Il existe une seule religion dans l’Afrique authentique. Quels sont ses fondements? Pourquoi est-elle appelée animisme? A la fin de cet article, vous ne regarderez plus jamais l’Afrique de la même façon.
Nous sommes 200 000 ans avant aujourd’hui. L’homme anatomiquement moderne vient de voir le jour en Afrique. Il est d’emblée aussi intelligent que les humains actuels. Il naît sur une terre où le climat est doux, la nourriture est abondante. C’est un homme aux besoins rudimentaires. La nature dans laquelle il est placé le comble matériellement. N’ayant pas de souci, il en vient, dans le berceau originel des grands Lacs et de l’Afrique australe, à se poser les questions fondamentales : Qui suis-je ? Quelqu’un m’a-t-il créé ? Et si oui comment ? Pourquoi m’a-t-on créé ? C’est l’invention de la philosophie.
Pour répondre à ses questions philosophiques, l’Africain observe longuement tout ce qui l’entoure. Il constate qu’il y a une Energie. Que toute chose est animée de cette Energie, que toute vie est vie en raison de cette Energie. Que cette Energie fait briller le soleil, circuler les vents, réchauffer la terre, fait marcher l’homme et les animaux, fait vibrer les plantes et les minéraux. Cette Energie circule d’un corps à l’autre, elle ne meurt jamais.
Alors l’Africain comprend que cette Energie est l’ordonnatrice de toute chose, elle est l’origine de la vie avec qui elle se confond. Cette Energie qui vit dans toute chose, est l’Ancêtre de toute chose, l’Ancêtre primordial. Si cette Energie a enfanté les êtres comme il le pense, alors cette Energie a une partie féminine et une partie masculine, car seul un couple peut engendrer. Mais comment cette Energie, à qui il doit la vie, est-elle venue à la vie ?
Le Noun, l’eau primordiale
Le Kamit observe encore et comprend que c’est de l’eau qu’est enfantée la vie. L’eau est le point de départ de la vie, elle la renferme à l’état microscopique. Les marres d’eau permettent l’éclosion de la vie, la semence de l’homme (sperme) est un liquide contenant des germes de vie. L’enfant conçu, tout comme l’animal mammifère, grandit puis sort du liquide amniotique de sa mère contenu dans une cavité. L’oiseau qui naît sort du liquide contenu dans l’œuf etc… Alors l’Africain conclu qu’au début de toute chose il y avait du liquide : Noun en égyptien ancien, Uthlanga chez les Zulu, Tano chez les Akan du Ghana/Côte d’Ivoire, Nommo chez les Dogons du Mali.
Le Noun était toujours là, personne ne l’a créé, et le Noun avait en son sein toutes les potentialités de la vie, tous les germes de vie, à l’état désordonné et endormi. Ces potentialités sont ce que la physique appelle particules. Le Noun était une mer, une soupe de particules se mouvant de manière désordonnée, et dont le mouvement se terminait dans un trou sans fond, le trou noir des physiciens occidentaux d’aujourd’hui, que les Bassa du Cameroun appellent Sonkum. L’Energie vient d’une de ces particules contenues dans le Noun. Cette particule d’où est venue l’Energie était appelée Atoum par les égyptiens anciens, Nkolo par les baKongo.
Atoum, présent dans le Noun
Atoum, la particule d’où allait jaillir la Création, finit un jour par prendre conscience d’elle-même. Atoum était d’abord dissimulé dans le Noun donc Caché (Imana/Amen en égyptien ancien). La prise de conscience d’Atoum, son éveil, représente l’acte fondateur de la Création. En tant que particule d’où sortira la création, il est symbolisé par un œuf que les Fangs d’Afrique centrale appellent Aki Ngoss, que les Egyptiens appelaient Souhet, que les Peuls appellent Botcchio’ndé, et qui inspira le nom du célèbre roi Behanzin du Bénin actuel, pratiquant du culte Vodoun.
