Suite à la conférence de Berlin, l’Allemagne établit un protectorat sur Tanganyika – partie continentale de la Tanzanie – après avoir vaincu les résistances acharnées des peuples Makondé et Mbunga. Kilwa, ville phare de la jadis richissime Afrique de l’Est à l’époque impériale, se voyait encore bombardée, après les attaques destructrices des portugais pendant la traite négrière et l’enfer de la traite arabe.
Comme en Namibie, la colonisation allemande de Tanganyika se manifeste alors par une très grande violence. Le Reich tue les rois qui résistent et Carl Peters, le gouverneur colonial, hérite du nom swahili de Mikono wa Damu (l’homme aux mains de sang). L’Allemagne impose des taxes élevées aux Noirs et les met en esclavage pour la construction de routes et dans les champs de coton, les enchaînant souvent par le cou.
Le mécontentement se généralise et en 1905, Kinjikitile Ngwale, un prêtre vitaliste (animiste), disparaît de chez lui. A son retour, il dit avoir communiqué avec Bokera, une forme de Dieu, et avec les ancêtres. Ces derniers lui auraient demandé de mener la rébellion.
Kinjikitile Ngwale demande aux peuples de Tanganyika de s’unir contre les colons et déclare avoir trouvé une eau sacrée (Maji Maji en langue locale), protégeant des balles. Armés de lances et aspergés par Maji Maji, les peuples unis de Tanganyika détruisent les champs de coton et attaquent les Allemands.
L’insurrection gagne le pays et en Août 1905 des milliers de combattants donnent l’assaut sur les camps allemands sans pouvoir les vaincre. En Octobre, le Reich répond en massacrant le peuple Nguni qui a rejoint la rébellion, tuant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants. Kinjikitile Ngwale est arrêté et pendu, son frère prend la tête de la rébellion. 75 000 guerriers Africains trouvent la mort dans les combats.
Pour affaiblir définitivement les locaux, l’Allemagne pratique la politique de la terre brûlée qui conduira à la famine et la mort de 250 000 personnes. Les Maji-Maji sont finalement défaits après deux années de rébellion héroïque. La colonisation continue.
La révolte maji-maji a en tout causé 325 000 morts et reste un des pires crimes de la colonisation en Afrique.
Hotep!
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- Black Past
- Afrique noire, sol, démographie et histoire, Louise Marie Diop-Maes, page 249.