Dans notre recherche de la manifestation de la vérité, nous avons examiné déjà le rôle du christianisme dans la traite négrière européenne. Il convient donc de savoir également quels ont été les supports moraux du deuxième holocauste africain.
L’Islam permet-il l’esclavage ?
Oui l’Islam permet la mise en esclavage d’êtres humains. Si le prophète de l’Islam Mohamed condamnait cette pratique et encourageait l’affranchissement des esclaves, d’autres passages du Coran réglementent et donc cautionnent l’esclavage. Voici quelques extraits :
Sourate 33, Verset 52 « Il ne t’est plus permis désormais de prendre (d’autres) femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît, à l’exception des esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose ».
Sourate 16, Verset 71 « Ceux qui ont été favorisés ne sont nullement disposés à donner leur portion à ceux qu’ils possèdent (esclaves) de plein droit au point qu’ils y deviennent égaux. Nieront-ils les bienfaits d’Allah ? ».
Sourate 4, Verset 24 « Vous sont encore interdites : les femmes mariées, à moins qu’elles ne soient vos captives de guerre (…) Allah est celui qui sait, il est juste. »
Sourate 23, Verset 1 « Bienheureux sont les musulmans (…) qui préservent leur sexes de (tout rapport)… si ce n’est qu’avec leurs épouses et les esclaves qu’ils possèdent ».
Sourate 33, Verset 50 « Ô Prophète ! Nous t’avons rendu licites tes épouses à qui tu as donné leur dot, celles que tu as possédé légalement parmi les captives qu’Allah t’a destinées… »
Sourate 24, Verset 33 « Ne forcez pas vos femmes esclaves à se prostituer pour vous procurez les bienfaits de la vie de ce monde, alors qu’elles voudraient rester honnêtes. Mais si quelqu’un les y contraignait (…) Allah est celui qui pardonne, il est miséricordieux »
L’esclavage dans le monde musulman ciblait-t-il particulièrement les Noirs?
Non, l’esclavage du monde musulman ne ciblait pas spécifiquement les Noirs. Si la malédiction de Cham (le Noir) était connue par les théologiens musulmans, elle n’a pas été utilisée à l’instar du christianisme pour désigner les Noirs à la mise en servitude. Si l’Islam ne fait globalement pas de distinction entre les races, il en fait clairement entre ses adeptes (croyants) et ceux qui ne le sont pas (incroyants). Dans la philosophie islamique, les humains sont divisés en ces deux catégories. Les incroyants sont voués à devenir croyants tôt ou tard par la guerre dite sainte (jihad) ou par la persuasion.
Les non-musulmans, en particulier les vitalistes (animistes) sont ainsi vus comme des sous-hommes et affublés d’insultes, à savoir idolâtre, païen, kafir, mécréant, infidèle, impie. Et il est donc parfaitement normal de les réduire en esclavage. Si la le racisme anti-noir sera théorisé par des élites arabes, c’est principalement autour de cette distinction coranique croyant-incroyant que va se baser la traite négrière.
L’Islam et les collaborations africaines
Il faut d’abord préciser au préalable qu’il ne s’agit pas ici de dire que les Noirs collaborateurs sont les premiers responsables de la traite. Tout comme il y avait 150 000 juifs dans l’armée d’Hitler, que des Blancs européens ont razzié des millions de Blancs pour les livrer aux Arabes, que des Arabes et Berbères (Harkis) ont combattu d’autres Arabes et Berbères pour la France dans la guerre d’Algérie, le rôle des Noirs dans la traite ne doit pas faire oublier que le premier responsable est le commanditaire, donc les Arabes, les Turcs et les Iraniens.
L’Islam est entré en Afrique par la violence dès 639. Après une âpre guerre contre les premiers Berbères qui étaient noirs, les Arabes ont fini par islamiser de force les Noirs autochtones du Maghreb. Il faut savoir que tout bon musulman a le devoir de répandre l’islam. Ce sont donc les anciens Berbères qui, par le Jihad, sont entrés en Afrique de l’ouest au 11e siècle sous le commandement du roi noir Almoravide Abu Bakar afin de détruire la perle du continent à cette époque, l’empire vitaliste du Ghana.
Ce sont donc ces Noirs d’Afrique du nord qui ont, à travers le chaos qu’ils ont créé – ouvert aux Arabes l’Afrique de l’ouest à l’esclavage. Par la guerre et la persuasion, des chefs kamites de la région vont s’islamiser et faire à leur tour le Jihad aux Kamites vitalistes. Même Ahmed Baba, probablement le plus grand savant noir (malien) de l’époque impériale, bien que rejetant la malédiction de Cham, va entériner la division croyant-incroyant et cautionner la mise en esclavage des Vitalistes [1].
Chaque guerre sainte permettait de collecter des captifs « infidèles » qui étaient livrés aux négriers arabes. Samory Touré, véritable héros de la lutte contre l’invasion coloniale française mais anti-vitaliste radical, fit ainsi un jihad en Afrique de l’ouest, livrant d’autres Africains aux Arabes.
Tippu Tip, Noir de Tanzanie et descendant d’Arabes, saigna littéralement l’Afrique de l’Est pendant 20 ans, semant – avec les arabes – la terreur absolue jusqu’aux rives du fleuve Congo. Il est le collaborateur le plus connu à la traite arabe. Son attitude est en tout point semblable à celle des fameux princes métis de Sao Tomé, fils de délinquants portugais et d’esclaves africaines, élevés dans la haine des Noirs, et qui avec les Européens razzièrent l’Afrique centrale.