Après avoir étudié l’Etat du Noun, après avoir mûri en acquérant le Sia (la connaissance), Atoum conçut le plan de la création dans son cœur. Et quand le plan fut fini, il décida de sortir du Noun. C’est l’extraction de la particule créatrice du Noun qui allait engendrer le monde. Atoum ayant engendré la création par la volonté, la réflexion et la décision, il a donc une âme (Bâ) qui se situe dans son cœur (Ib). Afin de déterminer le mode et les mouvements liés à la sortie du Noun, le Kamit observe encore, étudie le ciel (astronomie), et se rend compte que la forme géométrique de la spirale est omniprésente autour de lui.
L’Energie à son expression maximale, prend la forme de la spirale comme l’ouragan ou les vagues. La galaxie est organisée en spirale, le champ magnétique du soleil est en forme de spirale, le mouvement de la Terre autour du soleil dessine une spirale, le fœtus dans le ventre de sa mère a une position de spirale, l’empreinte digitale est en spirale, même l’ADN (le savaient-ils déjà ?) est une spirale. L’ADN se retrouve dans les minéraux, les végétaux, les animaux, les Hommes. Alors pour l’Africain, la spirale est la forme d’expression maximale de l’Energie et la forme qui stabilise la création entière. La spirale est l’empreinte du Créateur sur la création. Le mouvement initial de la Création fut donc une spirale.
Atoum est donc sorti du Noun en formant une spirale. Atoum, la particule consciente, après avoir conçu le plan de la création dans son cœur, a fait jaillir de lui une Energie pour s’extraire du Noun. Et en tant que particule agissante par son Energie, il prend le nom de Râ/Ré en égyptien ancien, Sé en Bambara au Mali, Tei en Douala au Cameroun, Ngo chez les baKongo.
Râ, l’Energie créatrice produite par Atoum
Râ, la force issue d’Atoum, dessina alors cette spirale qui allait organiser et ordonner les particules contenus dans le Noun pour créer la matière, c’est-à-dire toutes les choses qui nous entoure. Tous les éléments de la création, astres, minéraux, végétaux, animaux, hommes, sont de la matière, et résultent d’un assemblage de particules. Et c’est l’Energie en forme de spirale qui a ordonné et assemblé ces particules. L’Energie se propagea dans le Noun en produisant des vibrations qui ont émis un bruit gigantesque d’où le Hou (le Verbe créateur), Me Kobegue chez les Fangs d’Afrique centrale.
Râ crée et transforme la matière à travers la spirale
Debnen en égyptien ancien, Yereyeti chez les Bambara, le tourbillon des Venda d’Afrique du Sud, la spirale est la forme géométrique de la Création. Le savant camerounais Eugène Wonyu dit « Tous les mythes africains de l’origine de l’homme partent soit d’un œuf, d’une spirale ou d’un néant qui subit des vibrations dues à des énergies cosmiques » [1]. En étudiant les spirales présentes autour de lui, le Kamit par des calculs mathématiques réalise qu’il existe un nombre parfait des proportions de la matière, ce nombre est 1,6. C’est ce que les Occidentaux appellent aujourd’hui le nombre d’or, le nombre qui représente la loi de l’Univers. Et c’est à partir de ce nombre d’or que le Kamit va dessiner sa spirale. Pour en savoir plus sur l’origine du nombre d’or et comment a été conçue la spirale, suivez ce lien.
C’est Râ, produit par Atoum, qui assembla les particules du Noun pour produire de la matière et de l’antimatière. La matière est fertile et continue, c’est d’elle que sort la Création. L’antimatière est stérile et annule la Création en s’opposant à la matière. La droite sur laquelle se trouvent les chiffres impairs (1, 3, 5, 7, 9) est la matière. La droite sur laquelle se trouvent les chiffres pairs (2, 4, 6, 8) est l’antimatière. Ces 2 droites sont issues de Râ au centre, elles sont perpendiculaires, en opposition.
