femme pharaon qui prend le pouvoir par la suite, ne parvient pas à endiguer l’effet des complots qui ravagent le pays.
La durée record du règne de Pepi II – 64 à 94 années – a vu les chefs de provinces devenir de plus en plus indépendants et puissants, devant le pouvoir long et peu dynamique du roi très vieillissant. Partout ils profitent, avec leurs entourages, de leur position dominante pour s’enrichir, aggravant les inégalités avec le peuple. Les Bédouins, ancêtres des Arabes, attaquent quant à eux le nord du pays.
La tradition selon laquelle le pharaon seul, à sa mort, peut aller au ciel à travers son Ka (énergie divine), est par ailleurs mal vécue par les masses populaires, qui perçoivent cela comme une inégalité devant Imana (Dieu). La faiblesse de la crue du Nil qui plus est, engendre en ces temps des récoltes insuffisantes. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
La faim, les inégalités économiques et religieuses, la guerre contre les Bédouins, l’effondrement de la famille royale sont autant de choses qui vont pousser le peuple à se soulever. L’Egypte implose. C’est la révolution osirienne, la première révolution de l’histoire. L’Ancien Empire se termine ainsi.
Les récits relatifs à cette insurrection du peuple sont saisissants par l’insécurité, la violence et le délitement qui en transparaissent. La faim se répand, les riches sont dépouillés et jetés dans la rue, les édifices publics mis à sac, tout est pillé, les bandits rodent partout. Un calme relatif finit par revenir, l’économie redémarre, mais le pouvoir central n’existe plus.
L’Egypte devient une multitude de provinces indépendantes gouvernées par des rois locaux dits nomarques, qui se coalisent puis se séparent inlassablement, et se font la guerre. C’est donc le nomarque de Ouaset au sud, Saré Mentouhotep, qui va mettre fin à ce que l’histoire appelle la Première Période Intermédiaire, et réunifier le pays.
Fils de la reine Yah et du roi Antef III, Mentuhotep devient souverain très jeune. Ses prédécesseurs avaient déjà conquis des territoires au-delà de Ouaset (Thèbes). Au nord, un pouvoir opposé, également africain, est constitué, et a sa base dans la ville de Nekhen. Nekhen et Ouaset sont en conflit constant, entrainant le pays dans la guerre civile. Les tensions de l’époque se reflètent sur le nom du roi, qui est nommé après Mentou/Montou, forme de Dieu chargée de la guerre et protectrice des armées.
Mery Ib Râ Khety, roi de Nekhen, conquiert alors la ville sainte d’Abdjout (Abydos) et se rapproche de Ouaset. Saré Mentuhotep répond. Le roi reprend Abdjout et lance ses troupes sur Satju allié de Nekhen. Khety se retranche à Nekhen. Après 15 années d’une bataille interminable, Nekhen finit par tomber, tout le nord se prosterne devant le pouvoir de Ouaset. Mentuhotep est seul maitre du pays.
Le pharaon met au pas l’administration dans les provinces. La Première Période Intermédiaire se termine ainsi après 130 années. l’Egypte sort du désordre et reprend le cours de son histoire. C’est le début du Moyen Empire. Le souverain prend le nom de Sematawy, c’est-à-dire (celui qui unifie) les deux Terres.
Le roi, animé de l’ambition éternelle des pharaons, qui fut d’intégrer le pays ancestral du Soudan à l’empire égyptien, guerroie également contre les Nubiens et conquiert le territoire en partie. Il mate définitivement les Bédouins dans le Sinaï, met le pays de Canaan au Proche-Orient sous sa suzeraineté et prend une partie de la Lybie. Mentuhotep fait ouvrir des mines et des carrières de pierre, construit tout le long du Nil, rouvre les routes commerciales. L’empire égyptien renait, prospère.
Ouaset (Thèbes), cité du roi, en devient la capitale et deviendra la ville la plus sainte, la plus précieuse, la plus vénérable, et la plus importante de toute l’histoire africaine.
Rompant avec les constructions funéraires modestes de la période intermédiaire, le souverain marque la renaissance en érigeant un temple grandiose, pour son culte en tant qu’ancêtre divin.
Après 52 années de règne, dont 12 en tant que Pharaon de toute l’Egypte, Saré Mentuhotep Sematawy rejoint ses ancêtres à près de 60 ans d’âge. Il laisse un pays réunifié, puissant, prospère et enfin en paix. L’œuvre colossale de ce roi, en fait un des plus grands Pharaons de l’histoire.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
– Antikforever.com
– Civilisation ou barbarie, Cheikh Anta Diop