Il y a des siècles, l’Afrique du nord était aussi noire que le reste de l’Afrique. Nous vous disons dans cet article comment elle est devenue blanche arabe et berbère.
« L’Afrique du nord est blanche ». Nous ne savons combien de fois nous avons entendu cette phrase de la part de nord-africains déterminés à nier, malgré la montagne de preuve, tout apport noir aux civilisations d’Egypte et du Maghreb. Déjà l’Afrique du nord aujourd’hui n’est pas entièrement blanche. On pense en particulier à la Libye et au sud de l’Algérie, de la Tunisie, du Maroc, où subsiste un fort élément africain originel. Mais encore comme on le verra, la blancheur de l’Afrique du nord est un élément relativement récent. Nous allons essayer de donner des éléments quant au peuplement de la Libye et du Maghreb en particulier.
Au préalable, il faut dire que l’élément naturel de toute l’Afrique est noir. Tous les Blancs du monde sortent de l’Europe. C’est sous les températures polaires européennes que le Noir, premier des humain, est devenu blanc par adaptation au climat glacial, cela a été précisément expliqué ici. Et c’est de son berceau européen que le Blanc va se répandre dans le monde entier. Par conséquent tout Blanc qui vit en Afrique a des origines, proches ou lointaines, hors d’Afrique. L’Élément naturel de l’Afrique est noir. Nous allons donc voir quand et comment est-ce que l’élément blanc est entré en Afrique et est devenu dominant en Afrique du nord.
Le blanchiment de l’Egypte
Il n’est plus important de revenir sur le caractère négro-africain de la civilisation égyptienne. Cela a été suffisamment démontré. Lors de la chute définitive de l’Egypte et sa prise par les grecs, Aristote continuait à dire des égyptiens qu’ils étaient « excessivement noirs » [1]. Mais il y avait un élément blanc en Egypte, de toute évidence en petit nombre, au début même de l’histoire égyptienne. Cela est attesté par l’examen de la palette de Nare Mari (Narmer), premier pharaon de l’Egypte unifiée, lorsqu’il sacrifie apparemment des étrangers blancs en -3300.
L’élément blanc ne reviendra en Egypte de manière permanente que sous la forme d’un prisonnier de guerre ou d’un serviteur vers -1300, sous le règne de Mery-n-Ptah (Merenptah) [2]. L’Egypte succombera aux invasions blanches assyrienne, puis perse (iranienne), grecque, et romaine. Ces invasions pousseront les Noirs autochtones à fuir vers les autres régions d’Afrique. Ceux qui sont restés se métisseront – ce sont les Coptes. Enfin, la prise du pays par les Arabes en 639, puis les trois siècles de domination ottomane (turque), achèveront le blanchiment de l’Egypte.
Le blanchiment de la Libye et du Maghreb
1- Des Noirs et des Blancs en Libye
C’est au temps du pharaon Suti Mery-n-Ptah (Seti 1er), vers -1300, que des peuples blancs sont visuellement décrits en Libye, sous l’appellation de Tamehou. Depuis quand étaient-ils là ? Ont-ils un rapport avec les Blancs sacrifiés par Nare Mari ? On ne le sait pas. Qui plus est, sous Ramessou Hekayounou (Ramsès III), vers -1200, de nombreux peuples blancs envahisseurs ont été repoussés par l’Egypte vers la Libye, ce qui y a accentué l’apport blanc.
D’après Cheikh Anta Diop, avant les Tamehou, vivaient en Lybie les Tehenu, qui étaient un peuple noir encore appelés Lebou et qui sont probablement les ancêtres des actuels Lebou du Sénégal [2]. On peut donc affirmer que dans la deuxième moitié de l’antiquité, il y avait des Noirs et des Blancs en Libye. Nous ne disposons pas de description claire pour le Maghreb avant les témoignages des grecs et des romains.