C’est Râ, l’Energie créatrice qui a donc engendré le bien (matière) et le mal (antimatière). Et le fait que ces droites soient en opposition signifie qu’il y a eu au départ une bataille entre la matière et l’antimatière. Cette lutte engendra une gigantesque explosion dite tepes seb en égyptien ancien, big bang pour les Occidentaux. Et c’est finalement la matière, droite plus longue, qui a pris le dessus.
C’est de la matière seule, qui n’est pas neutralisée par de l’antimatière que tous les éléments de la Création sont apparus. C’est du surplus de matière qu’est sortie la création. La matière fertile est donc Osiris le bien, Ousiré en égyptien ancien, Osoro chez les Akan, Awzaar chez les Somali, Ngai Narok chez les Maasaï, Neddo chez les Peuls, Ryangombé au Rwanda. Et l’antimatière Souté (Seth) est le mal stérile, Ngai Nanyoke chez les Maasaï. C’est Souté qui donnera Satan dans les religions blanches. Il y a donc eu une bataille entre Ousiré et Souté, tous deux fils de Râ, au commencement. Et c’est grâce à Maât que la matière a triomphé et que la Création a eu lieu.
Maât, fille de Râ, condition de la Création
C’est grâce à Maât, fille de Râ, qui est le bras long de la spirale, que la matière va avoir le dessus, va produire une droite plus longue que celle de l’antimatière. C’est grâce à Maât qu’Ousiré, à travers son fils Horus – Horo en égyptien ancien, Huur chez les Somali – va prendre le dessus. C’est parce qu’Ousiré a observé les commandements de Maât – Mbok chez les Wolof du Sénégal, Fokon’olo à Madagascar, – qu’il a pu revenir à la vie après sa bataille contre son frère Souté. Tué par Souté, Ousiré a connu la mort sur la croix de la spirale, puis la résurrection grâce à Maât. Et à travers Horo son fils, finalement vainqueur de Souté, le surplus de matière a eu le dessus et la Création a eu lieu.
Horo fils d’Ousiré, enfant divin né pour sauver la Création, représente donc la continuité de la matière. Il représente l’éternité de la Création, qui ne continue que s’il respecte les commandements de Maât comme son père. Chaque nouvel enfant conçu par exemple, représente la Création qui continue, un assemblage de particules sous l’action de Râ. La matière créée par Râ avec les particules du Noun, doit être transformée continuellement, elle doit évoluer, par un principe de Râ appelé Kheper en égyptien ancien.
Kheper, la transformation de la matière créée par Râ
Le Kheper est donc la loi de la transformation, de l’évolution de la matière. C’est ainsi que dans un processus évolutif, sont apparus les minéraux, les végétaux, les animaux puis les hommes. C’est ainsi que l’Homme, cette matière assemblée par Râ à partir des particules du Noun, était d’abord un primate proche du singe, avant de devenir par plusieurs étapes l’humain aujourd’hui, grâce à la transformation, à l’évolution, en un mot au Kheper.
Râ l’Energie initiale, est donc le maître/la maîtresse de l’Eternité à travers Horus et Kheper. Râ l’Energie, la Force qui a créé toute chose, donne vie à toute chose, et vit en toute chose, ne dort jamais. Râ travaille tout le temps. Râ doit continuer – avec sa spirale – la Création à partir des éléments dispersés du Noun contenant des germes de vie (sperme, sac pollinique, marre d’eau etc..); et la Transformation de la matière créée. Chaque élément de la création possède ainsi une partie (Ka) de l’Energie.
