Lorsqu’on parle de sorcellerie, de sorciers, les gens s’imaginent en général quelque chose de mystique, de magique ou d’incompréhensible, ou encore pensent à des personnes, qui détiennent des pouvoirs ésotériques. Ces pouvoirs ne servant qu’à faire du mal, en particulier du mal à l’être humain.
Mais rappelons tout d’abord, que les mots sorciers, ou sorcellerie, fétiche, féticheur, etc… sont des mots qui viennent du vocabulaire occidental et qui ont eu une définition exagérée en Afrique.
En Afrique, ceux qu’on appelle sorciers ne peuvent très clairement pas tous être appelés ainsi.
Pour nos ancêtres, le monde tel que nous le voyons, matériel et physique, n’est pas le seul monde qui existe. Il existe aussi le monde spirituel divin avec le Créateur, les ancêtres, les esprits, etc. Ces mondes (physique et spirituel) sont liés, connectés par des lois qui les unissent pour ne former qu’un seul monde.
Ces lois et ces principes permettent au monde spirituel d’interagir sans cesse avec le monde physique et vice versa. Donc les êtres vivants ont des liens avec le monde physique (la nature, etc..) et le monde spirituel (le créateur, les ancêtres, les esprits, etc.)
L’initié est celui ou celle qui va donc subir des épreuves d’initiations, en lien avec les lois de la nature, le monde physique et le monde spirituel. Durant son initiation, il apprend tout ce qu’il doit savoir sur le monde physique et sur le monde spirituel.
L’initié connait donc les avantages et les inconvénients de tout ce qu’il apprend. Il connait donc le monde physique sous tous ses aspects ainsi que le monde spirituel (ondes positives négatives, bons esprits ou mauvais esprits), les choses à faire, et les choses à ne pas faire, interdits, etc….
Mais depuis la nuit des temps, nos anciens ont toujours pensé que le savoir, essentiellement reçu lors de l’initiation, pouvait être à la fois positif, constructeur, source de progrès et de bienfaits, et à la fois négatif et destructeur, source de malheurs, lorsqu’on en fait mauvais usage, contraire à Maât. C’est pourquoi tous les savoirs ou toutes les connaissances ne devaient pas tomber entre toutes les mains.
Pour cela, nos ancêtres transmettaient les savoirs dans le secret et veillaient à transmettre certains savoirs seulement à des personnes qu’ils jugeaient appropriées. Ainsi avant d’initier quelqu’un, on s’assurait que cette personne possédait une bonne moralité, était quelqu’un de sûr.
Qu’est ce qu’on appelle la sorcellerie alors ?
La sorcellerie, c’est donc l’utilisation des connaissances reçues lors de l’initiation à des fins qui ne servent pas les idéaux de Maât (le bien).
Prenons par exemple le cas d’un guérisseur. Un guérisseur est un médecin. Il soigne les gens. Il connait donc très bien le corps humain, physiquement et spirituellement. Il sait ce qu’il faut et faire et ce qu’il ne faut pas faire, pour guérir une personne de telle ou telle maladie. Maât exige du guérisseur qu’il utilise ses connaissances reçues lors de son initiation, pour soigner et sauver des vies.
Si le guérisseur est mauvais ou méchant, ou s’il se fait corrompre et décide de ne plus suivre Maât et de faire le mal, alors il a posé un acte identifiable aujourd’hui à la sorcellerie.
Qui sont les « sorciers » en fait ?
Ce que les gens appellent à tort des sorciers en les diabolisant aujourd’hui, c’est en fait tous ces initiés, sans distinction de leurs intentions.
Puisque ces initiés tirent leurs connaissances des lois de la nature, etc… Cela signifie que l’utilisation de leurs connaissances avancées, ne défie pas véritablement les lois de la nature comme beaucoup de gens le pensent. Voilà pourquoi les initiés arrivent à agir et à faire des choses qui surprennent.
Mais qui dit souvent que ce que ces gens font est « magique » et défie les lois de la nature ?
Eh bien ce sont ceux qui les appellent des sorciers à la base, c’est-à-dire l’Occident colonial. Cela montre qu’en fait l’Occident ne connaissait pas toutes les lois de la nature, ou n’avait pas véritablement percé tous les secrets de la nature. Les Africains colonisés, qui ne comprennent pas les actions vues comme « extraordinaires » des initiés, ont suivi en les désignant aussi de sorciers.
Il y a donc des initiés bien intentionnés ou mal intentionnés. On peut dire que les sorciers sont seulement les mal intentionnés et clairement pas tous les initiés.
Tout est donc une question de bonnes intentions, c’est-à-dire Maât (vérité justice, ordre harmonie, etc..) ou de mauvaises intentions, c’est-à-dire Isfet (désordre, chaos, troubles).
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)