2- Les Noirs carthaginois au Maghreb
Nous avons déjà montré ici le phénotype noir des carthaginois – peuple ayant régné sur le Maghreb entre -814 et -147 – ceci sur la base de l’analyse des squelettes effectuées par les anthropologues européens. L’anthropologue français Stéphane Gsell, directeur du Musée d’Alger conclut « …L’analyse anthropologique des squelettes trouvés à Carthage prouve qu’il n’y a pas d’unité raciale ou ethnique… le type sémitique (C’est-à-dire Blanc berbère ou Arabe) caractérisé par une face ovale, un nez fin aquilin n’a pas été retrouvé à Carthage. D’un autre côté le type avec un avant (mâchoire) poussée vers l’avant (…) est commun aux squelettes retrouvés au Liban et à Tyre (correspond aux Phéniciens qui étaient aussi négroïdes)… la majorité de la population carthaginoise était négroïde » [3].
Les phéniciens, ancêtres des carthaginois, étaient également noirs si on tient compte des mêmes analyses sur les squelettes de leur capitale Tyr au Liban, et de leur port de Syracuse en Italie. Ceci dit, il y a eu un contact étroit entre les phéniciens et les Blancs d’Asie d’où le fait que le phénicien ait été une langue sémitique. Mais ce contact encore une fois n’a pas modifié les constantes d’apparence du temps de Carthage, si on s’en tient aux analyses ostéologiques. Carthage fut une civilisation noire et africaine.
3- Le Maghreb était noir
Lorsque les romains prirent le Maghreb après leur guerre gagnée contre le carthaginois Hannibal, ils trouvèrent tellement de Noirs en Tunisie, en Algérie et au Maroc qu’ils les appelèrent Maures et nommèrent l’endroit Maurétanie. Mauros/Maures en grec comme en latin signifie strictement Noir [4]. Maurétanie signifie donc pays des Noirs [4]. Maroc même dériverait de la racine Maure. En réalité si ce mot a finit par signifier Blanc aujourd’hui, c’est parce que c’est un mot désignant les habitants d’une région qui a été conservé malgré le fait que ces habitants aient changé d’aspect.
Ce témoignage catégorique des européens permet de penser que les Noirs étaient là de tout temps au Maghreb. La Libye quant à elle, en raison du brigandage auquel se livrait sa population nomade, était dénommée Barbari par les romains.
Toujours en Libye, les grecs et les romains vont décrire la présence de peuples aux visages scarifiés et peints, qui portent des tresses et pratiquent le totémisme, avec une organisation de toute évidence matriarcale [5]. C’est là une description culturelle formelle d’un peuple noir. Les mêmes documents d’époque vont décrire la présence d’une petite nation « éthiopienne » vivant de Tripoli à Tunis [6]. Éthiopien dérive du grec « Aethiopus » qui signifie visages brulés donc Noir ; ce mot était à l’origine appliqué aux Noirs du Soudan [7]. Ce qui prouve encore qu’il y avait des Noirs en Libye.
4- « Plus noires que le plus noir des encres »
Lorsque les Arabes entrèrent en Barbari et en Maurétanie, ils transformèrent le mot Barbari en Berbère pour désigner tous les peuples du Maghreb et de la Lybie sans distinction de couleur [8]. Le mot Berbère désignait donc au départ des peuples globalement noirs. Ces peuples autochtones constituèrent l’écrasante majorité des troupes qui entrèrent en Espagne en 711 pour débuter les 781 ans d’occupation musulmane de la péninsule ibérique. Les témoignages des Européens de l’Epoque sont formels.
Le roi d’Espagne Alfonso X dit « le sage » raconte cette invasion « tous les soldats maures étaient habillés de soie et de laine noire acquise par la force… leurs faces noires étaient comme du poix et le plus beau d’entre eux était (noir) comme une casserole« [9].