9, le chiffre de l’Eternité
Dans tous les rites d’initiation traditionnelle, dans toute l’Afrique authentique, le chiffre 9 est sacré, car il symbolise Horo, la Création victorieuse de Râ, et Kheper, la transformation continue par Râ de la matière créée. 9 est le chiffre éternel. Quelque soit le nombre par lequel vous multipliez 9, vous aboutissez toujours au chiffre éternel 9. C’est le seul chiffre qui donne ce résultat :
9 X 2 = 18, ce qui donne 1 + 8 = 9
9 X 3 = 27 => 2 + 7 = 9
9 X 7 = 63 => 6 + 3 = 9
9 X 14 = 126 = >1 + 2 + 6 = 9
9 X 1043 = 9387 => 9 + 3 + 8 + 7 = 27 => 2 + 7 = 9
Etc…
La croix d’Ankh, symbole de la pensée kamit, issue de la Spirale
La croix d’Ankh ou croix de vie est le symbole suprême de la pensée africaine. La tête représente Râ, l’Energie en spirale. Les bras horizontaux sont Souté, l’antimatière stérile et principe du mal. La droite longue verticale est Ousiré-Horo, matière fertile et principe du bien. Ousiré-Horo est plus long que Souté.
En résumé
Au départ était l’eau primordiale du Noun où se trouvait Imana, la particule cachée, qui s’éveilla en son nom d’Atoum. Atoum, symbolisé par un œuf, conçu la Création dans son cœur (Ib). Il-Elle décida grâce à son âme (Bâ) de sortir du Noun pour créer à travers son Energie Râ. Râ, par son principe du nombre d’or 1,6 dessina un mouvement en spirale et se propagea dans le Noun en émettant une vibration sonore (Verbe créateur). Râ grâce à son mouvement en spirale produisit en opposition la matière et l’antimatière. La matière (Ousiré-Horo) eut le dessus sur l’antimatière (Souté) grâce à Maât. Horo représente l’éternité de la Création et Kheper est la transformation de la matière créée. Tous deux dépendent de Maât et sont symbolisés par le chiffre 9. Chaque élément de la création porte une partie (Ka) de l’Energie (Râ).
Râ, Energie créatrice, vénérée par les Kamits, est donc Dieu. Dieu est cette Energie à laquelle l’Africain accède à travers un ancêtre mort. Dieu est Imana-Râ/Amen-Râ en tant que particule cachée devenue Energie. Dieu est Atoum-Râ en tant que particule consciente devenue Energie. Les Bamilékés du Cameroun disent ainsi que Si (Dieu) est l’Energie consciente. Dieu ne s’est donc jamais révélé aux Africains, Elle-Il reste Imana (Caché, Invisible). C’est cette Energie qui donne vie et anime toute chose que le Kamit déifie, d’où le terme animisme que les Occidentaux utilisent pour désigner la Religion Africaine. Ce terme étant devenu péjoratif, nous lui préférons Vitalisme, qui rend par ailleurs mieux compte du caractère vital de la force.
L’Africain a découvert Dieu, a été convaincu de son existence, en s’initiant aux sciences. C’est Dieu qui a donné aux hommes l’intelligence nécessaire pour qu’ils découvrent sa Majesté. Râ a inscrit dans la nature tous les éléments permettant de remonter jusqu’à lui-elle.
Râ est donc Unique (Energie initiale et totalisante) et multiple (Energie répartie dans chaque élément de la Création). C’est pourquoi Akhenaton disait à Dieu « Tu ne cesses d’extraire des millions de formes de toi même, tout en demeurant Un ». C’est pourquoi les Fangs d’Afrique centrale disent « Et Dieu se multiplia alors comme des champignons ». C’est pourquoi les baKongo disent que Dieu vit l’expérience de l’unicité dans la multiplicité. C’est pourquoi il est écrit sur la stèle du pharaon soudanais Shabaka « Dieu est dans tout ce qui vit ».
Le Kamit a donc répondu par la mathématique, l’astronomie, la physique etc… à sa question de départ. Il sait qu’il est sur Terre pour préserver et continuer la vie (Ankh), en respectant Maât comme Râ le lui a ordonné. Maât est sa philosophie.
