Avec le retour amorcé vers la spiritualité ancestrale, beaucoup d’Africains, élevés au christianisme et à l’Islam, ont une lecture de la religion africaine à partir du cadre des religions révélées. Ainsi ils pensent pouvoir retrouver la notion de messie, héros ou prophète dans la pensée ancestrale, et assignent quelques fois ce rôle à Osiris ou ses équivalents sur le continent (Osoro, Awzaar, Neddo etc). En réalité ce concept de messie n’existe pas dans la tradition africaine.
Qu’est-ce qu’un messie?
Un messie ou prophète est une personne ordinaire, qui pose des actes positifs et extraordinaires dans des circonstances difficiles. Il ne se manifeste que dans des conditions anormales ou problématiques et ne naît donc jamais dans une situation où tout va bien.
Le messie ou le prophète fait le bien, sauve les autres et les aide par son action ou par les actions qu’il pose. Le héros, le messie, ou le prophète rappelle à ceux qui l’entourent les valeurs morales et le chemin qu’ils doivent suivre. Le héros, le messie, ou le prophète, n’est pas un individualiste et un égoïste qui ne pense qu’à lui, puisqu’il pose des actions et agit pour le bien tous, ce qu’autour de lui personne ne fait.
La notion de messie ou de prophète au sens où nous le comprenons généralement n’existe pas dans la culture, la tradition et la spiritualité africaine. Pourquoi cela ?
Eh bien c’est parce que les sociétés et les organisations africaines à l’origine ne sont pas fondées sur le principe de l’individualisme mais de la communauté. Étant donné que les sociétés africaines sont régies par le principe communautaire, l’individu en dehors du groupe n’est rien, le collectif prime sur l’individuel. Si tel est le cas ça signifie dans la pensée de nos ancêtres qu’aucun individu n’a à lui seul, et ne peut avoir à lui seul, la charge d’agir individuellement pour le bien de tous, comme le ferait un messie ou un prophète.
Par conséquent dans la pensée africaine les bonnes actions que pose le prophète ou le messie, sont des actions que tout un chacun devrait poser (faire le bien, agir pour le bien, etc…). Il en est de même pour les bons principes que prêche le prophète ou le messie, ce sont des principes que tout le monde apprend et reçoit lors de son initiation.
Dans la spiritualité africaine, avec l’initiation, chacun connaît sa place, son rôle et les lois divines à respecter, les principes et lois de Maât (vérité, justice, ordre divin, rectitude, harmonie) qui sont les choses à suivre et à respecter. Puisque à travers l’initiation, chacun sait ce qu’il doit faire, nul besoin de prophète, de messie, ou de sauveur à suivre.
Ce sont nos propres actes que nous posons en accord avec la loi divine inscrite par nature en nous, qui nous permettent d’accéder à la félicité, et non le message ou les actions posées par un messie ou un prophète, etc. Une personne hautement qualifiée sur le plan spirituel est ainsi vue comme un guide ou un ainé, qui peut être dépassée si ses suivants acquièrent plus de connaissances dans la pratique du bien. En aucune façon cette personne n’est considérée comme un messie.
Les prophètes et les messies ne sont apparus que dans des berceaux culturels individualistes, dans des endroits où le mal régnait en masse, voilà pourquoi les prophètes essayaient de prêcher le bien aux gens pour les ramener vers le bien, etc… Les messies sont apparus dans les endroits où les gens étaient en perte de repères et ne savaient pas quoi faire …. Bref les prophètes ne sont apparus que dans des endroits où il n’y avait pas la Maât (vérité, justice, ordre, harmonie), afin justement d’apporter les principes découlant de Maât.
Les Africains ne doivent donc attendre aucun messie ou prophète pour venir les sauver de quoi que ce soit ou régler leur problèmes. Ce que vous devez faire c’est vous unir (fonctionner sur le principe de la communauté), et pratiquer Maât!!
Pour en savoir plus sur Maât, cliquez ici
Hotep !!
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)