Voici un extrait de la chanson de Roland, récit épique français de la bataille entre les Francs et les Africains au nord de l’Espagne au 8e siècle, qui nous renseigne sur l’apparence des envahisseurs « En tête s’avance le Sarrasin Abysme ; Il n’en est plus criminel dans cette compagnie que lui. Taché par les marques de ses crimes et grandes trahisons. Point (il) ne croit en Dieu, fils de sainte Marie. Et il est noir, aussi noir que poix fondu… Ethiopie (c’est-à-dire visages brûlés/Afrique en grec), une terre maudite en effet. Les Noirs qui en viennent sont sous son commandement; De ces gens qui ont le nez large et les larges oreilles. Et il y en a là plus de 50 000 en compagnie…. Quand Roland aperçoit la race incroyable, ces hordes et hordes plus noires que le plus noir des encres. De blanc il n’y a que les dents » [10].
Ce sont donc les Européens qui nous ont donné les meilleures descriptions des peuples premiers du Maghreb. On estime à 3,5 millions le nombre de Noirs en Espagne et au Portugal à la fin de l’occupation musulmane [11]. Leurs descendants actuels s’appellent Moreau, Maurice, Morin, Moreno, Moro, Moore, Murray, Maurois etc…
Alors on se demande si jusqu’au 8e siècle au moins, le Maghreb était noir, comment est-il devenu blanc ? La présence arabe explique en partie le phénomène mais ce sont les deux dernières étapes du peuplement qui semblent nous donner la clé de l’énigme.
5- L’esclavage des Blancs et la présence ottomane
L’encyclopédie de l’Ukraine de 2002 estime à 2 à 2,5 millions le nombre de déportés depuis l’Ukraine, la Biélorussie et la région de Moscou, ceci entre le 15e et le 18e siècle uniquement [11]. En sachant que la traite des Blancs par les musulmans a commencé au 8e siècle et a concerné une zone plus étendue, on est porté à croire que le bilan est beaucoup plus lourd que ces 2,5 millions. C’est une traite dont on parle très peu, de mise en esclavage des blancs d’Europe – germains et slaves en particulier (d’où esclave) – par les Arabes, les Noirs berbères et les Turcs.
Les hommes blancs étaient castrés par les Juifs à Verdun en France et déportés depuis Venise. Les Européens comme les Arabes ont une sorte d’accord tacite pour passer cette histoire sous silence et faire avaler à tous que seul le Noir a été esclave.
Tous ces blancs, en particulier des femmes, ont été mis en servitude dans tout le monde musulman, y compris au Maghreb, probablement en plus grand nombre que les Noirs. Ce sont donc ces Blancs qui se métisseront avec les Noirs berbères pour les Berbères clairs de peau de nos. La présence ottomane ici aussi intensifiera le blanchiment. Ceci tend à expliquer pourquoi il y a des éléments négro-africains, européens et sémitiques (arabes) dans les langues berbères.
Nous nous doutons que les Berbères n’accepteront jamais une telle conclusion.
En résumé les étapes du blanchiment de l’Egypte sont connues. Le Maghreb quant à lui, initialement noirs, se seraient blanchis avec les premiers Blancs de Libye, les Arabes, les Turcs, et surtout par la traite des Blancs.
Hotep !
Par : Lisapo ya Kama © (Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article est interdite sans l’autorisation de Lisapo ya Kama)
PS : D’après la BBC à travers leur article internet British Slaves on the Barbary Coast, 1 250 000 Blancs d’Europe ont été mis en esclavage entre 1530 et 1780 en Lybie et au Maghreb
Notes :
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- [1] Antériorité des civilisations nègres, Cheikh Anta Diop, page 36.
- [2] Intervention de l’historien David Imhotep
- [3] The Golden Age of the Moor, édité par Ivan Van Sertima, page 26
- [4] The Golden Age of the Moor, édité par Ivan van Sertima, page 151
- [5] Idem, pages 109, 111, 113
- [6] Idem, page 118
- [7] le grand dictionnaire et critique, Antoine-Augustin Bruzen de la Martinière, page 357
- [8] African Presence in early Europe, édité par Ivan Van Sertima, page 149
- [9] The Golden Age of the Moor, édité par Ivan van Sertima, page 184
- [10] Idem, page 43
- [11] Idem, page 66
- [12] Polemia.com