Le célèbre sociologue et activiste suisse Jean Ziegler dit ainsi « La cosmogonie africaine affirme que rien ne vaut la sauvegarde, la permanence, l’expansion de la vie » [2].
Et les écrits religieux furent…
Ce sont donc les prêtres noirs qui ont écrit les premiers textes sacrés de l’histoire de l’humanité. Ces textes qui étaient pour eux les paroles qu’auraient dites Dieu, se comprennent beaucoup mieux au vu de ce qui précède. Exemple en égyptien ancien :
Voici, sous la plume des prêtres égyptiens, comment Atoum-Râ aurait raconté la Création :
Djed medou Neb r Djer, djed ef Ainsi parla le Maître de l’Univers :
« Isou iri i sep paout ntjerou paoutiou Car je fis l’ère antérieure ainsi que les dieux antérieurs
Irry i merouty nebet m ta pen Je fis tout ce que je désirai en ce monde
Ousekh n i im ef Je me dilatai en lui
Tjes n i djeret i Je nouai ma propre main (Maât, la grande courbe de la spirale)
Waï koui Tout seul
Nen messou sen Avant qu’ils ne fussent nés (les autres dieux)
Ini n i r i djes i Je me servis de ma bouche (vibration sonore)
…
Nen kheper kheperou nebet m ta pen Aucun mode d’existence n’était venu à l’existence en ce monde
Irry n i irry nebet waï koui Je fis tout ce que je fis étant seul
Nen kheper ky Avant que personne (d’autre que moi) ne se fut manifesté à l’existence
Iriou n ef hena i m bou poui Pour agir en ma compagnie en ces lieux
Iri i kheperou im m ba poui J’y fis les modes d’existence à partir de cette force (qui est en moi)
Tjes n i im m Noun J’y créais dans le Noun
M neni Etant encore somnolent
Nen gemi n i bou aha n i im Et n’ayant encore trouvé aucun lieu où me dresser
Ahat n i ib i Puis mon cœur se montra efficace
Sentet n i m her i Le plan de la Création se présenta devant moi
Iri n I irry nebet waï koui Et je fis tout ce que je voulais faire étant seul
Sentet n i m ib i Je conçus des projets en mon Cœur
Kema n i ky kheperou Et je créai un autre mode d’existence
Asha kheperou nou Khepri Et les modes de l’existence dérivés de l’Existant furent multitude » [3].
Autres textes édifiants :
« Djed in Râ n Noun Alors Râ dit à Noun
Ntjer semsou kheper n i im ef Ô dieu aîné dans lequel je vins à l’existence
….
Djeded in Hem n Noun Alors la Majesté de Noun dit
Sa i Râ Mon fils Râ
Ntjer aâ r iri sou Dieu plus grand que celui qui l’a fait (Noun) » [4].
« Messou m Noun Quand je naquis dans le Noun
N sep kheperet pet Avant que le ciel ne vint à l’existence
N sep kheperet ta Avant que la terre ne vint à l’existence
…
N sep kheperet henenou Avant que le tourment (la spirale ?) ne vint à l’existence
….
N messout ntjerou Alors que les dieux (issus de moi : Osiris, Horus, Maât etc…) n’étaient pas encore enfantés » [5].
« Râ nou C’est Râ
Ink Ntjer aâ, kheper djes ef Je suis le grand Dieu, venu à l’existence de lui-même
Kema renou haou ef Il (Râ) composa les noms de ses membres
Kheper my nen ntjerou imyou semsout Alors vinrent à l’existence ces dieux qui sont à sa suite
Ir sef Ousiré Hier est Osiris (déjà mort)
Ir douaou Râ nou Et demain c’est Râ (par son éternité)
Khetem tou heftiou nou Neb r Djer Les ennemis du Maître de l’Univers ont été anéantis
Im ef hena nou sa ef Horo Là il règne avec son fils Horus » [6]
« Ink Ptah Je suis le Créateur
Ink Wa Je suis l’Unique
Ink Nehehe Je suis l’Eternel
Ink Ntjer aa Je suis le grand Dieu
Neb r Djer Le Maître de l’Univers
Neb Nehehe Le Maître de l’Eternité
Ntjer nefer Le bon Dieu” [7]
On voit donc que le lyrisme africain repose sur une réalité scientifique. Ces textes peuvent être discutés sur leurs bases scientifiques et philosophiques. Il ne s’agit pas de paroles dogmatiques et intouchables comme dans les religions dites révélées, qui empêchent l’analyse critique. Et si un élément scientifique ou une spéculation philosophique remettent un passage en question, il peut être modifié. Le cerveau, l’esprit critique, la rationalité doivent toujours fonctionner chez le Kamit.
