L’extermination des Noirs de Tasmanie

Au 19e siècle, les colons britanniques arrivaient sur l’île de la Tasmanie au sud de l’Australie, et effaçaient ses autochtones noirs de la surface de la Terre.

Partout où les Européens sont allés à partir du 15e siècle, ils ont appliqué le concept de Terra Nulus. Ceci veut dire que lorsque sur un territoire, il n’existe pas de culture de type européen, alors ce territoire – même habité – est considéré comme vide, et doit par conséquent être vidé de ses habitants. Par ailleurs, les non-Blancs – les Noirs en particulier – étant des Êtres inférieurs, voir non humains, ils n’ont aucun droit de posséder chez eux les ressources dont ils disposaient auparavant. Ces ressources doivent appartenir à la race supérieure.

C’est cette politique découlant de la suprématie blanche qu’ont notamment subit les Amérindiens, les Africains et donc les Noirs d’Australie.

Les Noirs de Tasmanie
Peinture de 1859 par Robert Dowling

En 1788 les Britanniques arrivent en Australie. En 1803 ils accostent en Tasmanie, île du sud du pays. Ils y trouvent les Palawa, population noire qui y vit depuis 35 000 ans, et qui compte entre 4 000 et 15 000 personnes. En 1828, ce sont 18 000 Blancs qui sont établis sur l’île et qui créent des fermes, chassant – comme en Afrique du sud – les Noirs de leurs terres. Les Britanniques se livrent à l’enlèvement, la mise en esclavage et le viol massif des femmes aborigènes. Les enfants noirs sont kidnappés pour servir de domestiques dans les fermes des Blancs.  

Le traitement des femmes noires est tel qu’un témoin de l’époque le décrit comme « la forme miniature de la mise en esclavage des Africains ». Quand elles refusent de se soumettre aux ordres, elles sont fouettées, pendues ou leurs têtes sont coupées.   

Devant le vol de leurs terres et leurs ressources, le viol et le meurtre de leurs femmes, la mise en esclavage de leurs enfants, les Palawa mènent des représailles sans grand impact, puis débutent en 1826 une guerre d’envergure. Ils optent pour la guérilla, c’est-à-dire attaquer en petit groupe des cibles précises, puis disparaître aussi rapidement que l’éclair. En 1827, on compte 100 attaques contre les domaines des colons, 42 Européens sont tués. En 1828, on en dénombre deux fois plus. Les Britanniques, habitués à la guerre contre l’ennemi sur un front, sont désemparés par les méthodes de guérilla des Aborigènes.

En 1828, les autorités coloniales décident de la solution finale, dans ce qu’ils appellent la Guerre Noire. La loi martiale est décrétée et l’interdiction de tuer les autochtones est levée. Ils sont dès lors chassés comme des animaux sur l’île et tués les uns après les autres. Par groupe, les Britanniques vont à leur poursuite et les fusillent. Les autorités les y incitent avec de l’argent. En 1835, les Aborigènes ne sont plus que 300. Ils sont enfermés dans un camp de concentration sur l’île Flinders. La Tasmanie entière appartient désormais aux Blancs.

Sur l’île Flinders, ils sont intentionnellement mal nourris et on ne leur donne que peu de vêtements pour les protéger des vents froids et de l’humidité. La malnutrition, les maladies respiratoires dont la tuberculose, le tout aggravé certainement par la dépression, les balaient. Quand le camp ferme en 1847, il n’y a que 40 survivants. En 1878, Truganini, la dernière Palawa non métissée, meurt.  En 1905, Fanny Cochrane Smith, femme métisse, dernière personne à parler la langue aborigène, meurt également.

Les 4 derniers Palawa
Truganini

Les Noirs de Tasmanie et leur culture ont ainsi disparu de la surface de la Terre.

Chaque 26 Janvier, les Blancs célèbrent en grande pompe l’Australia Day, jour anniversaire de leur arrivée dans le pays. Manifestement, l’expérience a été pour eux un formidable succès.

Hotep !

Par :  Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)

Notes :

  • Pattern of frontier Genocide 1803-1910 : the Aboriginal of Tasmania, The Yuki of California, and the Herero of Namibia ; par Benjamin Madley
  • Wikipedia
  • Explainer : the evidence for the Tasmanian genocide, par Krystin Harman
Partager
Twitter
Partager
Partager
error: Content is protected !!
Retour en haut