Voici une description des préparatifs au jihad d’un sultanat Haoussa (Niger-Nigéria), rapportés par des émissaires français. Un sujet prononça ces mots sur une place du royaume « Voici la volonté du serki : au nom du sultan Bellou le victorieux, que la bénédiction de Dieu soit sur lui, vous tous, gens du Moutanin, êtes appelés à vous trouver ici demain au jour levant, en armes et montés, avec des provisions suffisantes pour aller, les uns dans le Zenfa, les autres dans le Zender, à la chasse des Koholanes idolâtres, ennemis du glorieux sultan notre maître. – Que Dieu les maudisse » [2].
Mais il faut aussi dire qu’être musulman ne garantissait pas l’immunité, car les Arabes – toujours avides de captifs – faisaient même le jihad pour punir la mécréance passée ou punir ceux qui ne pratiquaient pas l’islam de manière rigoriste. Il y a ainsi eu, il y a des siècles, de véritables groupes jihadistes terroristes qui rodaient en Afrique.
Beaucoup de peuples d’Afrique de l’ouest avaient de toute évidence embrassé l’islam – seulement en apparence – pour des raisons de sécurité ou politiques. Ceci sans jamais renoncer au vitalisme. Ce fut le cas des premiers empereurs du Mali, de Soundjata à Abubakari II. Soundjata Keita qui fut vitaliste punissait même de mort la collaboration avec les négriers. Kanku Moussa fut le premier empereur véritablement musulman, et comme ses prédécesseurs, il ne trempa pas dans la traite.
Se croyant à l’abri après s’être islamisé et s’être inventé une origine dans la tribu de Mohamed, un roi du Bornou (autour du Lac Tchad) – s’adressant au sultan d’Egypte au 14e siècle – se plaignit de ce que ses citoyens pourtant musulmans aient été razziés par les Arabes et dit « Les tribus arabes ont dévasté tout notre pays, tout le pays Bornou (…) ils ont fait prisonniers des gens libres parmi les nôtres, ceux de notre souche parmi les musulmans (…) ils ont pris nos gens comme des marchandises » [3].
Y a-t-il eu des collaborations non-musulmanes à la traite ?
Dans son livre le génocide voilé, Tidiane N’diaye ne cite que les rois vitalistes du Dahomey (Bénin actuel) comme collaborateurs non-musulmans. Mais pourtant ces rois ont à l’époque, en jurant au nom de leurs ancêtres, formellement démenti toute implication dans la vente de captifs, en qualifiant de « calomnies » ce qui était dit et écrit d’eux. Le Vitalisme a en réalité été une arme psychologique de résistance, comme en Afrique du sud où Chaka kaSenzangakhona Zulu s’est opposé aux Arabes. Nous ne connaissons donc pas de Noirs vitalistes qui aient collaboré. Enfin il convient de saluer tous les Noirs musulmans qui ont refusé de collaborer, à l’instar du leader religieux sénégalais Cheikh Amadou Bamba.
Le comportement actuel des Noirs musulmans face à la traite arabo-musulmane
Les Noirs musulmans aujourd’hui sont, généralement, dans le déni de l’horreur vécue par leurs ancêtres. Leur solidarité religieuse avec les Arabes leur commande de protéger ces derniers. C’est une histoire dont ils ne veulent pas parler, alors qu’ils sont très loquaces sur la traite négrière européenne.
Toute mention de la traite arabe est ressentie par eux comme une attaque spirituelle. Ils se pensent d’abord en tant que musulmans avant d’être Noirs. Et certains répondent avec une incroyable agressivité envers ceux qui mentionnent cette page d’histoire qui explique en partie le déclin de l’Afrique. Les plus extrémistes pensent que ce n’était là que des mécréants qui ont eu ce qu’ils méritaient.
Cette attitude de beaucoup de Noirs musulmans, ce manque parfois absolu de compassion pour nos 11 millions [4] de parents déportés et qui ont atrocement souffert de la castration, du viol, du travail forcé, des insultes, de l’éloignement, est innommable. C’est là aussi, on peut le dire, une forme de collaboration.
Conclusion
L’Islam a donc eu un rôle très actif par ses fondements et par son utilisation dans la traite négrière arabe. La dénomination « traite arabo-musulmane », qui fait tant débat, peut être indiquée. Mais la plus grande impression qui ressort de cette étude est que les Noirs sont spirituellement très fragiles. La collaboration des Européens avec les Arabes pendant la traite des Blancs avaient d’abord pour but l’enrichissement. Les chrétiens et les juifs ont donc fortement collaboré à cette traite pour de l’argent. Les Africains pour beaucoup, l’ont fait, pensaient-ils, d’abord pour Dieu !!
La meilleure leçon de tout ceci est qu’il faudra mettre Kama (l’Afrique) à l’abri de toute aliénation spirituelle dans le futur. La réforme et la promotion pacifique du Vitalisme, la défense, sont donc des chantiers primordiaux pour le monde noir.
Hotep !
PS : La malédiction de Cham avait en fait été utilisée par les Arabes, pour infliger aux Noirs les pires maltraitances parmi les personnes mises en esclavage. Nous l’avons expliqué dans notre article general sur le racisme.
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
Notes :
- Le génocide voilé, Tidiane N’diaye
- [1] Le génocide voilé, Tidiane N’diaye, pages 121-122
- [2] Idem, pages 107-108
- [3] La traite négrière européenne, vérités et mensonges, Jean Philippe Omotunde, pages 155-156
- [4] Le partenariat Afrique-Europe dans la mondialisation, Emmanuel Nkunzumwami, page 28.