La naissance des religions dites révélées
Lorsque les peuples indo-européens et sémitiques sortent des steppes froides eurasiatiques et viennent au contact des Noirs au Proche-Orient (Noir cananéen), en Arabie (Noir sabéen) et en Egypte, ils découvrent l’existence de Dieu tel que l’Africain l’a le premier théorisé et le pratique. Mais ces nouveaux venus auront globalement un accès limité aux secrets scientifiques et voient surtout les mythes que leur montrent les Africains. Désireux de créer leurs religions sans comprendre entièrement les fondements de Dieu, ils passeront par le mythe de la révélation pour justifier l’existence de Dieu et se l’approprier.
N’ayant pas d’arguments pour expliquer une partie de ce qu’ils écrivent – ici par copie – dans leurs livres, alors ils demandent à leurs adeptes de croire, d’avoir la foi et non de comprendre. Issus d’un berceau où la femme est vue comme inférieure et la nature est perçue comme hostile, ils diminuent considérablement ou suppriment la partie féminine de Dieu et retirent Dieu de ses créations. C’est ainsi que naissent les religions dites de la foi, où il faut croire, c’est à dire le judaïsme, le christianisme, et l’islam.
De l’écriture, de la loi, du pouvoir, des arts, de l’architecture
La création s’étant faite par la parole, tout ce qui existe représente la parole de Dieu. Alors l’Africain invente le premier l’écriture à partir de signes qui sont des éléments de la nature, et nomme cette écriture Medou Ntjer (Paroles de Dieu) en égyptien ancien. Ce que les Occidentaux appellent Hiéroglyphes. C’est pourquoi cette écriture figure des oiseaux, des plantes, des hommes, le soleil etc…
L’humain étant doté de la parole comme Dieu alors il est le centre de la Création, le gardien de l’Univers. Le Kamit déduit quels sont les commandements de Maât et invente la loi et la justice. L’esprit humaniste et d’harmonie de la Maât fera qu’il bâtisse une société avec égalité et complémentarité entre la femme et l’homme, absence ou presque de famine, de sans domicile fixe, solidarité renforcée, rois aimés travaillant pour le bien de leurs peuples…
Le roi est l’incarnation d’Horus, il est le principal défenseur du maintien de la vie et ce faisant il doit faire régner la Maât par tous les moyens, y compris par la force. Il lutte perpétuellement afin de faire triompher Horus et Kheper. Il est Neb Maât (le maître de la Maât), Mogho Naba chez les Mossi du Burkina Faso.
Maât reflétant l’ordre et l’harmonie de la Création, le Kamit doit être le reflet de Maât jusque dans son art. Alors sa musique et sa danse sont belles, harmonieuses et coordonnées. Et jusqu’à nos jours il demeure le meilleur danseur et chanteur de la planète, même s’il ne sait plus pourquoi. Les fondements mathématiques de la Création devant se refléter sur Terre, alors le nombre d’or et Pi qu’il a également découvert dans son investigation mathématique, se reflètent dans son architecture.
C’est ainsi qu’il construit la grande pyramide de Gizeh, le plus grand monument de son histoire et du monde antique. 2 900 000 blocs de bétons pesant jusqu’à 70 tonnes chacun – assez pour construire 30 Empire State Building – montés sur 147 mètres, tous de tailles différentes, avec une précision dans la maçonnerie de l’ordre du dixième de millimètre, à l’intérieur sont percés des tunnels aux inclinaisons absolument parfaites, qui glacent jusqu’à nos jours les meilleurs architectes du monde. Le nombre d’or et Pi sont présents dans l’architecture de la grande Pyramide.
La grande pyramide de Gizeh représente l’apothéose historique de la mathématique symbolique. L’Africain atteint son apogée et civilise la Terre entière avec son Dieu, découvert par sa science.
Le nom de Dieu en Afrique
Bambara & Dogon, Mali ; Jukun, Nigeria : Amma/Ama
Libye ancienne : Amun
Soudan ancien : Amani
baNyarwanda, Rwanda & baRundi, Burundi : Imana
Egypte ancienne : Imana/Amon/Amen
Akan, Ghana-Côte d’Ivoire : Nyamien/Nyame
Douala & Bassa, Cameroun ; Barotse & Lozi, Zambie : Nyambe
Konjo, Congo-Ouganda : Nyamahanga
Fang, Gabon : Nzame
kiKongo, Congos-Angola : Nzambi
Baya, Centrafrique : Zambi
Sangama, Ethiopie : Zabi
Herero, Namibie : Njambi
Pare, Tanzanie : Kyumbi
Conclusion
Nous voyons donc que le concept de Dieu pour les Noirs est scientifique et parfaitement rationnel. Il repose sur les sciences exactes et la spéculation philosophique. Cette spiritualité née il y a des dizaines de milliers d’année en Terre sainte (les Grands Lacs et l’Afrique australe), et qui fut portée à son sommet en Egypte, est commune à tout le continent. Nous pensons sincèrement que la conception africaine de Dieu est la meilleure, car elle est basée sur une investigation scientifique recherchant strictement la vérité et ouverte à la remise en question.
Si nous rejetons cette religion aujourd’hui, c’est parce que nous ne la connaissons pas, parce que les colons européens et arabes l’ont calomniée et salie, à des fins d’exploitation de l’Afrique. On ne peut que se sentir incroyablement honoré d’avoir été fait Africain et d’avoir le sang de nos géniaux ancêtres qui coulent dans nos veines.
Mais en dehors du plan spirituel, on entrevoit d’autres bénéfices pour l’Afrique. La Religion Africaine pose les fondements d’une éducation complètement revue, d’un système de société repensé, d’un système économique repensé, d’une remise à niveau de la place de la femme, d’une refondation de nos Etats, d’une architecture repensée, de la fondation des conservatoires de musique, des écoles de philosophie etc…
On peut imaginer dans les écoles des ateliers sur l’étude physique d’Atoum, l’étude mathématique de la spirale, ou encore de la grande pyramide. Ou encore des réflexions sur Maât. Que de sujets excitants ! En remettant l’enfant africain dans la continuité du génie de ses ancêtres, le taux d’échec scolaire pourrait considérablement chuté, et on aurait autant de génies que nous en avions il y a 2500 ans encore. Cette science est le chemin vers la renaissance scientifique du monde noir, vers la renaissance de Kama (l’Afrique) tout court.
Nous remercions infiniment nos ancêtres de nous avoir laissés un tel patrimoine et devons essayer d’être dignes d’eux.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- La Religion Africaine, de la cosmologie quantique à la symbolique de Dieu, Mbog Bassong
- [1] La Religion Africaine, de la cosmologie quantique à la symbolique de Dieu, Mbog Bassong, page 51
- [2] Idem, page 96
- [3] La philosophie africaine de la période pharaonique, Théophile Obenga, pages 56 et 57
- [4] Idem, page 143
- [5] Idem, pages 29 et 43
- [6] Idem, page 38
- [7] Qu’est ce qu’être kamite? Nioussérê Kalala (Jean Philippe) Omotunde, page 100